Economie

Un engagement multidimensionnel

Les entreprises réinventent leurs modèles économiques en intégrant l’efficacité énergétique, l’innovation technologique et la finance verte dans leur stratégie. Cette évolution leur permet non seulement de rester compétitives, mais également de contribuer à une économie durable et responsable sur les marchés locaux et internationaux.

Au cours des dernières années, le Maroc s’est imposé comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique. Et si les objectifs nationaux sont largement portés par le gouvernement, il est indéniable que les entreprises marocaines, grandes et petites, jouent également un rôle déterminant dans cette dynamique. Confrontées à une nouvelle réalité économique et environnementale, elles se réinventent et adaptent leurs stratégies pour transformer ce défi en opportunité.

Cette transition touche de nombreux aspects : l’efficacité énergétique, l’innovation technologique, les modèles économiques durables, la finance verte, ainsi que les critères sociaux et de gouvernance. Les entreprises marocaines doivent aujourd’hui concilier performance économique et durabilité. Alors, comment s’adaptent-elles ? Quels leviers actionnent-elles pour allier rentabilité, compétitivité et responsabilité environnementale et sociale ?

L’efficacité énergétique, levier de compétitivité incontournable
Dans un contexte où les coûts de l’énergie restent élevés, l’efficacité énergétique est devenue une priorité stratégique pour les entreprises marocaines. Réduire la consommation énergétique permet de diminuer les charges opérationnelles tout en limitant leur impact environnemental. OCP, leader mondial des phosphates, a été pionnier dans cette démarche.

Le Groupe a adopté une politique ambitieuse de décarbonation, s’appuyant massivement sur l’énergie solaire et éolienne pour alimenter ses sites industriels. Grâce à un programme d’efficacité énergétique, OCP a pu optimiser ses processus industriels et stabiliser ses coûts dans un environnement où les prix des combustibles fossiles restent volatils.

Résultat : une réduction significative des émissions de CO₂ et une meilleure compétitivité sur le marché international. Mais OCP n’est pas seule à emprunter cette voie. D’autres entreprises, comme Managem, investissent dans des équipements modernes et des processus de production plus économes en énergie. Ces investissements, bien qu’importants à court terme, s’avèrent rentables à long terme en stabilisant les coûts énergétiques et en anticipant les fluctuations des prix des énergies fossiles.

L’innovation technologique, moteur de la transition
L’efficacité énergétique repose en grande partie sur l’innovation technologique. Les nouvelles technologies permettent d’optimiser la gestion énergétique, et les systèmes intelligents (smart grids) offrent aux entreprises des outils pour surveiller et ajuster en temps réel leur consommation d’énergie.

De plus, dans le secteur industriel, des technologies comme l’Internet des objets (IoT) permettent de mieux surveiller les performances énergétiques des machines, réduisant ainsi l’empreinte carbone des entreprises tout en optimisant les coûts.

Cette transition ne concerne pas uniquement les grandes entreprises. Les PME marocaines, bien que plus limitées en ressources, peuvent elles aussi profiter de ces innovations pour améliorer leur efficacité énergétique et leur compétitivité.

La finance verte, moteur essentiel de la transition
La transition énergétique ne serait pas possible sans un soutien financier solide. La finance verte est devenue un levier essentiel pour les entreprises marocaines cherchant à investir dans des projets énergétiques durables. Les green bonds (obligations vertes) sont l’un des mécanismes les plus efficaces pour financer la transition écologique. En 2016, la Banque centrale populaire (BCP) a été la première institution marocaine à émettre ces obligations, finançant des projets liés aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.

Depuis lors, plusieurs entreprises marocaines ont eu recours à ces financements pour moderniser leurs infrastructures énergétiques. En plus de faciliter l’accès aux fonds, ces green bonds attirent des investisseurs internationaux soucieux de soutenir des projets en phase avec les objectifs climatiques.

Pour les petites et moyennes entreprises (PME), la finance verte représente une opportunité précieuse pour mobiliser des capitaux à des conditions favorables, permettant de contribuer activement à la transition tout en améliorant leur compétitivité sur les marchés locaux et internationaux.

L’intégration des critères ESG et RSE dans la stratégie énergétique
Au-delà des aspects techniques et financiers, la transition énergétique repose sur des critères de gouvernance plus larges, notamment ceux liés aux normes ESG (Environnement, social, gouvernance) et à la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les investisseurs, les consommateurs et les partenaires internationaux évaluent désormais les entreprises sur leur capacité à intégrer ces critères dans leurs pratiques.

Selon le bilan des pratiques de reporting ESG récemment présenté par l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et la Société financière internationale (IFC), en 2023, 94 émetteurs sont assujettis à l’obligation de publication d’un rapport ESG, avec un taux de conformité de 97%. Ce chiffre témoigne de l’importance croissante accordée à ces critères par les entreprises marocaines.

L’analyse des rapports révèle également une amélioration notable des pratiques, tant en termes de conformité que de qualité. Parmi les entreprises ayant mis en place des actions pour évaluer et minimiser leurs impacts environnementaux, 79% l’ont fait, avec 22% d’entre elles ayant spécifiquement intégré le bilan carbone dans leurs mesures, contre 14% en 2022.

La philosophie  verte intégrée dans les infrastructures
De plus en plus d’entreprises marocaines vont au-delà des obligations réglementaires pour intégrer durablement la philosophie verte jusque dans leurs installations. Cet engagement se traduit par la mise en œuvre de solutions comme l’énergie photovoltaïque, le recyclage des ressources et la gestion efficace des déchets.

Cette approche n’est pas seulement dictée par des préoccupations environnementales, mais également par des opportunités économiques et une volonté de se démarquer sur des marchés de plus en plus exigeants en termes de durabilité. L’un des exemples les plus significatifs de cette tendance est la transition vers l’énergie photovoltaïque dans les installations industrielles et commerciales. Grâce aux avancées technologiques et à la baisse des coûts des panneaux solaires, de nombreuses entreprises marocaines ont choisi de recourir au solaire pour alimenter leurs infrastructures en électricité.

OCP et Managem ont investi dans des fermes solaires pour alimenter leurs sites industriels, atteignant des niveaux de production énergétique propre qui les positionnent comme des leaders en matière de transition énergétique au Maroc.

Le recyclage et l’économie circulaire comme moteurs de la durabilité
L’intégration de la philosophie verte ne se limite pas à l’énergie renouvelable ; elle englobe également des pratiques de recyclage et d’économie circulaire, qui transforment les résidus industriels en ressources exploitables. LafargeHolcim Maroc, par exemple, a déployé un programme pionnier de recyclage des déchets, transformant les résidus de la production de ciment en énergie grâce à des technologies de valorisation des déchets.

Cette initiative réduit non seulement la consommation d’énergie traditionnelle, mais contribue également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans le même esprit, Ciments du Maroc a mis en place un système de co-traitement des déchets industriels qui permet de réutiliser les sous-produits de leur propre production, réduisant ainsi le volume des déchets tout en limitant l’utilisation de matières premières.

Un enjeu de réputation et d’internationalisation

Adopter une stratégie alignée sur les objectifs de la transition énergétique ne représente pas seulement un impératif environnemental ou économique ; c’est aussi une question de réputation et de compétitivité sur les marchés internationaux. Les entreprises marocaines qui intègrent les critères ESG et qui s’engagent activement dans la transition énergétique se positionnent mieux pour attirer des investisseurs et conquérir de nouveaux marchés.

Dans un contexte où les consommateurs, notamment européens, sont de plus en plus sensibles aux pratiques durables, la capacité des entreprises marocaines à prouver leur engagement en faveur de l’environnement devient un facteur de différenciation. Les entreprises qui réussissent cette transformation se placent non seulement comme leaders nationaux, mais aussi comme des acteurs crédibles sur les marchés internationaux, où la conformité environnementale est un critère incontournable.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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