Maroc

Tourisme : Fatima-Zahra Ammor dresse l’état des lieux pour l’été 2022

La ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a accordé une interview à la MAP, dans laquelle elle livre ses premières impressions sur la saison estivale qui touche presque à sa fin, dresse l’état d’avancement des différentes stratégies établies par le ministère et se confie sur les perspectives du secteur touristique qui retrouve, petit à petit, ses couleurs d’avant crise.

  1. Quel bilan faites-vous, jusqu’à présent, de la saison estivale en cours ? Qu’en est-il du tourisme interne ?

La saison estivale a été marquée par un retour aux performances connues du secteur du tourisme. Alors que toutes les projections, dans le monde, prévoyaient le retour aux niveaux pré-crise qu’à l’horizon 2023, nous sommes heureux de voir que les taux de récupération pour la saison estivale dépassent les 80% pour les principaux indicateurs du secteur. Pour certains, nous avons même avoisiné les 100% de récupération, notamment en termes d’arrivée des touristes aux postes frontières. Comme nous l’avions annoncé, 3,2 millions de touristes ont parié sur la destination Maroc. Parmi eux, 2 millions sont des Marocains résidant à l’étranger (MRE), soit environ 60% du total, part qui est en ligne avec l’été 2019. En termes de recettes, nous récupérons plus de 80% avec 27,3 milliards de dirhams (MMDH) pour ce premier semestre.

2 – Où en est-on de la stratégie des 3 R du ministère « Résister, Relancer et Réinventer » ?

Les chantiers prioritaires dès octobre 2021 ont été d’aider les professionnels à résister à la crise et de travailler sur le redémarrage de l’activité du secteur. Nous avons ainsi lancé un plan d’urgence doté d’une enveloppe de 2 MMDH. La moitié de cette enveloppe a permis de soutenir financièrement les professionnels jusqu’à la reprise de l’activité et à maintenir les emplois. Pour rappel, les mesures prises ont été notamment (i) le prolongement du versement de l’indemnité forfaitaire de 2.000 dirhams pour l’ensemble des employés du secteur du tourisme et le report des charges dues à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pendant 6 mois pour ces mêmes employés ; (ii) l’établissement d’un moratoire relatif aux échéances bancaires et (iii) la prise en charge de la taxe professionnelle pendant 2 ans.

La 2e moitié de l’enveloppe, soit 1 MMDH, a été dédiée à la mise à niveau des établissements d’hébergement touristiques afin de leur permettre de rouvrir dans de bonnes conditions. 737 établissements ont bénéficié d’une subvention selon une péréquation nationale ayant satisfait les besoins de l’ensemble des demandes éligibles. Ces établissements ont déjà reçu 50% de leur subvention et ont entamé l’amélioration de leur produit et service. S’agissant de la réinvention du secteur, elle s’inscrit dans nos orientations stratégiques prioritaires. La crise du Covid-19 a démontré que la transformation du tourisme était nécessaire pour une meilleure résilience d’une part, mais surtout pour mieux répondre aux nouvelles tendances ayant émergé tout en l’inscrivant dans les enjeux de la durabilité.

3. Les crises mondiales deviennent aujourd’hui une composante des prévisions et, l’agent “pandémie” un facteur structurel dans les plans touristiques. Quelle est la stratégie du ministère dans ce sens ?

Face aux crises mondiales et à l’incertitude générée par celles-ci, notre destination à l’instar des destinations mondiales se doit d’être résiliente. Notre tourisme interne a, dans ce contexte, fait preuve de beaucoup de résilience pendant la pandémie. Et ceci a été l’un des principaux apprentissages de la pandémie : l’importance de développer un tourisme interne résilient et inclusif.

Notre stratégie pour le tourisme interne porte sur la diversification des produits tout en se concentrant sur ceux accessibles permettant à tous les Marocains, quel que soit leur pouvoir d’achat, de profiter de ce qu’offre notre pays. Cette résilience concerne aussi les touristes internationaux pour lesquels nous adapterons l’offre touristique globale selon les différents segments de touristes et leurs nouvelles attentes. Cet alignement entre l’offre et la demande interne et externe représente aujourd’hui le cœur de notre stratégie pour le secteur.

4 – En tant que ministre, vous êtes souvent identifiée au département du Tourisme. Quid de l’Économie sociale et solidaire et de son concours à l’amélioration de la condition des artisans/coopérants ?

Les trois départements de notre ministère bénéficient de la même attention et des mêmes efforts. L’Artisanat et l’Économie Sociale et Solidaire sont deux secteurs très importants et qui ont chacun fait l’objet de plusieurs chantiers stratégiques. Pour l’artisanat, nous avons lancé le Registre National de l’Artisanat pour identifier les artisans et s’inscrire rapidement dans la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste.

Ce chantier prioritaire a connu la mobilisation de tous pour l’identification des artisans et leur immatriculation au niveau de la CNSS. À date, plus de 622.000 artisans ont pu être identifiés, dont près de 360.000 pré-immatriculés au niveau de la CNSS. Nous accompagnons également les artisans pour la commercialisation de leur produit dans les grandes surfaces mais aussi en ligne avec des partenaires de e-commerce.

Dans ce cadre, nous avons signé des conventions avec l’ensemble des Chambres d’artisanat pour booster la promotion et la commercialisation des produits dans toutes les régions. Aussi, l’un de nos objectifs stratégiques pour le secteur repose sur l’augmentation des exportations. C’est pourquoi l’artisanat marocain est très présent actuellement à l’international dans le cadre de foires et d’expositions. D’ailleurs, les exportations à fin mai ont connu une croissance de 30% par rapport à 2021, ce qui témoigne d’une reprise de l’activité pour le secteur. Quant à l’Économie Sociale et Solidaire, elle compte aujourd’hui 47.000 coopératives regroupant 700.000 coopérants.

La priorité a été donnée à l’accompagnement et la formation des coopérants pour les aider à faire face aux différents défis rencontrés notamment en matière de financement et de commercialisation. Pour l’heure, plus de 600 sessions ont été organisées au profit de 16.000 coopérants. Par ailleurs, deux projets d’envergure sont en cours, à savoir la préparation de la stratégie du secteur pour l’inscrire dans le Nouveau modèle de développement (NMD) et la refonte de son cadre législatif et réglementaire pour renforcer sa contribution à l’économie nationale.

5 – Quelles perspectives pour le secteur du tourisme ?

Nos perspectives pour le tourisme sont très prometteuses. Cette période estivale nous l’a démontré. La notoriété de la destination Maroc n’est plus à prouver et son attractivité augmente grâce à toutes les mesures incitatives prises par notre pays, dont le lancement du visa électronique et tous les efforts de promotion, référencement et amélioration de l’expérience du voyageur. Nous savons aujourd’hui ce qu’attendent les touristes locaux et internationaux grâce aux leçons tirées de la crise.

Notre pays dispose de toutes les potentialités touristiques pour se hisser au rang des premières destinations mondiales. Le tourisme au Maroc, au même titre que partout dans le monde, devra être plus durable pour répondre aux enjeux actuels et futurs, suivre les nouvelles demandes et tendances des voyageurs et être plus résilient pour pouvoir faire face à toute éventuelle crise qui viendrait l’éprouver.


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