
L’année 2025 a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie sécuritaire d’étape de lutte contre la criminalité pour la période 2022-2026, dans laquelle la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a misé sur la consolidation des structures de lutte contre la criminalité, le développement des laboratoires de police scientifique et technique, et le renforcement de l’utilisation systématique des mécanismes d’enquête criminelle et du soutien technique dans les différentes enquêtes criminelles.
La DGSN s’est employée également à consacrer la dimension des droits de l’Homme dans la fonction policière, notamment en ce qui concerne les procédures de garde à vue et les mesures de contrôle dans les lieux de dépôt, ainsi qu’à raffermir la coordination et la coopération avec les services de la Direction générale de la surveillance du territoire dans les affaires criminelles particulièrement complexes.
Dans son bilan annuel pour 2025, la DGSN a fait savoir que cette année a été aussi marquée par la mise en œuvre de nombreux partenariats institutionnels visant à développer les techniques d’enquête criminelle et à les adapter au système des droits de l’Homme.
Ainsi, un accord de partenariat et de coopération institutionnelle a été signé entre l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption, le pôle de la DGSN et la DGST, visant à renforcer la coopération dans le domaine de la prévention et de la lutte contre la corruption, afin de garantir l’efficacité des opérations d’investigation et d’enquête liées à la corruption, et le développement des capacités institutionnelles par le soutien à des programmes de formation de base, continue et spécialisée, et l’échange d’expériences et de bonnes pratiques, afin de renforcer le positionnement institutionnel du Maroc dans le domaine de la probité aux niveaux régional et international, et de soutenir les efforts du Royaume pour honorer ses engagements en matière de lutte contre la corruption.
Afin de consolider la dimension des droits humains dans la fonction policière, notamment au stade de l’enquête préliminaire et de la restriction de la liberté avant le procès, l’année 2025 a vu la poursuite de la mise en œuvre des recommandations relatives au respect des droits humains dans l’action sécuritaire. Au cours des six dernières années, 4.126 sessions de formation ont été dispensées dans le domaine du respect des droits de l’Homme, avec la publication et la diffusion de 828 notes de service visant à permettre aux fonctionnaires de police de s’approprier la culture des droits de l’Homme et d’humaniser les conditions de placement en garde à vue, ainsi qu’à promouvoir les bonnes pratiques en matière d’application de la loi.
En outre, 3.125 contrôles inopinés ont été effectués dans les lieux de placement de garde à vue et les espaces réservés à la détention des mineurs dans le cadre des enquêtes judiciaires.
La DGSN a également organisé, en partenariat avec l’Organisation marocaine des droits humains et en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), trois sessions de formation sur la protection nationale des réfugiés et des demandeurs d’asile, dont ont bénéficié plus de 90 cadres sécuritaires.
Soucieuse de développer et d’améliorer les enquêtes criminelles, et de renforcer la coordination avec la présidence du ministère public et les services de la Gendarmerie Royale, la DGSN a contribué cette année à l’organisation d’ateliers dans le cadre de la rencontre nationale visant à présenter le guide pratique sur l’amélioration des enquêtes criminelles, l’harmonisation des méthodes de travail et le développement des actions sécuritaire et judiciaire, ainsi qu’à l’examen des défis qui pourraient entraver leur application et à la proposition de solutions pratiques pour les surmonter, tout en mettant en place des mécanismes de suivi et d’évaluation des modalités d’application de ce guide.
Les services de la DGSN se sont également engagés à parachever les mécanismes de coordination existants avec la Présidence du ministère public, en vue de la mise en place d’un système d’information sécurisé et efficient, destiné à faciliter l’échange numérique des données relatives à la gestion des procédures d’enquête et de la procédure entre les instances du parquet et les services de sûreté nationale investis des missions de police judiciaire, et ce en cohérence avec les chantiers ouverts dans le domaine de la justice pénale visant à soutenir la politique de proximité judiciaire et à promouvoir le recours aux outils digitaux et aux technologies modernes.
S’agissant des statistiques relatives à la lutte contre la criminalité, un total de 779.008 affaires a été enregistré en 2025, reflétant une stagnation du nombre global des affaires pénales recensées. Les crimes violents, qui altèrent directement le sentiment de sécurité des citoyens, ont, quant à eux, accusé une baisse significative de 10%.
Pour leur part, les différentes affaires de vols aggravés ont connu un recul notable : les vols sous la menace ont diminué de 24%, les vols avec violence de 6%, tandis que les vols avec effraction et autres circonstances aggravantes ont accusé une baisse d’environ 12%.
En revanche, le taux d’élucidation des crimes a atteint un niveau record de 95%, poursuivant sa tendance haussière observée au cours des neuf dernières années.
L’analyse qualitative montre que les crimes violents sont restés à leur niveau minimal de 6 % des affaires pénales enregistrées, soit 43.869 affaires ayant conduit à l’arrestation de 25.421 personnes, dont 10.036 faisant l’objet de mandats d’arrêt au niveau national.
