Chambre des représentants: journée d’étude sur la valorisation du travail domestique des femmes au Maroc

La valorisation du travail domestique des femmes au Maroc a été au centre d’une journée d’études organisée mercredi par la Chambre des représentants, en partenariat avec le ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).
Organisée avec le soutien de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, cette rencontre, qui avait pour thème « Valorisation du travail domestique des femmes au Maroc : de la reconnaissance à l’autonomisation », a pour objectif d’ouvrir un débat sur les moyens de passer de la reconnaissance théorique de la valeur de ce travail à l’autonomisation économique et juridique effective des femmes, à travers une approche globale qui touche aux dimensions juridiques, économiques et sociales.
À cette occasion, le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, a souligné dans une allocution lue en son nom par la vice-présidente, Zina Idhali, que « le Maroc a franchi des pas importants dans le domaine de la promotion et de la consolidation des droits des femmes, comme en témoignent une série de réformes constitutionnelles et législatives, ainsi que des programmes, des politiques et des initiatives importants visant à consacrer les principes d’égalité et de parité et à créer un environnement favorable à l’autonomisation des femmes à tous les niveaux ».
Il a souligné le lancement dans ce cadre d’une dynamique nationale ambitieuse autour de l’économie du care, à travers un certain nombre d’initiatives efficientes visant à valoriser la contribution des femmes au développement des ressources familiales et à reconnaître leur rôle économique au sein de la famille, dans le cadre d’une vision globale portant sur le renforcement de l’autonomisation des femmes et l’élargissement de leur participation économique.
Le président de la Chambre des représentants a relevé que le travail domestique est actuellement l’un des domaines les plus importants dans lesquels les femmes sont confrontées à des défis structurels multidimensionnels, car elles assument la majeure partie des tâches liées à la prise en charge des enfants, des personnes âgées et des personnes en situation du handicap.
Il a souligné que la reconnaissance de l’importance et du rôle du travail domestique passe par l’adoption de politiques et de programmes intégrés et efficaces encourageant la prise en compte des responsabilités familiales et des charges liées à la prise en charge.
Pour sa part, la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Naima Ben Yahia, a affirmé que les changements sociaux et économiques imposent de prendre en considération et de valoriser tous les efforts, quels qu’ils soient, et de reconnaître le travail non rémunéré accompli par des millions de femmes à la maison ou à l’extérieur, soulignant la nécessité d’aligner les lois sur les traités et conventions internationaux auxquels le Maroc a adhéré, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Elle a souligné que selon les données du Haut commissariat au Plan concernant le temps consacré au travail domestique montrent que les femmes consacrent environ cinq heures par jour à ce type de tâches, contre seulement 27 minutes pour les hommes, ajoutant que, sur la base du salaire minimum horaire, la valeur du travail domestique non rémunéré est estimée à environ 285 milliards de dirhams.
La reconnaissance et la valorisation du travail domestique constituent la pierre angulaire de toute réforme véritable visant à rendre justice aux femmes et à valoriser leurs efforts, a-t-elle estimé.
Dans le même ordre d’idées, la représentante du groupe de travail thématique provisoire sur l’égalité et la parité, la députée Nadia Tahami, a indiqué que la valorisation du travail domestique des femmes et la répartition équitable de ses charges ne constituent pas une exigence conjoncturelle, mais une orientation stratégique et une condition essentielle à l’édification d’une société productive.
Elle a souligné que l’approche juridique est une étape fondamentale pour la reconnaissance effective du travail domestique en tant qu’activité économique contribuant au produit national, à travers la reconnaissance de la valeur économique du travail domestique et la reformulation de ce concept dans le cadre de la justice sociale, plaidant pour la révision de la répartition traditionnelle des rôles au sein de la famille.
Pour sa part, la représentante du FNUAP au Maroc, Marielle Sander, a estimé que la répartition équitable des rôles entre les conjoints est un facteur essentiel pour renforcer la stabilité familiale soulignant que l’édification d’une société équilibrée nécessite la participation des femmes et des hommes dans différents domaines d’activité.
Elle a assuré que le FNUAP au Maroc continue de soutenir les efforts nationaux dans ce domaine en renforçant les capacités, en lançant des campagnes de sensibilisation, en mettant en lumière le travail non rémunéré et en formulant des recommandations pratiques et réalisables sur le terrain, en collaboration avec diverses institutions nationales, notamment la Chambre des représentants et le ministère de la Solidarité.
Pour sa part, l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, Enrique Ojeda Vila, a salué l’expérience marocaine en matière d’égalité, soulignant l’importance de la convention de l’Organisation internationale du travail sur les travailleurs domestiques de 2011, qui s’est attachée à mettre en évidence le temps « invisible » consacré au travail domestique, effectué principalement par les femmes et les filles, et à reconnaître la contribution importante des travailleuses domestiques à l’économie mondiale.
Il a également passé en revue les progrès réalisés en Espagne en matière d’adoption d’une pension de retraite qui reconnaît la valeur du travail domestique et familial accompli par de nombreuses femmes ainsi que l’intégration des travailleurs domestiques familiaux dans le système de protection sociale, à l’instar des autres salariés.
Au programme de la journée d’étude, qui a connu la participation d’experts, d’universitaires, d’acteurs de la société civile et de médias, figuraient deux séances dont la première porte sur « le cadre conceptuel et juridique du travail domestique non rémunéré », tandis que la seconde est axée sur le thème « vers des politiques publiques de valorisation du travail domestique non rémunéré ».










