Fortes précipitations : la DGM fait le point sur la situation météorologique au Maroc

Le suivi des phénomènes météorologiques et la prise des mesures préventives figurent parmi les missions de la Direction Générale de la Météorologie (DGM) et ce, dans le but de préserver l’intégrité physique des personnes et protéger par anticipation les infrastructures dans le pays.
Dans une interview accordée à la MAP, Lhoussaine Youabd, chef du Service partenariat et communication de la DGM, répond à cinq questions sur la situation météorologique au Maroc en rapport avec cet épisode de fortes précipitations, le système d’alerte ou encore les précautions à prendre.
Il dresse, aussi, un panorama de la situation météorologique au Maroc, des prévisions de perturbations persistantes et de leur lien avec le changement climatique.
1 – Quel état des lieux dressez-vous au sujet de l’intensité de cet épisode météorologique hivernal en comparaison avec les taux de précipitations habituelles ?
Il convient de noter que si cette situation météorologique se distingue par son intensité, elle ne constitue pas pour autant un phénomène exceptionnel, étant donné que les dépressions hivernales font partie du climat du Maroc en ce mois de décembre et sont le résultat d’un système dépressionnaire isolé en altitude au-dessus du pays, associé à une masse d’air particulièrement froide dans les couches supérieures de l’atmosphère.
Mais ce qui est inédit, c’est que ces fortes précipitations surviennent après six années consécutives de sécheresse, outre la conjugaison de plusieurs phénomènes.
Ce type de configuration a favorisé d’abondantes chutes de neige, de fortes pluies en un laps de temps très court, ce qui a impacté les infrastructures et la mobilité.
2 – Est-ce qu’il existe des indicateurs scientifiques sur la durée des perturbations météorologiques et quels sont les scénarios possibles ?
La situation météorologique sera instable pendant cette semaine en raison de la persistance d’une masse d’air particulièrement froide dans les couches supérieures de l’atmosphère avec en perspective des précipitations et des averses orageuses dans les plaines nord et centre, le Rif, l’Atlas ainsi que d’importantes chutes de neige dans l’Atlas et le Rif sur les hauteurs de plus de 1400 mètres.
Une amélioration progressive est attendue jeudi et vendredi, bien que des précipitations dans l’extrême nord et l’Est du pays soient prévues et aussi des chutes de neige dans le Moyen Atlas et les températures froides persisteront dans les montagnes, le Sud-Est et les hauts plateaux.
A partir de samedi, on s’attend à un retour des pluies en raison d’un nouvel épisode dépressionnaire.
Cela dit, le scénario le plus plausible privilégie une succession d’épisodes d’instabilité et de relative stabilité avec la possibilité de formation de dépressions d’altitude isolées, ce qui donnera lieu à des précipitations et des chutes de neige surtout dans les zones montagneuses, le nord et le centre du pays. La persistance des températures froides notamment dans les montagnes est également prévue.
3 – Y a-t-il un lien de causalité entre les fortes précipitations enregistrées dans le pays et les changements climatiques ? Et comment évaluez-vous le risque auquel s’expose le pays ?
D’un point de vue scientifique, le Royaume est exposé ces dernières décennies à des épisodes alternant des précipitations en un laps de temps court contre de longues périodes de sécheresse. Une situation qui favorise la précarité face aux crues inopinées et les fortes chutes de neige quand bien même la quantité totale soit proche du taux de pluviométrie annuel.
Je cite à l’appui le dernier rapport de l’Indice de performance Climatique (IPCC) qui relève que le Maroc est exposé comme ses voisins méditerranéens aux impacts du changement climatique comme les phénomènes extrêmes notamment les fortes précipitations.
4 – Comment fonctionne les systèmes d’alerte précoce notamment dans les prévisions des crues soudaines ?
La Direction Générale de la Météorologie dispose d’un système d’alerte météorologique performant avec 44 centres provinciaux, 430 stations de détection automatiques, des radars, des images de satellite et autres outils efficients qui permettent de suivre minute par minute l’évolution de la météo.
Concernant les inondations soudaines, il s’agit d’évaluer l’intensité des pluies en un temps assez court et non pas en considération des quantités de pluie enregistrées en une journée, ce qui permet de lancer des alertes selon le niveau de risque.
5 – Quels sont les messages que vous souhaitez adresser aux populations face à cette situation ?
Face à ces conditions météorologiques particulières, la DGM appelle à une vigilance accrue en tenant seulement compte des bulletins météo et d’alerte officiels. Il faut aussi éviter les déplacements non indispensables, surtout dans les zones exposées aux fortes pluies et chutes de neige. Il est également fortement déconseillé de traverser des routes ou passages inondés et de s’approcher des oueds, dont le niveau peut monter brusquement.
Dans les montagnes, il est déconseillé de s’en approcher pendant et après les chutes de neige. Il faut aussi ne pas aller aux plages et autres ports de plaisance après le lancement d’un bulletin d’alerte. Une interdiction qui concerne également les pêcheurs traditionnels. Et pour conclure, il convient de noter que la limitation des dégâts est tributaire de la performance de la détection des risques, l’anticipation ainsi que le niveau de sensibilisation des populations.