Au cours de l’année 2025, les services de la sûreté nationale ont misé sur le ciblage et le démantèlement des réseaux criminels spécialisés dans ce type de criminalité dans la mesure où 1.112 réseaux ont été démantelés et 1.737 individus associés à ces réseaux arrêtés, en plus de la saisie de 166 véhicules et 112 motos utilisés dans ces actes criminels.
Pour ce qui est des stupéfiants, un total de 106.117 affaires ont été traitées et 134.126 personnes arrêtées, dont 378 ressortissants étrangers. Les saisies comprenaient 170 tonnes et 796 kg de résine de cannabis et de ses dérivés, une tonne et 731,558 kg de cocaïne, et 5,996 kg d’héroïne, et 1.591.455 de comprimés psychotropes, dont 350.572 d’ecstasy.
Dans le cadre des opérations conjointes de lutte contre les réseaux de trafic de stupéfiants et de substances psychotropes, la DGSN a fait état en 2025 de la réalisation de six opérations de livraison surveillée de stupéfiants avec l’Espagne, ayant permis la saisie de 55 tonnes et 471 kilogrammes de résine de cannabis et l’arrestation de 38 individus suspectés de trafic international de drogues.
Aussi, une diminution notable de 33% des affaires liées à la drogue dite « L’Boufa » et de 38 % des personnes impliquées ont été enregistrées. Les quantités saisies de cette drogue ont également reculé de 33 %, grâce au renforcement des contrôles aux frontières et à la multiplication des opérations de sécurité, ce qui a permis la saisie de 5,6 kilogrammes de cette drogue.
Durant l’année 2025, les efforts des services de la Sûreté Nationale ont permis de démanteler quelque 105 réseaux criminels s’activant dans l’organisation de l’immigration illégale et dans le trafic d’êtres humains, soit une baisse de 2% par rapport à 2024.
Dans ce cadre, 415 passeurs et intermédiaires d’opérations de migration ont été interpellés, outre la saisie de 684 faux titres de voyages et la mise en échec de tentatives de migration de 34.211 candidats, dont 7.008 ressortissants étrangers originaires de pays africains, arabes et asiatiques.
En ce qui concerne les infractions liées aux nouvelles technologies et à l’extorsion en ligne, un total de 13.643 affaires ont été traitées. Le nombre de contenus associés au chantage détectés a atteint 3.131, le nombre de mandats internationaux dans le cadre de ces affaires s’est chiffré à 1.036, tandis que le nombre de personnes appréhendées et déférées devant la justice s’est établi à 415.
Les affaires d’extorsion sexuelle l’aide d’outils informatiques ont marqué un recul de 5% avec 370 affaires, qui se sont soldées par l’interpellation de 89 individus impliqués dans la commission de ces actes criminels ayant ciblé 486 victimes, dont 129 étrangères.
Dans la même veine, la plateforme « E-blagh », dédiée aux signalements par les citoyens des infractions commises sur Internet, a reçu, depuis sa mise en service en juin 2024, un total de 25.876 signalements qui ont été traités conformément à la loi.
Il s’agit d’infractions de diffamation, d’incitation et de menaces à commettre des actes criminels d’extorsion sexuelle sur Internet, d’usurpation d’identité et d’apologie du terrorisme.
S’agissant des infractions financières et économiques et du blanchiment d’argent, la DGSN affirme que ses services ont poursuivi le renforcement et le développement des techniques d’investigations criminelles dans ce type d’infractions, que ce soit au niveau de la Brigade nationale de la police judiciaire ou des quatre brigades régionales de la police judiciaire y relevant (Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech).
Ces brigades ont traité 633 affaires de blanchiment d’argent, soit une baisse de 2 % par rapport à l’année écoulée, l’exécution des instructions judiciaires concernant le gel des biens dans 398 dossiers et la saisie de butins issus d’actes criminels d’une valeur de 660.146.402 dirhams, dont 240.161.190 dirhams saisis dans des affaires de blanchiment d’argent.
Les affaires de trafic de stupéfiants figurent en tête des crimes liés au blanchiment d’argent, avec un total de 303 affaires, soit 47%, suivies des crimes économiques et financiers, avec 263 affaires, soit près de 41 %.
Dans le même cadre, les services de la DGSN ont enregistré 431 affaires liées à la corruption financière au cours de l’année 2025, soit une baisse de 10% par rapport à l’année précédente. Il s’agit de 197 affaires liées à la corruption et au trafic d’influence, 148 affaires liées au détournement et à la dilapidation de deniers publics, et 86 affaires liées à l’extorsion et à l’abus de pouvoir. Au total, 614 individus présumés impliqués dans ce type d’affaires ont été recensés.
