
La place Moulay Hassan à Essaouira a vibré, jeudi soir, aux rythmes d’un concert envoûtant dans le cadre de la 26e édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, signant une ouverture sous le signe de l’Afrique vivante, de la ferveur spirituelle et de l’énergie partagée.
Lors d’un show captivant, la figure emblématique du répertoire gnaoui, Maâlem Hamid El Kasri a entamé la soirée en s’associant à la puissance rythmique de la compagnie sénégalaise Bakalama, l’une des grandes références des danses et percussions traditionnelles d’Afrique de l’Ouest, accompagnée des voix singulières de la jeune talentueuse Abir El Abed et Kya Loum.
Ensemble, ils ont tissé un pont musical vibrant entre les rives de l’Atlantique, mêlant traditions de transe marocaine aux polyrythmies complexes des sabars sénégalais. Sous un tonnerre d’applaudissements, les artistes ont enrichi la scène d’une touche vocale vibrante, formant ensemble un tableau artistique impressionnant, tissé de sonorités diverses mêlant spiritualité marocaine, rythmes traditionnels et musique contemporaine.
Par la suite, le public a été au rendez-vous avec le Maâlem Houssam Gania, héritier de la grande tradition gnaoua par son père l’inoubliable Mahmoud Gania, et qui représente la nouvelle génération d’une musique ancestrale en perpétuel mouvement.
Les compositions du Maâlem Houssam Gania, imprégnées d’un esprit authentique issu du patrimoine gnawa, ont suscité une vive interaction avec le public, qui a été profondément touché par l’intensité de sa présence, notamment lors de l’interprétation de chants traditionnels, marqués par des moments d’enthousiasme qui ont fait de sa prestation une immersion totale reflétant l’essence même du festival en tant qu’espace de rencontre et de fusion culturelle.
Face à lui, Marcus Gilmore, prodige américain et l’un des batteurs les plus inventifs du jazz contemporain, qui a apporté la finesse rythmique et la modernité de ses compositions. Collaborateur de géants tels que Chick Corea, Esperanza Spalding ou encore Steve Coleman, Marcus Gilmore a allié virtuosité technique, audace rythmique et ouverture stylistique.
Les deux ont formé une conversation libre et inspirée, entre les percussions profondes du guembri et la sophistication des métriques jazz.
Au total, ce sont 350 artistes, dont 40 Maâlems gnawa, qui participent à cette édition, livrant des performances audacieuses sur les scènes les plus emblématiques d’Essaouira à travers des fusions musicales inédites.
Pendant trois jours, des voix venues d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie et de la région des Caraïbes se rencontreront dans une célébration vivante de la diversité et du dialogue culturel.
Depuis 1998, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira rayonne par sa capacité à conjuguer héritage et modernité, tradition et innovation.
En investissant dans la formation, la recherche et la création, il contribue à structurer un véritable écosystème culturel marocain et africain, tout en offrant au public des expériences musicales rares et inoubliables.
S.L.