Maroc

Rabat: à l’Agdal, un bar nous fait vivre l’enfer (témoignage)

TÉMOIGNAGE – A l’Agdal, un bar nous fait vivre l’enfer. J’ai été agressée physiquement et verbalement par un petit homme. Il s’agit du gérant du bar qui se trouve dans mon quartier.

Un bar que personne n’a réussi à faire taire malgré plusieurs plaintes déposées par les riverains auprès de la Wilaya de Rabat. En rentrant chez moi à 22h30, après une longue journée à Casablanca, j’entendais comme d’habitude la musique qui provenait du bar. J’ai essayé de me concentrer tant bien que mal sur mon compte rendu de la journée pour éviter d’oublier certains points. La musique s’acharnait à aiguiser mes nerfs déjà bien fatigués.

Aux alentours de minuit, les nerfs bien à vif, je me suis levée malgré mon épuisement et me suis dirigée vers le bar. La musique inondait le quartier. On aurait dit une discothèque. Deux videurs à la porte du bar m’ont empêchée d’y rentrer. L’un des deux est allé chercher le petit homme. Je me suis plainte auprès de lui comme presque chaque nuit. Je me suis emportée, car son discours ne changeait pas. J’ai toujours droit au même calmant. Cette fois-ci était de trop. Pendant que je lui expliquais que nous ne dormons pas et que le matin pendant que lui faisait la grasse matinée nous allons travailler, là, il a touché mon visage avec sa main tout en me rappelant qu’il possédait une autorisation des autorités et que je n’avais qu’à faire tout ce que je pouvais, que je ne pourrais rien contre ceux qu’il connaît. Son videur s’est mis entre nous pour me protéger et l’empêcher de me taper. Il continuait de gesticuler en essayant de m’atteindre pour m’asséner des coups en disant qu’il me tabasserait.

Arrive par hasard une estafette police. J’ai expliqué au policier que le petit homme était en train de me violenter. Entre temps, ce dernier a passé un coup de fil et a ensuite tendu le téléphone au policier en lui demandant de répondre à la personne qui attendait au bout du fil. Là, j’ai vu rouge et j’ai dit au policier « Voici le Maroc, voilà comment on peut écraser une personne quand on se sait protégé, et qu’on donne des ordres à l’autorité à travers un téléphone ».


Le policier était un Monsieur incorruptible et a refusé en disant « Pourquoi dois-je répondre? Je ne suis pas obligé de répondre ». Je suis rentrée chez moi pour récupérer les clés de ma voiture et suis allée au commissariat pour déposer plainte contre mon agresseur. Arrivée dans ce lieu, j’ai pensé avoir atterri dans un monde surréaliste. Des prostituées ramassées dans la rue. L’une d’entre elles était presque nue. Deux autres enceintes de 5 à 7 mois. Des visages balafrés. Des hommes paumés. Je voyais les policiers qui ne savaient pas où donner de la tête. J’ai eu tellement mal à l’estomac que j’ai cru que j’allais vomir. J’ai oublié pour quoi j’étais là en côtoyant la misère de la nuit. Le monde des ténèbres. Ces filles souriaient, plaisantaient, elles ne semblaient pas du tout soucieuses. Quand j’ai entendu tfedli a oustada, c’est comme si on m’avait soustraite à un monde d’horreur. Cette nuit-là, j’en ai fait partie. Le petit homme avait décidé de m’y envoyer. Nous étions des femmes violentées chacune à sa façon.

Une riveraine 

 

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