En ce qui concerne les infractions financières, un total de 46 affaires de trafic de devises étrangères impliquant huit ressortissants étrangers ont été enregistrées, tandis que les affaires liées aux chèques ont augmenté de 15 %, avec le traitement de 48.958 affaires.
S’agissant des infractions relatives à l’utilisation de moyens de paiement frauduleux et à la falsification de billets de banque, quelque 655 affaires ont été traitées dont 138 liées à la falsification de billets et 517 autres à la falsification de titres de paiement et de cartes bancaires.
Les services de police ont procédé à la saisie, dans le cadre de ces affaires, de 592 faux billets de banque nationaux et 1.118 faux billets de banque étrangers, répartis entre 91.340 faux Dollars américains, 3.940 faux Euros, en plus de 2.855 fausses Livres Sterling. Il a été procédé aussi au démantèlement de 18 réseaux criminels, à l’interpellation de 185 personnes présumées impliquées dans ce type d’infractions qui ont été déférées devant la justice.
Les services de la DGSN ont également saisi 23 supports électroniques et informatiques utilisés dans le cadre des affaires de faux monnayage et de fraude monétique qui ont entraîné des pertes estimées à 14.892.379 DH, en raison de l’utilisation, dans la plupart des cas, des procédés frauduleux dits « Phishing » et « Vishing ».
En ce qui concerne le volet lié à la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et l’apologie des actes terroristes, la Brigade nationale de la police judiciaire a déféré, au cours de l’année 2025, au parquet compétent, 21 individus pour leur implication présumée dans ce genre d’affaires, sans compter les affaires de terrorisme et d’extrérmisme traités par le Bureau central d’investigations judiciaires relevant de la DGST.
Ces individus déférés devant la justice dans des affaires de terrorisme se répartissent comme suit : 8 personnes pour leurs liens avec une cellule terroriste en vue de préparer des actes terroristes et d’apologie du terrorisme, 7 personnes pour incitation d’autrui à rejoindre des organisations terroristes étrangères, 2 personne présumées impliquées dans la tentative de planifier et de commettre un acte terroriste et 4 personnes pour menaces de commettre un acte terroriste.
Pour ce qui est du bilan de la police scientifique et technique, l’année 2025 a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre du chantier de modernisation de ce corps de police au service des enquêtes. À cet égard, le laboratoire national de la police scientifique et technique à Casablanca a obtenu la certification d’expertise en matière de traçabilité de l’ADN attribuée par l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol).
En termes de statistiques, les services techniques relevant de l’Institut des sciences forensiques de la Sûreté nationale ont traité 708 demandes d’expertise sur des faux documents et réalisé 188 expertises sur des faux billets de banque nationaux et étrangers, ainsi que 319 expertises balistiques portant sur 198 armes à feu, 47 armes répliques et 14.445 munitions et projectiles.
Le service central de la photographie et des preuves numériques pénales et les laboratoires régionaux d’analyse des traces numériques ont enregistré un total de 8.492 demandes d’expertise ayant concerné quelque 33.532 supports électroniques.
Par ailleurs, le Laboratoire national de police scientifique et technique (LNPST) à Casablanca a reçu cette année 23.242 demandes d’expertise scientifique, dont 18.249 demandes d’analyse et de vérification des prélèvements ADN et 1.682 demandes d’expertise dans le domaine de la chimie médico-légale.
Le Service des drogues et de toxicologie médico-légale a traité 2.918 demandes d’expertise relatives aux stupéfiants et aux substances psychotropes.
S’agissant des indicateurs de la sécurité routière, l’année 2025 a enregistré 101.053 accidents ayant fait des blessés dans le périmètre urbain, soit une augmentation d’environ 4%. Ces données se sont répercutées directement sur le bilan global des victimes des accidents de la route, qui s’établit à 1.433 décès, 5.556 blessés graves et 128.563 blessés légers.
Concernant les mesures de contrôle routier, il a été procédé à l’intensification des patrouilles de la police de circulation et au renforcement des brigades mobiles de la circulation routière, ce qui a permis d’établir 369.493 procès verbaux pour des infractions au code de la route, soit une baisse d’environ 3,5%.
Le nombre des amendes transactionnelles et forfaitaires (ATF) a, quant à lui, enregistré une hausse d’environ 1%, passant de 1.848.202 l’année dernière à 1.864.108 cette année.
Pour ce qui est de la lutte contre les conduites spectaculaires et dangereuses qui menacent la sécurité des usagers de la route et la sûreté des citoyens, les services de la Sûreté nationale ont intensifié leurs opérations pour endiguer ce phénomène. Dans ce cadre, 37.935 véhicules ont été saisis, dont 9.425 voitures, 28.247 motos à deux roues, 173 motos à trois roues et 90 motos à quatre roues, alors que quelque 2.920 personnes ont été déférées devant les parquets compétents.
S.L.









