Le “Made in Morocco” face au défi de l’intégration

Le «Made in Morocco» s’impose de plus en plus comme un levier de compétitivité et de qualité sur les marchés, à condition de relever le taux d’intégration dont la moyenne demeure modérée. Celle-ci est de l’ordre de 25%, selon la FENAGRI, et de nombreux intrants manufacturés demeurent importés. Le nouveau contrat-programme des industries agroalimentaires devrait accorder, en conséquence, la priorité à ces filières d’intrants.
Un enjeu stratégique pour le Maroc dans sa quête de souveraineté alimentaire. Dans ce sens, le «Made in Morocco» s’impose de plus en plus comme un levier de compétitivité et de qualité sur les marchés à condition de relever le taux d’intégration dont la moyenne demeure modérée, puisqu’elle est de l’ordre de 25%, selon la FENAGRI, à travers l’importation de nombreux intrants manufacturés.
Le nouveau contrat-programme des industries agroalimentaires devrait accorder, en conséquence, la priorité à ces filières d’intrants. Et ce, parallèlement à la politique de substitution menée par le Maroc depuis quelques années et à l’orientation générale vers la consolidation progressive du label «Made in Morocco» sur les marchés à l’export. Les premiers résultats de cette orientation ont permis de gagner deux points en termes d’évolution du taux de couverture des importations par les exportations passant de 58,1% en 2022 à 60,1% en 2023 avant de reculer à 59,8% en 2024.
En chiffres, le solde des exportations agroalimentaires est en croissance, affichant un résultat en hausse, durant plus d’une décennie. Pour rappel, le secteur agroalimentaire marocain représente 23,1% du chiffre d’affaires du secteur industriel, 22,7% de la production et 23,7% de la valeur ajoutée, selon l’enquête industrielle du ministère de tutelle réalisée en 2022.
LA TYPOLOGIE DES ACTEURS DE L’INDUSTRIE ALIMENTAIRE
Les exportations du secteur sont passées de 17,65 MMDH en 2010 à 31,68 MMDH en 2017 pour se situer à 36,59 MMDH en 2021 avant de se stabiliser à plus de 43 MMDH en 2024, selon les chiffres de l’Office des changes. Globalement, la structure des exportations montre la prédominance de trois segments : les produits halieutiques, les produits maraîchers, les agrumes et les fruits rouges.
Pour ce qui est de la typologie des acteurs, l’industrie agroalimentaire nationale englobe 25 multinationales ainsi que de grands groupes nationaux. Quant aux PME, elles représentent 92% des entreprises. Pour sa part, le capital social est constitué à 92% par des capitaux nationaux et à 8% par des capitaux étrangers. C’est la raison pour laquelle le secteur des industries agro-alimentaire (IAA) au Maroc constitue un pilier essentiel de l’économie. Il réalise, selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, un chiffre d’affaires de 185 MMDH, soit 23% de l’ensemble du secteur de l’industrie.
Sa valeur ajoutée est d’environ 50 MMDH, soit l’équivalent de 26% du PIB industriel. Malgré la crise sanitaire, ce secteur stratégique a maintenu son activité en maintenant la production et l’approvisionnement du marché sur la plupart des filières. Il a enregistré une croissance moyenne d’environ 6% par an au cours des dix dernières années, selon le rapport de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) dans son rapport intitulé «Industrie agroalimentaire : le Maroc futur champion régional ?». À noter que son taux de croissance annuel a été de 17% entre 2021 et 2022. Il représente désormais 7% du PIB national, devenant ainsi le deuxième secteur industriel en termes d’importance.
Cette croissance substantielle, bien que variable géographiquement, est attribuable à l’évolution rapide des habitudes de consommation internes, en particulier en milieu urbain, ainsi qu’à la forte demande extérieure et au soutien public accordé au secteur.
CASABLANCA-SETTAT CAPTE 49,2% DU CHIFFRE D’AFFAIRES
En ce concerne la taille des entreprises, qui sont au nombre de 2.000 selon l’enquête Industrielle (MCI2022), 31% réalisent un chiffre d’affaires (CA) inférieur à 3 MDH alors que 24% oscillent entre 10 MDH et 50 MDH. Le reste (16%) est réparti entre 3 MDH et 10 MDH. Idem pour les entreprises captant entre 50 MDH et 175 MDH alors que14% ont un CA supérieur ou égal à 175 MDH.
Par ailleurs, la répartition régionale du chiffre d’affaires est captée par Casablanca-Settat à hauteur de 49,2%. Elle est suivie de la région Souss-Massa (20,5%) et Fès-Meknès (9%) alors que les autres régions se répartissent 29,2%. Si certaines filières sont relativement concentrées, d’autres sont caractérisées par une multitude de petits acteurs spécialisés dans un type de production et des activités à faible valeur ajoutée. Par ailleurs, le classement par CA sur le marché alimentaire, publié par le département de recherche de Statista le 7 avril dernier, est dominé par la Chine avec 1.500 milliards de dollars, suivie des États-Unis (840,29 milliards).
Au total, ce secteur a généré 8.270 milliards de dollars en 2021. Ce sont les confiseries et les snacks qui constituent la plus grande part de ces revenus, avec 1.470 milliards de dollars, devant le pain et la viande (1.120 milliards). Les aliments pour animaux génèrent le chiffre d’affaires le plus faible, avec 120 milliards de dollars.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO









