Assurance et digitalisation : l’ACAPS accompagne les progrès technologiques du secteur

Le secteur marocain de l’assurance entre dans une nouvelle ère. Face à des assurés ultra-connectés et des attentes de services rapides, simples et sécurisés, les compagnies doivent innover sans cesse. L’ACAPS place la digitalisation au cœur de sa stratégie 2024-2026, en accompagnant la transformation numérique du marché et le développement des startups InsurTech, tout en renforçant l’inclusion financière et la protection des consommateurs.
Le secteur marocain de l’assurance vit une transformation sans précédent. Les nouvelles technologies et les comportements des assurés ultra-connectés modifient profondément le marché. Les consommateurs recherchent aujourd’hui des solutions simples, rapides et sécurisées, accessibles à tout moment et sur tous les canaux numériques. Face à ces mutations, les compagnies doivent innover constamment et s’adapter pour rester compétitives.
L’ACAPS a inscrit la digitalisation au cœur de son plan stratégique 2024-2026, en la considérant comme un levier clé de modernisation et de développement du marché. Abderrahim Chaffai, son président souligne aux Inspirations ÉCO que «dans un contexte marqué par des avancées technologiques rapides et une évolution constante des habitudes de consommation dans un environnement de plus en plus digitalisé, le secteur des assurances ne peut rester en retrait». C’est ainsi que l’autorité a mis en place plusieurs mesures pour accompagner cette transformation.
Deux instructions majeures illustrent cette stratégie. La première, entrée en vigueur le 1er juillet 2022, concerne la vente en ligne des produits d’assurance. Elle encadre les modalités techniques, juridiques et organisationnelles que doivent respecter les assureurs et intermédiaires pour garantir la sécurité et la transparence des transactions. Chaffai nous précise qu’elle «prévoit notamment la mise en place d’un processus de souscription clair et sécurisé, la fourniture d’une information précontractuelle complète, la garantie du consentement éclairé de l’assuré, ainsi que la conservation des preuves électroniques de l’adhésion».
La deuxième instruction, publiée le 21 novembre 2024, fixe l’organisation de l’examen professionnel des intermédiaires d’assurance. Elle soutient particulièrement les startups InsurTech, facilitant l’innovation et l’inclusion financière.
«L’un des apports majeurs de cette instruction réside dans l’accompagnement des startups et entrepreneurs souhaitant l’exercice de l’activité d’intermédiation d’assurances en s’appuyant sur des solutions technologiques innovantes», explique le président de l’ACAPS.
En parallèle, des projets législatifs structurants sont en cours. La refonte du livre IV du code des assurances introduit le concept de «bac à sable», permettant de tester de nouvelles technologies et modes de distribution en conditions réelles, tout en sécurisant les consommateurs.
Pour sa part, l’amendement relatif aux assurances obligatoires prévoit la dématérialisation des attestations d’assurance responsabilité civile pour les véhicules motorisés. Ces mesures visent à moderniser le cadre légal, stimuler l’innovation et renforcer la confiance des assurés dans les solutions numériques.
Cette transformation réglementaire s’inscrit dans une vision globale d’un marché plus agile, capable de répondre aux besoins des assurés connectés et de soutenir l’émergence de nouvelles solutions d’assurance.
Parcours InsurTech et mécanismes d’incitation
Cette effervescence technologique attire des startups qui se spécialisent dans les assurances, les Insurtech. L’ACAPS a mis en place des dispositifs incitatifs pour favoriser l’innovation et soutenir ces startups. Depuis 2023, la Cellule Innovation & InsurTech accompagne les porteurs de projets tout au long de leur parcours.
Chaffai explique que «cette structure a ainsi formalisé l’accompagnement des porteurs de projets à travers le Parcours InsurTech, un dispositif qui leur offre la possibilité de présenter leurs solutions aux équipes métiers de l’Autorité, de sécuriser la conformité de leurs produits ou modèles de distribution et de préparer un déploiement responsable et maîtrisé sur le marché».
