Sport

Mohamed Lahna, un athlète d’exception aux Jeux paralympiques de Rio

Son handicap n’en est plus un. C’est ce postulat qui résume la vie et carrière de Mohamed Lahna, premier paratriathlète marocain et africain. Après avoir remporté de nombreuses compétitions, dont la Coupe du monde de paratriathlon à Edmonton en 2013, ce champion s’apprête à rejoindre Rio pour participer aux épreuves du triathlon des Jeux paralympiques qui débuteront le 7 septembre.

L’athlète de haut niveau Mohamed Lahna est d’abord un homme simple et généreux. Il répond à nos questions sans détour, avec un sourire dans la voix et une fierté modeste. Pourtant ce Marocain de 34 ans, père de trois enfants, né sans fémur à la jambe droite, aurait de quoi se vanter. L’homme compte à son actif plusieurs victoires dans des évènements sportifs internationaux depuis ce premier triathlon sprint couru en 2008 et qui « a en quelque sorte lancé ma carrière » se souvient-il.

En 5 ans à peine, Mohamed Lahna décroche la place de Vice champion du monde de paratriathlon à Pékin en 2011 et gagne la Coupe du monde de paratriathlon à Edmonton en 2013. Il a par ailleurs relevé de nombreux défis dont l’Ironman de Hawaï (voir encadré), celui de Zurich, la traversée du Détroit de Gibraltar à la nage, le Marathon des Sables… Un palmarès impressionnant pour celui qui, enfant était privé de cours de gym à cause de son handicap « j’étais toujours obligé de regarder les autres en m’asseyant sur le bord de touche », raconte-t-il.

La force de la volonté


Il a 11 ans quand l’espoir d’une vie d’athlète nait en lui. Cette année-là, il rencontre Abdeljalil El Biyar, unique médaillé marocain ? paralympique de natation en 1988 à Séoul. En lui, il trouve un modèle de volonté et d’abnégation. A force d’entrainements et d’une volonté tenace, Mohamed Lahna, plonge aussi dans le bassin, épaulé par son père, son entraîneur Hamid Mounacef et l’Organisation Nationale des Handicapés « Idmaj » . Quelques années plus tard, il remporte son premier championnat national de natation handisport.

Il nage mais le triathlon est encore inimaginable à l’époque. « Je ne pensais pas un jour courir, encore moins faire du vélo » confie-t-il, amusé. De plus, le triathlon est un sport coûteux, davantage en handisport. C’était sans compter sur le soutien du Service des Anciens Combattants de l’ambassade de France à Casablanca, en particulier son ami Patrice Ascargorta qui devint dès lors son prothésiste attitré.  Ce dernier lui a fabriqué toutes ses prothèses de marche et de course à pied. Mohamed Lahna peut désormais courir et se diriger vers le triathlon. Sa première compétition dans cette épreuve en 2008 est un « échec ». A défaut de matériel adapté, Mohamed finit la course en fauteuil roulant. Un moment douloureux qui n’arrête pas le jeune homme. Ajustement de la prothèse, intensité des entraînements, il poursuit son parcours de paratriathlète sans jamais fléchir. En 2009, Il remporte le triathlon de Larache, se classe 8e au Half-Ironman de San Diego, occupe la 4e place du Championnat du monde de Triathlon handisport à Budapest. En 2011, c’est le titre de vice-champion du monde de paratriathlon à pékin en 2011.

Du Maroc aux USA

Mais pour une qualification aux Jeux olympiques de Londres qui ont lieu l’année suivante, ces performances ne suffiront pas. « Quelques séances hebdomadaires ne permettent pas de percer à l’international » nous dit Mohamed. Pour espérer atteindre un jour son rêve olympique, le paratriathlète démissionne de son poste de directeur artistique dans une agence de communication au Maroc et émigre aux Etats-Unis où il disposera d’infrastructures d’entraînement adaptées et sera encadré par un coach sportif à temps plein. Si Mohamed Lahna se sent marocain avant tout et qu’il aime son pays pour y avoir tout vécu, le pire comme le meilleur, il n’a pas d’autre choix que de partir: « Le Maroc regorge de potentiel notamment en athlétisme, en basket-ball et autres activités (…) Néanmoins, les résultats demeurent très limités. Il y a une différence de considération entre les sports à haut niveau pour handicapés et les sports pour valides », résume-t-il. Il dénonce également « un manque de visibilité » pour les athlètes, des infrastructures « pratiquement inexistantes », un « manque d’investissement » de la part des autorités compétentes. Il insiste particulièrement sur le principal facteur qui ralentit selon lui le développement du handisport au Maroc, à savoir la « perception du public ».

Le podium à tout prix

C’est aussi pour cette raison que Mohamed veut absolument « monter sur le podium olympique ». Cela représente bien plus qu’une simple ambition personnelle. Mohamed Lahna veut inspirer les jeunes Marocains, handicapés ou pas. Il veut les pousser à croire en eux et en leurs rêves. « Il ne faut pas avoir peur d’être différent, de commencer, d’innover… Cela sera difficile, il y aura des obstacles, mais il faut persévérer », assène-t-il.
Quant aux Jeux paralympiques de Rio qui démarrent le 7 septembre 2016, Mohamed a travaillé dur pour décrocher son ticket. « Mon programme d’entrainement est exigeant avec deux à trois séances quotidiennes de natation, vélo et course à pied », nous dit-il. Si Mohamed  confesse une certaine « pression positive » à la veille de son arrivée au Brésil, il rappelle qu’il a toujours pu compter sur l’appui de sa femme, ses deux enfants et ses amis et tient à rappeler : « Jamais je n’y serais arrivé sans eux ». Il mentionne par ailleurs le soutien inestimable de son club Alameada O.N. Triathlon Team et de ses nombreux sponsors, sans lesquels il n’aurait jamais pu remporter ou participer à de nombreuses compétitions.

Aujourd’hui, son pari est presque réussi. Mohamed Lahna est l’un des derniers espoirs du Maroc de décrocher une médaille d’or aux Jeux de Rio. Go Mohamed !

A. Alaoui

L’Ironman, une épreuve herculéenne

L’Ironman est un format extrême du triathlon. Réputé dur et éprouvant, il attire chaque année des centaines de participants, partout dans le monde. L’épreuve totalise une distance considérable de 226 km, dont 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme puis une course à pied d’une quarantaine de kilomètres.

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