ChroniquesMaroc

Santé mentale: un charlatan vend des sornettes au Maroc

Des marchands d’illusions arrivent au Maroc comme dans un terrain vierge, une terre à conquérir, un désert. Cette prétention, voire ce mépris, touchent, cette fois-ci, un domaine des plus nobles: celui de la santé mentale. La chose est assez grave pour être dénoncée.

Une annonce trompeuse

Une pseudo formation est annoncée, notamment à travers les réseaux sociaux, pour devenir psychothérapeute ou psychanalyste en un temps court et défini. On parle même de former les premiers praticiens dans ces disciplines ! Le pseudo formateur montre ici une totale ignorance de la situation professionnelle du pays. Un homme se proclame le garant de cette aventure. Promesses, affichage et publicité vont bon train avec un diplôme garanti à la sortie. Et on prévient: « Les places sont limitées ». Il faut donc se dépêcher! Autant de clichés commerciaux éculés.

Le citoyen ne doit pas se laisser duper !


Soyons sérieux. Il faut informer le citoyen qui ne doit pas se laisser prendre par des sornettes. Il en va du devoir et de l’éthique. Voici quelques notions élémentaires pour rappeler, et éclairer s’il le fallait, ceux qui seraient tentés par des raccourcis, des chemins faciles et un Eldorado de la réussite.

– La psychothérapie et la psychanalyse ne requièrent certes pas de diplôme reconnu par l’État. Cela n’autorise cependant pas n’importe qui à se déclarer compétent pour les pratiquer et encore moins lorsque le soi-disant diplôme a été obtenu n’importe comment.

– La formation est indispensable et nécessite des règles strictes. Elle n’est pas une pure aventure mais nécessite la reconnaissance, l’habilitation par des écoles reconnues, des aînés ayant participé à l’histoire, au développement et à l’ancrage de ces disciplines à travers le monde. Leur légitimité est largement acquise.

– Cette formation n’est pas de type universitaire, par choix assumé des professionnels, comme c’est le cas de plusieurs pays, européens notamment. Le diplôme universitaire ne saurait être une autorisation à exercer la psychothérapie ou la psychanalyse car une formation pratique incluant un travail personnel, une supervision à côté de la formation théorique est indispensable.

– La durée de cette formation ne saurait être limitée à une durée fixe car elle demeure individuelle, incluant en cela le désir de chacun, sa motivation et son implication pour ce type d’activité. En analysant ces facteurs, le candidat peut même être amené à renoncer à pratiquer cette profession. Lui assurer dès le début que son inscription débouchera sur une compétence à la pratique relève purement et simplement d’une duperie.

– Aujourd’hui la psychothérapie et la psychanalyse sont assurées au Maroc par plusieurs spécialistes psychiatres et psychologues, même si leur nombre demeure très insuffisant au regard des besoins de la population. Quelle que soit leur obédience, ils ont tous une formation universitaire et une expérience clinique acquise au sein des hôpitaux, des centres de soins et des cabinets privés. Qu’en est-il de ceux qui voudraient être des praticiens, sans avoir bénéficié d’une formation universitaire ni avoir été initiés par des professionnels à la supervision de leur activité et à l’indispensable pratique clinique auprès des personnes souffrant de divers symptômes et pathologies, d’importance et degré variables ?

Vive dénonciation des exploitations de la souffrance psychique

En tant que praticiens installés dans différents secteurs de la santé mentale, nous dénonçons avec vigueur toutes les dérives et exploitations de la souffrance psychique, au mépris des règles éthiques et du respect dû aux patients que nous recevons quotidiennement. Nous réclamons également de tous nos vœux que soit mis fin à l’anarchie qui règne actuellement dans ce domaine et dont sont victimes quotidiennement les citoyens marocains en quête de mieux-être psychologique.

Cette situation vient malheureusement s’ajouter à d’autres impostures et dérives sectaires que connaît le domaine de la santé mentale. Nous en appelons aux obligations des pouvoirs publics pour que ce champ ne soit pas laissé à de nouveaux obscurantistes venus profiter de la crédulité de certains citoyens, au lieu d’être dans une écoute véritable de leurs souffrances et leurs attentes.

Le Cercle Psychanalytique*

*Association reconnue par le dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada 1 1378 (15 novembre 1958), tel qu’il a été modifié par le dahir portant loi n° 1-73-285 du 6 Rabi’ I 1393 (10 avril 1973) réglementant le droit d’association.

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