Maroc

Grands chantiers : le digital comme accélérateur

Au cœur des grands chantiers, le numérique s’impose comme un moteur d’efficacité et d’innovation. Intelligence artificielle, jumeaux numériques, BIM et IoT redéfinissent les méthodes de conception, de construction et de maintenance. Portée par la stratégie Maroc Digital 2030, cette mutation place la donnée et la connectivité au centre des infrastructures de demain.

Le numérique n’est plus un simple support mais un catalyseur des grands travaux d’infrastructures. Dans un contexte de mutation profonde, caractérisée par une transition énergétique, une urbanisation rapide et une modernisation des services publics, les technologies telles que l’Intelligence artificielle (IA), l’Internet des objets (IoT), le jumeau numérique («digital twin») ou encore le Building Information Modeling (BIM) s’imposent comme des outils indispensables.

Le gouvernement a d’ailleurs inscrit cette dynamique dans sa stratégie nationale «Maroc Digital 2030», lancée en septembre 2024, qui place le numérique et l’IA au cœur de ses priorités. Pour les grands chantiers (ports, réseaux ferroviaires, zones industrielles, villes durables…), il est question de repenser la façon de concevoir, construire, exploiter.

La construction intelligente prend forme
Le BIM, Processus structuré de modélisation numérique des bâtiments et infrastructures, s’impose progressivement au Maroc. Lors du BIM Africa Summit 2023 à Marrakech, les intervenants ont mis en exergue le rôle du BIM, de l’IoT et des systèmes cloud pour donner aux chantiers une nouvelle dimension «connectée».

En cohérence avec la stratégie Maroc Digital 2030, la généralisation du BIM s’inscrit dans la dynamique nationale de transformation numérique du secteur du BTP, portée par le développement des infrastructures cloud et des outils collaboratifs. Le recours aux jumeaux numériques (modèles virtuels qui répliquent en temps réel le comportement d’un ouvrage) se développe aussi au Maroc.

Cette transformation permet de gagner en efficacité sur la planification, la maintenance, la qualité et la durabilité des ouvrages. Des capteurs IoT, associés à des plateformes d’analyse, monitorent la structure, l’énergie consommée, l’usure, ou encore le trafic. Ainsi, l’analyse prédictive et l’IA viennent anticiper la défaillance, optimiser les coûts et étendre la durée de vie des actifs.

Cybersécurité, data et infrastructures critiques
L’essor du digital ouvre de nouvelles perspectives pour la gestion intelligente des infrastructures. En rendant les réseaux logistiques, énergétiques et de transport plus connectés et plus réactifs, le Maroc renforce sa souveraineté numérique et la performance de ses systèmes critiques. La sécurité et la gouvernance des données deviennent ainsi des piliers essentiels de cette transformation.

Le pays investit dans la cybersécurité, la formation aux métiers du numérique et l’intelligence artificielle, érigée en priorité stratégique nationale. Ces efforts visent à consolider la résilience du territoire, tout en assurant une inclusion numérique plus large à l’échelle du Royaume.

Par ailleurs, l’intégration croissante entre systèmes physiques et numériques, via IoT et jumeaux numériques, impose la mise en place de politiques de cybersécurité robustes, de protocoles de chiffrement, de plans de résilience et de supervision continue. Pour les grands travaux, cela signifie qu’au-delà de la machine, du pont ou de la centrale, il faut désormais penser technologie, données et cyber-risques dès la phase de conception.

Perspectives et enjeux
L’ensemble de ces éléments place le Maroc dans une position de transition vers des infrastructures «intelligentes». Le digital n’est plus accessoire, il est central. Pour les grands ouvrages, autoroutes, lignes LGV, ports, réseaux urbains, l’intégration du BIM, de l’IoT, de l’IA et des jumeaux numériques représente un avantage compétitif, capable de réduire les coûts, optimiser les cycles de vie et renforcer la durabilité.

Mais ce virage implique des défis majeurs en termes de gouvernance des données, cybersécurité, formation, standardisation, mobilité des talents et financement des technologies. La révolution digitale des grands travaux ne se résume pas à la technologie. Elle repose sur une cohérence stratégique entre décideurs publics, acteurs privés, startups et institutions de formation.

Si le Maroc réussit à mobiliser cet ensemble, il pourra non seulement moderniser ses infrastructures mais aussi faire émerger un segment technologique exportable, moteur de croissance. Le digital devient alors un accélérateur de transformation économique, sociale et territoriale, celui qui contribue à bâtir un Maroc connecté, intelligent et durable.

Le rôle des startups et des talents numériques

La transformation digitale des infrastructures ne pourra pas s’opérer sans une montée en compétences et un écosystème dynamique de startups. La stratégie Maroc Digital 2030 fixe l’objectif de former massivement 100.000 talents numériques par an et de soutenir l’émergence de champions tech locaux. On observe déjà un vivier d’entreprises tech qui s’illustrent dans le domaine du BIM, de l’IA, de la gestion des données ou des jumeaux numériques.

Cet écosystème est encouragé par les politiques publiques, les incubateurs et les partenariats université-industrie. Le rôle de ces acteurs est double : d’une part, apporter des solutions innovantes aux grands chantiers et, d’autre part, favoriser la localisation des compétences tout en réduisant la dépendance technologique.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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