Monde

Inquiétude autour de l’état de santé d’Hillary Clinton

Hillary Clinton, malade d’une pneumonie, a annulé lundi un déplacement en Californie, relançant les interrogations sur sa santé à huit semaines de l’élection présidentielle américaine.

A bientôt 69 ans, la candidate démocrate est sous pression pour s’expliquer, notamment sur le fait que son équipe a attendu deux jours avant de révéler, à la suite d’un malaise, qu’elle avait une pneumonie.

Les conséquences de sa maladie sur la suite de la campagne électorale sont encore difficiles à évaluer. Cette affection respiratoire est causée par des bactéries, des virus et plus rarement par des champignons qui attaquent les poumons. Il peut être difficile de la combattre pour les plus de 65 ans.

Selon deux médias américains, CNN et Bloomberg, son rival républicain Donald Trump a décidé de ne pas commenter publiquement la santé chancelante de Hillary Clinton. Lui-même peu enclin à dévoiler des informations précises sur sa santé, il pourrait préférer exploiter un dérapage de la candidate lors d’un discours.

En fin de semaine, Hillary Clinton a qualifié les électeurs du républicain de « panier de pitoyables », « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ». Elle s’est ensuite excusée, mais sans faire taire la fureur des républicains.

Dimanche matin, elle avait quitté précipitamment une cérémonie d’hommage aux victimes du 11-Septembre à New York pour cause de déshydratation et de coup de chaud, selon son médecin.

Un témoin l’a filmée, de dos, perdant l’équilibre et incapable de monter à bord de son véhicule sans l’aide de deux gardes du corps, une vidéo catastrophique pour son image. Quelques heures après, elle est apparue tout sourire, mais avec des lunettes noires, debout et assurant qu’elle se sentait bien.

Après plusieurs heures de silence, son équipe a publié un communiqué du médecin personnel d’Hillary Clinton, Lisa Bardack, déclarant qu’elle était réhydratée, mais que la candidate était traitée par antibiotiques pour une pneumonie. La date de ce diagnostic: vendredi, soit deux jours auparavant.

Donald Trump, 70 ans, accuse sa rivale de manquer d’énergie et d’avoir besoin de constamment se reposer. Certains républicains insinuent qu’elle est malade. Des rumeurs lancées par les quintes de toux fréquentes de la candidate, mises sur le compte d’allergies.

Jusqu’à présent, Hillary Clinton s’est néanmoins révélée plus transparente que son adversaire en matière de santé.

Elle a publié en juillet 2015 une lettre de deux pages de son docteur. Y sont décrits ses médicaments, dont des anticoagulants et des antihistaminiques contre les allergies saisonnières. Elle souffre aussi d’hypothyroïdie.

L’ancienne chef de la diplomatie a été victime de thromboses en 1998 et 2009 ainsi que d’une commotion cérébrale suivie d’un caillot à la tête en 2012, après une chute causée par une déshydratation. Elle a vu double pendant deux mois, selon son médecin, et Bill Clinton a dit à l’époque qu’il lui fallut six mois pour s’en remettre.

Côté Trump, le médecin Harold Bornstein a publié en décembre 2015 une courte lettre écrite de son propre aveu dans la précipitation, et à la formulation vague et emphatique sur « l’excellente » santé de M. Trump.

Mais le 5 septembre, interrogé sur la publication de son dossier médical complet, Donald Trump a dit: « Maintenant que vous me le demandez, je vais le faire ».

Les défenseurs d’Hillary Clinton soulignent que le jour de son diagnostic elle a participé à deux réceptions de levée de fonds, une réunion sur la sécurité nationale et une conférence de presse, et qu’elle a accordé une interview. Samedi, elle a participé à une réception de levée de fonds.

Preuve, selon eux, que la sexagénaire est une force de la nature.

« Continuer malgré la maladie, c’est ce que font les femmes, stoïquement, tous les jours », a défendu sur Twitter Jennifer Grandholm, ancienne gouverneure du Michigan et soutien de Hillary Clinton.

Certains rappelaient que le président George H. W. Bush s’était effondré en vomissant sur le Premier ministre japonais en 1992, terrassé par une gastroentérite, et qu’en 2002, son fils George W. Bush avait brièvement perdu connaissance après s’être étranglé avec un pretzel.

Mais au-delà des précédents, le retard de communication sur la pneumonie illustre surtout un besoin d’information sur le sujet. « Les Américains ont besoin de beaucoup plus d’informations médicales de ces deux candidats », écrivait vendredi dans le Washington Post David Scheiner, médecin signataire du bulletin de santé de Barack Obama en 2008. « A ces âges-là, il peut commencer à leur arriver des choses ».

(avec AFP)


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