Maroc

Retour en classe jusqu’en septembre: ce qu’en pensent les enseignants

Par LeSiteinfo avec MAP

L’annonce du report du retour en classe des élèves au mois de septembre prochain a provoqué un florilège de réactions mitigées de la part des enseignants, notamment sur les groupes où ils se rassemblent sur les réseaux sociaux pour échanger sur les meilleures pratiques de l’enseignement à distance.

Mardi, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi, a annoncé que les élèves ne retourneront en classe dans les établissements d’enseignement qu’au mois de septembre prochain.

Les notes du contrôle continu seront prises en considération pour l’ensemble des niveaux, tandis que les épreuves du baccalauréat seront maintenues, avec l’examen national de la deuxième année du baccalauréat qui sera organisé en juillet et l’examen régional de la première année du baccalauréat, qui aura lieu en septembre, avait précisé Amzazi devant la Chambre des conseillers.

Une décision « sage et équitable », a estimé Imad I. enseignant à Agadir, arguant qu’avec des sujets d’examens qui ne porteront que sur les cours dispensés de façon présentielle, avant la suspension des études le 14 mars dernier, les élèves qui ont eu du mal à s’adapter au cours à distance ne seront pas lésés.

C’est justement un accès « inéquitable » à l’enseignement à distance qui pousse Hanae N. enseignante à Oujda, à qualifier cette solution d' »optimale ». Un avis partagé par sa collègue Souad B. qui a qualifié cette décision de « logique et conforme à l’intérêt de nos enfants ».

Même son de cloche chez Abderrafie H. de Meknès, pour qui « la majorité des décisions prises par le département de tutelle se sont avérés, jusque-là, favorables à l’élève marocain ».

Toutefois, le corps enseignant n’est pas unanime car certains craignent que cette annonce ait des répercussions sur la bonne conduite de l’enseignement à distance. C’est le cas de Hind L. de la capitale ismaélienne qui a mis en garde contre un relâchement des élèves maintenant qu’ils savent que ces cours ne comptent pas pour leur note finale.

Fatima M., qui enseigne dans un lycée à Essaouira, tire la même sonnette d’alarme, estimant qu’en apprenant qu’ils seront dispensés des sujets traités à distances lors de l’examen, les bacheliers iront d’ores et déjà se concentrer sur les précédents cours dispensés avant le 14 mars.

Le seuil de réussite fait également partie des sujets qui préoccupent le corps enseignant. Ainsi, Siham B. d’Oujda, tout en saluant la décision du ministère, met en garde contre la réduction du seuil de réussite au vu des circonstances exceptionnelles. « Cette réduction pourrait être préjudiciable aux apprenants durant l’année prochaine », a-t-elle prévenu.

L’enseignante a également fait savoir que suite à des échanges avec certains de ses élèves, ceux qui ont raté le coche lors du premier semestre et travaillé d’arrache-pied pour se rattraper lors du second, craignent que leurs efforts ne soient pas pris en compte, notamment dans les matières où ils n’ont pas eu le temps de passer de contrôles durant le deuxième semestre.

Sa consœur, Karima E., s’est attardé sur son expérience avec l’enseignement à distance, notant qu' »au début de cette aventure, les élèves avaient un engouement tel qu’ils interagissaient avec elle plus que lors des cours présentiels ».

Toutefois, à mesure que cette expérience s’est prolongée, les élèves se sont lassés, laissant place à une sorte de désintérêt, a-t-elle regretté, signalant que sur son groupe en ligne, seuls 20 à 25 % des élèves ont gardé le même état d’esprit et un engagement infaillible à ce jour.

Pour Naïma C. cette expérience n’est certes pas une sinécure, au vu de la difficulté à maintenir la concentration des élèves à distance, toutefois elle a offert aux parents l’opportunité de voir leurs enfants apprendre de près et de constater le labeur des enseignants.

Des avis mitigés qui pour la plupart saluent la réactivité du ministère et répondent au plus cynique par l’absence d’alternatives durant cette crise entrainée par la pandémie de Covid-19 qui a mis à mal l’ensemble de la planète du jour au lendemain.

Alors que les débats se déchaînent désormais sur les modalités d’organisation de l’examen du baccalauréat, chacun y allant de sa théorie sur les mesures à adopter pour assurer la sécurité des candidats et des enseignants durant ces épreuves, ce sont désormais les étudiants de l’enseignement supérieur qui se posent des questions sur leur sort. Le ministère devrait apporter des éléments de réponse dans les jours qui viennent.

S.L. (avec MAP)


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