Economie

Assurances: au Maroc, le secteur a évolué, mais il reste du travail à faire

Freiné par la crise du coronavirus, le secteur des assurances a finalement atteint le palier de 50 MMDH de chiffres d’affaires en 2021, rapportent Les Inspirations ECO. En dix ans, les primes émises auront doublé de taille. Le contretemps lié à la crise sanitaire a été vite rattrapé notamment dans la branche vie. Celle-ci devrait bénéficier de cette conjoncture qui a renforcé la prise de conscience sur l’épargne notamment pour faire face aux coups de la vie.

La collecte brute a totalisé 19,7 MMDH dont 18 MMDH sur les supports dirhams. Les contrats en unités de compte ont capté 1,7 MMDH en hausse de 20% sur un an. L’année dernière, malgré la baisse de la bourse, les versements sur ces contrats avaient augmenté de 16% contre une baisse de 1% pour les placements sur les fonds dirhams.

Au total, les primes émises en assurance vie se sont chiffrées à 23 milliards de DH contre moins de 8 MMDH il y a dix ans. Ce segment contribue, pour près de 60%, à la hausse du chiffre d’affaires sectoriel sur la dernière décennie.

Avant la crise sanitaire, les difficultés des régimes de retraite et les atermoiements autour de la réforme ont mis en évidence la nécessité de mieux préparer les vieux jours. Cette prise de conscience a été un des moteurs du dynamisme de l’assurance-vie. Ensuite, le renforcement des synergies banque/assurance a permis de mieux vulgariser les produits d’assurance dans les réseaux bancaires. Ces produits ont été pendant longtemps cannibalisés par les produits de placement bancaires classiques.

Par ailleurs, l’amélioration du taux de pénétration de l’assurance-vie tient aux qualités intrinsèques du produit. Sa fiscalité attractive et des rendements, certes en érosion, mais qui restent supérieurs à d’autres produits de la même catégorie, constituent des atouts.

Sachant que l’assurance-vie constitue un bon moyen d’organiser sa succession. En outre, elle offre une protection contre les ATD, l’assurance-vie étant insaisissable. Le décollage de l’assurance vie s’est opéré dans un contexte de baisse graduelle des taux obligataires ne permettant plus d’assurer les rendements historiques aux épargnants. Par ailleurs, les contrats classiques s’avèrent coûteux en fonds propres.

Comparé aux contrats en unités de compte, le besoin est quatre fois plus élevé. Le secteur s’est engagé dans une transformation au profit notamment des supports en unités de compte. L’idée est d’offrir plus d’alternatives aux assurés, mais aussi d’alléger la pression sur les revenus.

En non-vie, la rentabilité sous pression

De 16 MMDH en 2011, les primes émises en assurance non-vie ont atteint 27 milliards de DH en 2021. Incontournable, l’automobile concentre près de la moitié du chiffre d’affaires avec 13 MMDH de primes émises l’année dernière (7,5 MMDH en 2011). C’est aussi la branche qui donne le plus la migraine aux assureurs. La rentabilité du segment s’est fortement dégradée au cours des dernières années au point de pousser le régulateur à instaurer une provision pour risque tarifaire pour discipliner le marché.

Plusieurs facteurs ont favorisé la dégradation du ratio combiné, notamment la concurrence tarifaire sur les garanties annexes. De nombreux sinistres qui n’étaient pas couverts par le passé rentrent ainsi dans le périmètre d’indemnisation. Les assureurs paient aussi au prix fort l’incivisme au volant.

Par ailleurs, l’augmentation de la fraude pèse à tel point que les opérateurs se sont accordés sur un certain nombre de mesures pour l’endiguer. Certaines compagnies commencent à tirer les fruits des mesures collectives et individuelles pour freiner la sinistralité. Mais, il reste beaucoup à faire.

Trois opérateurs pèsent 46% du marché

Le marché de l’assurance est relativement concentré, les trois premiers opérateurs détenant une part de marché de plus de 46%. En dix ans, celle-ci a quand même baissé de 8 points. Wafa Assurance et RMA restent indétrônables aux deux premières places. En 2021, Mutuelle Taamine Chaabi complète le podium avec une part de marché de 12,7%.

Mais cela n’a pas toujours été le cas. Saham Assurance et Axa Assurance Maroc étant sur le podium par le passé. Ces deux acteurs sont au coude à coude avec une part de marché respective de 11,3% et 11,2%. Par segment, Taamine Mutuelle Chaabi est la première compagnie sur le marché vie avec un poids de 27,5%, devant Wafa Assurance 21,8% et RMA 17,4%. En non-vie, le podium est composé de Saham Assurance avec 17,5%, Wafa Assurance et Atlanta Sanad à égalité avec 15,2%.

Frank Fagnon / (avec Les Inspirations ÉCO)


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