Maroc

Vive émotion au Maroc après le drame du poissonnier d’Al Hoceima

Les versions ont été nombreuses et contradictoires concernant ce qui s’est réellement passé dans la soirée du vendredi.
Rien ne présageait que cette soirée allait basculer vers l’horreur. Ce que l’on sait, c’est qu’une brigade de police a intercepté une voiture utilitaire de marchandises qui transportait une quantité de poisson. Les consignes reçues allaient dans le sens de la saisie de ce poisson (Espadon), dont la pêche est interdite actuellement.
Mouhcine F.B, le marchand de poisson, a tenté de négocier avec la police. Mais cela a mal tourné. Un camion-ordure a été réquisitionné pour régler ce problème. Mouhcine, qui commençait à bénéficier du soutien de beaucoup de citoyens, ne pouvait concevoir que les autorités décident de son sort de cette façon. Il voulait les empêcher de jeter sa marchandise dans la benne à ordure, mais les poissons y étaient déjà.
C’est à ce moment précis que les versions concernant les faits sont différentes et contradictoires. Selon des sources locales, dans un moment de colère, l’homme a escaladé les marches du camion et s’est faufilé à l’intérieur de la benne, dans une tentative de sauver les espadons. Mouhcine s’est retrouvé broyé « à cause du mécanisme de compactage du camion ».
A l’heure où nous écrivons ces lignes, alors que le procureur général du roi près la cour d’appel de la ville a ordonné l’ouverture d’une enquête, nous ne disposons pas de plus de détails concernant la mort de Mouhcine. La population d’Al Hoceima s’est sentie humiliée et de nombreuses manifestations pacifiques ont eu lieu dans toute la région. La DGSN a pour sa part publié un communiqué dans lequel elle apporte des éclaircissements par rapport à l’implication directe ou indirecte des éléments de la police dans cette affaire.
« Les allégations concernant une éventuelle implication de la police, telle que rapportée par les réseaux sociaux, sont dénuées de tout fondement », précise la DGSN. Il est vrai que les réseaux sociaux, s’étaient enflammés samedi dernier, en donnant plusieurs explications concernant la mort de Mouhcine. D’anciennes vidéos sans aucun rapport avec cet événement ont même été publiées sur Facebook.
Mais ce qui est sûr, c’est que cette mort tragique qui a ébranlé toute la région du Rif et de l’oriental suscite désormais des interrogations. D’abord, qui a permis le débarquement au port d’une espèce de poisson interdite à la pêche ? Qui a permis que ce poisson soit acheminé vers le marché de la ville ? Autant de zones d’ombre que les enquêteurs du ministère de l’intérieur devront élucider. D’ores et déjà, le délégué provincial du département de la pêche a été suspendu, en attendant d’autres sanctions. Selon les dernières informations dont nous disposons, il semble que la population s’organise pour mener des discussions avec les autorités dans une logique pacifique, en réclamant une enquête et l’application du droit.
Le ministre de l’Intérieur a informé la famille du défunt des Hautes Instructions royales « pour qu’une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée et pour que des poursuites soient engagées contre quiconque dont la responsabilité serait établie dans cet incident, avec une application rigoureuse de la loi à tous, pour servir d’exemple à toute personne qui aurait failli ou manqué à ses missions et responsabilités », peut-on lire dans un communiqué. Dimanche 30 octobre, des manifestations pacifiques ont eu lieu dans toutes les grandes villes du Maroc pour dire « non à la hogra ». Des milliers de Marocains ont accompagné Mouhcine Fikri (paix à son âme) à sa dernière demeure. L’image de Mouhcine est devenue un véritable symbole qui restera gravé dans les mémoires. Souhaitons que cette tragique histoire marque un tournant dans l’histoire de notre pays pour le droit à la dignité, le droit au respect et la fin de l’impunité.

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