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Mehdi Reddad: « Je suis né et j’ai grandi au Maroc »

Mehdi Reddad. Candidat dans la 9e circonscription des Français de l’étranger / Entretien diffusé dans Les Inspirations ÉCO le 31 mai 2022.

Mehdi Reddad se dit le candidat de l’ancrage local face aux parachutages parisiens. Pour lui, c’est le meilleur moyen de défendre les intérêts de la diaspora française à l’étranger.

Après votre élection en tant que conseiller consulaire à Casablanca, vous avez l’ambition de devenir député dans la 9e circonscription. Qu’est-ce qui motive cette décision ?
Parce ce que c’est la continuité logique de mon engagement au service des Français d’Afrique. Je veux qu’on change définitivement le regard qu’on porte sur nos Français de l’étranger. Aujourd’hui, je sais qu’ils se posent cette question lancinante : qu’est-ce qu’être Français de l’étranger ? J’ai compris aussi leur lassitude de voir toutes ces strates d’élus, du Sénat aux conseils des Français de l’étranger (FDE), qui semblent impuissants à faire bouger les lignes. Alors, je veux ici les rassurer : nous sommes la richesse de la France à l’international et nous avons la possibilité d’influer sur les décisions politiques, grâce à notre force collective que nous devons apprendre à mieux mobiliser pour peser, vis-à-vis de l’Exécutif ou encore de l’administration.

Quels sont vos liens avec cette circonscription ?
Je suis un enfant de la 9e. Je suis né et j’ai grandi au Maroc, et cela fait maintenant six ans que je suis au plus près des problématiques politiques de la zone, depuis que j’ai structuré les comités de La République En Marche partout dans la zone. Il y a un an, lorsque j’ai été élu conseiller consulaire à Casablanca, j’ai tout de suite mesuré l’immensité de la tâche. Nos Français de la 9e ont des urgences, des besoins qui ne peuvent plus attendre des déclarations d’intention venant de personnes, qui, habituées à faire carrière sur les schémas anciens, ne nous connaissent pas vraiment.


Ce fut ma première élection, et mes compatriotes m’ont élu car je suis comme eux, un Français de l’étranger, ayant choisi d’aimer la France depuis l’Afrique. Depuis cinq ans aussi, j’ai pu mieux les connaître en sillonnant le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest à leur rencontre. De Casablanca à Dakar, en passant par Tunis, j’ai pu admirer, toucher du doigt la richesse française de l’étranger.

Entrepreneurs, enseignants, chercheurs, artistes, étudiants, nous sommes les Français d’aujourd’hui et de demain, et nous contribuons tous les jours, parfois sans le savoir, au rayonnement de notre pays, grâce à l’infinie créativité de notre diaspora. Quand je regarde nos Français de l’étranger, plus que jamais, je pense que nous avons une certaine idée de la France en commun.

Dans quelle mesure votre mission de conseiller consulaire vous a-t-elle permis de comprendre les préoccupations de vos compatriotes ?
C’est un mandat d’élu local que je suis fier de porter, un mandat bénévole au service de nos compatriotes. Il m’a permis d’être en première ligne des préoccupations des Français. Sur l’éducation, la santé, les services publics à travers les services consulaires, pour être au service de nos compatriotes installés ici. J’ai pu toucher du doigt les difficultés qu’ils rencontrent, eux, et également nos amis marocains. Il y a beaucoup de choses à faire. Il nous faut un candidat de l’ancrage local, face aux parachutages parisiens, afin de défendre au mieux nos intérêts.

Si vous êtes élu, quel genre de député serez-vous ?
Il faut être un député de l’ancrage d’abord. Il faut arrêter de parachuter des «touristes de la République» qui trouvent, dans les circonscriptions des Français de l’étranger, un point de chute de luxe. Ensuite, sur la question du mandat proprement dit, disons-le, un député seul ne peut pas faire bouger les lignes. Les problématiques des Français de l’étranger sont trop souvent diluées dans des politiques publiques et des débats nationaux.

Pour que l’on puisse biper dans le radar de l’Exécutif, je propose de former une task force d’élus qui pèse véritablement sur le processus législatif. Nous sommes paradoxalement la population la mieux représentée, entre le Sénat, les conseillers consulaires, et l’Assemblée nationale (sans parler de l’Assemblée des Français de l’étranger), mais nous sommes les moins écoutés. Je veux rationaliser cette forte représentativité pour qu’elle soit efficace.

Qui sont vos soutiens dans cette campagne pour les législatives ?
Ma campagne a, en réalité, démarré dès que j’ai participé à la réélection du président de la République. Avec nos comités d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe, nous avons pu parler à nos compatriotes qui, convaincus du projet présidentiel, s’inquiétaient déjà de l’après. C’est-à-dire qu’une fois le temps électoral terminé, ils avaient peur d’être oubliés. J’ai donc mesuré les défis qui attendent nos Français dans cette zone et, comme pour leur donner de l’espoir, j’ai décidé d’acter ma candidature en lançant un périple sur les traces d’Antoine de Saint-Exupéry.

Cet aviateur pionnier, ambassadeur de l’aéropostale, qui avait fait rayonner un certain dépassement de soi français. Ce voyage initiatique m’a permis de rencontrer nos compatriotes dans différentes escales : le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Et à chaque fois, nous avons pu, avec mon équipe, percevoir l’envie de nos compatriotes d’un (véritable) renouvellement des élus. C’est ce que je veux incarner. À chaque étape aussi, les soutiens s’agrègent et me donnent une énergie incommensurable pour continuer à convaincre.

Quels sont les dossiers qui vous semblent les plus urgents à traiter ?
Je suis candidat avec des convictions auxquelles je suis, plus que jamais, attaché. Étant la plus grande circonscription consulaire d’Afrique, Casablanca constitue un challenge pour moi, avec l’impérieuse nécessité de développer des idées qui peuvent très bien être dupliquées partout dans la 9e circonscription. Je pense toujours qu’il faut rendre à notre diaspora sa dignité pour qu’elle vive pleinement et fièrement sa citoyenneté, car l’une va de pair avec l’autre.

Je juge aussi que la lutte contre les lenteurs administratives, notamment consulaires, doit être notre grande priorité, et que la réponse au coût de l’école se trouve, avant tout, au niveau local, qu’il faut donc lui donner les moyens de se développer. Il me paraît impérieux de rebâtir une nouvelle architecture consulaire, plus dématérialisée et agile, et, pour cela, d’investir dans notre outil diplomatique qui ne cesse de s’éroder.

J’estime impératif de nouer une solidarité rénovée pour mieux aider les Français en difficulté dans notre zone si vaste. Enfin, je considère toujours que l’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique nous obligent à repenser notre modèle de développement, et que les Français de l’étranger peuvent, et doivent prendre part à cette transition du siècle. Car c’est aussi cela la France en commun.

En Europe, mais aussi en Afrique et dans le monde, le multilatéralisme se désintègre toujours un peu plus, la logique des blocs géopolitiques revient en force, et cela crée non seulement une grande inquiétude, mais aussi un grand trouble chez nos compatriotes de métropole et de l’étranger. Il nous faut faire face à ce contexte mouvant non seulement par des idées fortes, mais aussi par un renouvellement profond des élus ainsi que des méthodes de conception de nos politiques publiques.

Fatima El Ouafi

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