Intempéries au Maroc: les explications d’un climatologue

Les fortes précipitations enregistrées ces dernières semaines au Maroc s’expliquent par une combinaison de mécanismes climatiques à l’échelle planétaire et régionale, dans un contexte où le réchauffement climatique contribue à renforcer l’intensité des épisodes pluvieux, a affirmé le climatologue Dr. Mohammed-Saïd Karrouk.
Dans un entretien accordé à la MAP, Karrouk a expliqué que la situation actuelle s’inscrit d’abord dans le fonctionnement normal du système climatique, influencé notamment par le rôle des océans dans l’alimentation énergétique de l’atmosphère.
Selon lui, l’entrée en phase de « La Niña », associée à une baisse de l’énergie transmise vers l’atmosphère, affaiblit l’anticyclone des Açores, un système qui joue un rôle majeur dans la circulation atmosphérique affectant le Maroc et l’Ouest méditerranéen, précisant que cette configuration favorise l’installation d’une oscillation nord-atlantique négative, ouvrant la voie à l’arrivée de masses d’air froid vers la région.
Le spécialiste a souligné que la rencontre entre cet air froid et une atmosphère plus chaude et humide peut engendrer des perturbations prononcées, parfois sous forme de “goutte froide”, un phénomène susceptible de provoquer des averses orageuses et des précipitations abondantes, concentrées dans le temps et l’espace, ce qui complique la capacité des territoires à faire face aux fortes intempéries.
Karrouk a rappelé que de tels épisodes ne sont pas nouveaux dans l’histoire climatique du Maroc, évoquant notamment des inondations majeures survenues dans le passé, dont celles enregistrées à Casablanca en 1996, ainsi que d’autres épisodes marquants ayant touché plusieurs régions à différentes périodes.
Il a toutefois relevé que ce qui change aujourd’hui, dans un contexte de réchauffement climatique, réside dans l’amplification des contrastes thermiques entre masses d’air chaud et froid et dans l’augmentation de la vapeur d’eau disponible dans l’atmosphère, ce qui peut rendre les pluies plus intenses lorsqu’elles surviennent.
Sur le volet de la prévention, le climatologue a estimé que les infrastructures urbaines, conçues selon des normes anciennes, peinent à absorber des volumes d’eau devenus plus importants, soulignant la nécessité de renforcer la réhabilitation des réseaux et l’anticipation, en intégrant mieux les cours d’eau dans l’aménagement du territoire.
Par ailleurs, le climatologue a souligné que ces précipitations contribuent à consolider les ressources en eau, en particulier à travers l’alimentation des barrages, ce qui peut soutenir des projets, notamment en agriculture et dans plusieurs secteurs dépendants de l’eau.
S.L.









