Economie

Loubna ALQOH : “Le Maroc est un hub agroalimentaire stratégique pour plus de 2,5 milliards de consommateurs”

Loubna ALQOH
Cheffe de département Agro-business à l’AMDIE

Alors que le contexte économique mondial redéfinit les chaînes de valeur et renforce les enjeux de souveraineté alimentaire et de durabilité, le secteur des industries agroalimentaires au Maroc se positionne comme un levier stratégique de développement et d’attractivité. La cheffe de département Agro-business à l’AMDIE, Loubna Alqoh, détaille la vision, les leviers d’action et les nouvelles priorités de l’Agence pour faire du Royaume une plateforme industrielle et exportatrice de référence dans l’agroalimentaire.

Quelle est la force motrice de votre stratégie en termes d’attraction des investissements agroalimentaires, à l’heure actuelle ?
La stratégie de l’AMDIE en matière d’attraction des investissements agroalimentaires s’appuie sur une approche intégrée, pensée pour répondre aux nouvelles exigences du commerce mondial, tout en valorisant les spécificités du Maroc. Dans un contexte économique marqué par une reconfiguration des chaînes de valeur, une quête accrue de souveraineté alimentaire et une attention grandissante portée à la durabilité, nous avons mis en place une démarche proactive. Elle est fondée sur la compétitivité territoriale, l’engagement environnemental et une orientation résolument tournée vers les marchés internationaux.

Le Royaume bénéficie d’un positionnement géostratégique exceptionnel qui le place comme un hub de choix pour transformer et réexporter vers l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et les États-Unis. Grâce à ses nombreux accords de libre-échange, le pays ouvre un accès facilité à plus de 2,5 milliards de consommateurs. Cette ouverture commerciale est soutenue par un tissu industriel performant, composé de 2.000 entreprises agroalimentaires qui approvisionnent aussi bien le marché national qu’international, et par la présence de plus de 35 multinationales qui opèrent avec succès depuis le Royaume vers les marchés régionaux.

Par ailleurs, le Maroc dispose d’un savoir-faire reconnu, adossé à une main-d’œuvre qualifiée et disponible à des coûts compétitifs. Ce capital humain constitue un levier fondamental pour les investisseurs. Nous mettons également en avant notre potentiel agricole et halieutique, très diversifié et durable, qui s’inscrit parfaitement dans les priorités mondiales actuelles en matière de sécurité alimentaire et de production responsable. Notre dispositif incitatif est particulièrement attractif, avec des subventions prévues par la nouvelle Charte de l’investissement, des exonérations fiscales, un accompagnement administratif efficace, et un accès facilité à des zones industrielles intégrées, telles que les agropoles et haliopoles.

Enfin, nous offrons un accompagnement personnalisé à chaque investisseur, de la phase de prospection à la concrétisation du projet, en coordination étroite avec les autorités locales et les ministères compétents. C’est cette combinaison de facteurs qui confère à notre stratégie sa cohérence et sa pertinence.

En dehors des filières traditionnelles, quels sont les secteurs d’avenir sur lesquels vous concentrez vos efforts ?
En complément des filières classiques de transformation des ressources agricoles et halieutiques, ainsi que des industries liées à la sécurité alimentaire, nous orientons désormais notre action vers des segments à forte valeur ajoutée et à potentiel de croissance prometteur. Nous avons identifié plusieurs axes prioritaires, tant en amont qu’en aval de l’écosystème des industries agroalimentaires.

En amont, nous mettons l’accent sur le développement local des intrants et ingrédients stratégiques. Il s’agit, notamment, des additifs alimentaires fonctionnels tels que les émulsifiants, stabilisants, texturants, antioxydants, édulcorants ou épaississants, qui sont encore massivement importés. L’objectif est de substituer ces importations tout en renforçant la souveraineté de nos chaînes de production. Nous travaillons également sur la mise à disposition d’ingrédients spécifiques destinés à l’industrie émergente de la biscuiterie, de la chocolaterie et de la confiserie, avec, notamment, des dérivés de cacao et de caroube.

En aval, notre ambition est de favoriser la valorisation de produits à haute valeur ajoutée. C’est le cas des plats préparés, mais aussi des compléments alimentaires à base de ressources marines, comme la spiruline, les oméga-3 ou le collagène marin, ainsi que des extraits issus de plantes aromatiques et médicinales ou de fruits et légumes.

Ces produits répondent aux tendances actuelles de la nutrition-santé et trouvent un écho favorable sur les marchés internationaux. Nous soutenons également les filières endémiques qui présentent un potentiel export élevé. Les plantes aromatiques et médicinales, la caroube ou encore l’argan sont autant de produits qui permettent de combiner différenciation à l’export, forte valeur ajoutée et contribution au développement rural durable.

Enfin, nous accordons une attention particulière aux produits biologiques, dont la demande explose sur les marchés européens. Le Maroc, grâce à ses pratiques agricoles adaptées et à une dynamique de certification en pleine expansion, est idéalement positionné pour répondre à cette demande croissante.

Quels sont les arguments que vous mobilisez pour convaincre les investisseurs ?
Notre discours repose sur des faits tangibles. Le Maroc dispose d’un fort potentiel agricole et halieutique, d’infrastructures industrielles dédiées, de mécanismes d’incitation compétitifs et d’une réelle ouverture sur les marchés internationaux.

Ces éléments forment un socle solide pour bâtir une agro-industrie moderne, compétitive, durable et tournée vers l’export. Nous agissons comme un facilitateur, en mettant en lumière les opportunités stratégiques offertes par les filières ciblées, tout en garantissant un accompagnement réactif et personnalisé à chaque étape du projet. Notre objectif est d’attirer des investissements de qualité, à fort impact économique et social, qui contribueront à la transformation du tissu productif national.

Comment l’AMDIE intègre-t-elle les critères de durabilité dans sa stratégie d’attraction des investissements ?
La durabilité constitue un pilier central de notre stratégie. Nous agissons en cohérence avec les orientations du Royaume et la nouvelle Charte de l’investissement, qui fait de la transition verte un axe prioritaire. Concrètement, cette Charte prévoit une prime additionnelle de 3% sur le montant du CAPEX pour les projets intégrant des critères de durabilité.

Cela concerne l’utilisation d’énergies renouvelables, l’installation de dispositifs d’efficacité énergétique, la gestion des déchets, ou encore la mise en place de programmes sociaux à forte responsabilité sociétale. Nous portons également l’initiative «Morocco now», à travers laquelle nous positionnons le Maroc comme une plateforme industrielle décarbonée, compétitive et conforme aux normes environnementales en vigueur, notamment celles imposées par l’Union européenne telles que la taxe carbone aux frontières.

Enfin, nous soutenons activement la promotion de zones industrielles durables, notamment les agropoles, en veillant à ce qu’elles intègrent des standards environnementaux rigoureux. Cette démarche nous permet de construire un écosystème d’investissement responsable, à la fois attractif et résilient.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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