Le Parcours InsurTech permet aux startups de tester leurs solutions en conditions réelles tout en garantissant la conformité réglementaire. Il facilite la mise en œuvre de projets innovants dans un cadre sécurisé, permettant aux acteurs de l’assurance de répondre aux attentes des clients ultra-connectés.
La dernière avancée en date dans ce sens a été enregistrée en 2024, avec l’instruction P.IN.02/2024 qui a ouvert l’accès au statut d’intermédiaire pour les entrepreneurs InsurTech.
«Cette instruction permet désormais à l’ACAPS d’organiser un examen professionnel dédié aux entrepreneurs qui souhaitent exercer des opérations d’assurance en s’appuyant sur des solutions technologiques innovantes susceptibles de contribuer à l’amélioration de l’inclusion financière et au développement de l’assurance», nous précise le président.
Ces mécanismes favorisent l’émergence de solutions numériques, adaptées aux besoins spécifiques des assurés. Ils soutiennent également le développement d’un écosystème InsurTech dynamique et sécurisé. En parallèle, l’Autorité organise des ateliers, formations et accompagnements pour aider les entrepreneurs à concevoir des produits conformes, innovants et accessibles.
Cette approche proactive garantit un déploiement progressif et responsable des nouvelles technologies sur l’ensemble du marché. Elle contribue à moderniser le secteur tout en renforçant la protection des assurés et la compétitivité des entreprises marocaines.
Inclusion assurantielle : une priorité pour l’ACAPS
L’inclusion financière et l’accès aux assurances pour les populations vulnérables constituent une priorité pour l’ACAPS. Chaffai rappelle aux Inspirations ÉCO que «l’ACAPS contribue activement à l’inclusion financière et à l’amélioration de l’accessibilité de l’assurance pour les populations vulnérables ou peu desservies». Dans ce cadre, la microassurance a été étendue aux établissements de paiement dès 2022.
«En permettant à ces établissements d’assurer la présentation d’opérations d’assurance, cette évolution réglementaire ouvre la voie à des modèles de distribution plus accessibles aux produits de micro-assurance», nous précise-t-il.
Cette mesure facilite l’accès aux produits d’assurance dans les zones rurales et pour les segments peu bancarisés. L’innovation est également encouragée par le Programme Émergence, lancé en 2025. Chaffai souligne que «cette initiative, inédite dans son approche collaborative, a été conçue comme un espace de dialogue, d’expérimentation et de co-création réunissant l’ensemble des acteurs du marché».
Sept cas d’usage ont été co-construits, portant sur la digitalisation des parcours clients, l’amélioration de la gestion des sinistres et l’expérience client. Ces initiatives concrètes démontrent la capacité du marché marocain à co-innover et à produire des solutions durables. Le programme favorise la collaboration entre assureurs, InsurTech et talents technologiques pour accélérer la modernisation du secteur. Grâce à cette approche, le marché marocain s’impose comme un exemple africain de transformation digitale et d’innovation inclusive.
Innovations InsurTech : un suivi rapproché
L’ACAPS suit de près l’impact des initiatives InsurTech sur le marché et sur les assurés. Selon Chaffai, «le Parcours InsurTech permet ainsi à l’Autorité d’assurer un suivi rapproché, projet par projet, des innovations accompagnées». Chaque solution est évaluée selon sa maturité et son potentiel de déploiement sur le marché. Le Programme Émergence suit le développement des sept cas d’usage co-construits, favorisant un déploiement progressif.
«L’Autorité œuvre à créer les conditions favorables à leur mise en œuvre, dans une logique d’encourager leur déploiement progressif à l’échelle du marché», souligne le président. Les outils de supervision incluent les reportings, études sectorielles, contrôles et analyses de la microassurance et des modèles digitaux. Le Morocco Fintech Center permet, pour sa part, une concertation interinstitutionnelle pour garantir un développement responsable et sécurisé.
Cette approche assure que les innovations contribuent réellement à améliorer l’accessibilité, la transparence et la qualité du service pour les assurés. Grâce à ces dispositifs, le marché marocain devient un exemple africain de transformation digitale de l’assurance et de modernisation de ses pratiques, répondant aux besoins d’un consommateur ultra-connecté et exigeant.
Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO









