Assurance climatique : comment les risques émergents sont anticipés au Maroc

Le marché marocain de l’assurance fait face à des risques émergents toujours plus complexes, allant des cyberattaques aux catastrophes naturelles, pandémies et aléas climatiques. Pour y répondre, l’ACAPS suit rigoureusement les produits d’assurance et ajuste les couvertures selon les besoins des assurés. «L’Autorité s’attache ainsi à détecter les zones de vulnérabilité et les gaps de protection», explique aux Inspirations ÉCO Abderrahim Chaffai, président de l’ACAPS. L’institution encourage également les partenariats public–privé et la finance durable pour renforcer la résilience, développer l’assurance climatique et soutenir la transition énergétique, ce qui place le Maroc parmi les pays africains les plus avancés face aux risques émergents.
Le marché marocain de l’assurance est confronté à des risques émergents de plus en plus complexes et diversifiés. Les cyberattaques, les catastrophes naturelles, les pandémies et les aléas climatiques représentent des menaces majeures pour la stabilité et la résilience du secteur. Face à ces enjeux, l’ACAPS a mis en place un suivi rigoureux des produits d’assurance afin d’évaluer leur adéquation aux besoins de la population.
«L’Autorité s’attache ainsi à détecter les zones de vulnérabilité et les gaps de protection pour des segments de la population ou pour certains types de risques», explique Abderrahim Chaffai, président de l’ACAPS.
L’Autorité évalue régulièrement les besoins de protection des assurés et identifie les insuffisances éventuelles des produits existants. Lorsqu’une couverture est jugée inadaptée, l’ACAPS encourage l’adaptation des garanties ou le développement de nouvelles solutions, prenant en compte la spécificité de chaque risque. La définition de l’étendue de la couverture inclut les plafonds, franchises et exclusions, adaptés aux besoins des assurés et à la nature des risques.
«Les discussions menées portent sur le schéma global de couverture, la contribution des parties prenantes et les modalités de transfert du risque, afin d’assurer une protection adéquate et des tarifs abordables», précise Chaffai.
Pour chaque type de risque, l’ACAPS travaille en concertation avec les assureurs et les parties prenantes. Cette approche permet de définir des solutions techniquement maîtrisables et opérationnellement déployables. L’Autorité propose parfois des modèles de contrats indicatifs, des conditions générales types ou des clauses obligatoires pour encadrer le marché et protéger les assurés.
Cette démarche participative assure que les produits proposés sont viables, sécurisés et adaptés aux nouvelles menaces. L’ACAPS met également l’accent sur la prévention et l’anticipation des risques émergents. Des analyses approfondies, des simulations de vulnérabilité et des études sectorielles permettent de détecter les besoins futurs et d’ajuster les produits en conséquence.
«Nous cherchons à assurer la viabilité des produits tout en protégeant les assurés contre les risques émergents, qu’il s’agisse de cyberattaques ou de catastrophes naturelles», souligne le président de l’autorité de contrôle.
ùGrâce à cette stratégie proactive, le marché marocain de l’assurance renforce sa résilience et sa capacité à s’adapter aux évolutions technologiques et environnementales. Les compagnies d’assurance peuvent ainsi développer des produits adaptés aux besoins réels des clients, tout en anticipant les évolutions futures et en minimisant les vulnérabilités. Cette vision globale positionne le Maroc comme un marché africain de référence en matière de gestion des risques émergents et de couverture innovante, combinant prévention, anticipation et innovation.
Assurance climatique et partenariats pour la transition énergétique
Par ailleurs, la transition énergétique et les enjeux climatiques sont devenus des priorités stratégiques pour l’ACAPS. L’Autorité place le développement durable au centre de sa mission, afin de renforcer la résilience du marché face aux risques environnementaux.
«Plusieurs initiatives concrètes ont déjà été mises en œuvre, dont l’assurance multirisque climatique protégeant les cultures contre la sécheresse, la grêle ou les vents forts», précise Abderrahim Chaffai.
Ce dispositif couvre une grande partie des superficies agricoles nationales et illustre la réussite des partenariats public–privé. Il protège les producteurs agricoles et renforce la stabilité du secteur en cas de catastrophes naturelles. L’entrée en vigueur du régime relatif aux événements catastrophiques, depuis 2020, constitue également une avancée majeure.
«Il s’agit d’une innovation importante qui protège les populations et leurs biens, et repose sur un partenariat associant l’État, les assureurs et le Fonds de Solidarité contre les Événements Catastrophiques», souligne le président.
En outre, l’ACAPS collabore avec le ministère de l’Économie et des Finances et les autres régulateurs financiers pour soutenir la Stratégie nationale de finance climat à l’horizon 2030. L’Autorité encourage la création de produits adaptés aux risques climatiques, soutient les investissements dans la transition énergétique et renforce la capacité du secteur à anticiper les risques émergents.
«Notre implication consiste à renforcer la capacité du secteur à anticiper et gérer les risques environnementaux émergents», ajoute Chaffai.
Par ailleurs, la mise en place de taxonomies financières vertes constitue un levier stratégique pour structurer la finance durable. Ces référentiels identifient clairement les activités «vertes» et orientent les flux financiers vers des investissements climatiques, améliorant la transparence et l’efficacité des financements. Ils permettent également de renforcer la confiance des investisseurs et d’encourager le développement de produits d’assurance innovants, alignés sur les objectifs climatiques du pays.
L’ACAPS développe un écosystème collaboratif, impliquant assureurs, institutions publiques et partenaires privés. Cette approche intégrée vise à créer un marché de l’assurance résilient, capable de répondre aux besoins des assurés tout en contribuant à la transition énergétique.
«Conformément à notre plan stratégique, nous poursuivrons le déploiement d’actions impliquant le secteur pour soutenir la transition climatique et renforcer la gestion des risques liés au climat», conclut le président.
Ces initiatives placent le Maroc parmi les pays africains les plus avancés en matière d’assurance climatique et de gestion proactive des risques. Elles permettent de développer des solutions adaptées, d’améliorer la couverture des populations vulnérables et de renforcer la compétitivité du marché dans un contexte mondial en mutation rapide.
Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO






