Maroc

Digitalisation, internationalisation, employabilité : les forces motrices de développement

Face à la montée en puissance de la digitalisation, de l’internationalisation et de l’employabilité, l’enseignement supérieur marocain se trouve à un tournant stratégique. Ces transformations représentent autant de leviers pour positionner le pays comme un hub régional d’innovation et de savoir. En s’appuyant sur les technologies émergentes, en renforçant l’ouverture internationale et en dynamisant la recherche appliquée, le Maroc peut transformer son université en véritable moteur de croissance économique et de rayonnement continental.

C’est une profonde réflexion qui est aujourd’hui engagée sur l’avenir de l’enseignement supérieur. Pris dans un mouvement mondial où digitalisation, internationalisation et employabilité redessinent les contours de l’université, le pays tente de transformer son modèle pour en faire un levier de développement économique et d’innovation. Mais la route reste semée d’embûches.

La digitalisation, entre accélération et résistance
La pandémie de Covid-19 a marqué un tournant. En l’espace de quelques mois, les universités marocaines ont basculé vers l’enseignement en ligne, adoptant des plateformes numériques comme Moodle. L’hybridation des cours a ouvert la voie à une modernisation accélérée.

Pourtant, depuis deux ans, un retour en arrière s’observe. Les professionnels du secteur constatent qu’enseignants comme étudiants renouent avec les anciennes habitudes, révélant la difficulté à ancrer durablement les pratiques numériques. Or, actuellement une nouvelle onde de choc se profile, l’intelligence artificielle. Si son potentiel est immense pour l’apprentissage personnalisé et la recherche, elle pose des défis éthiques et réglementaires majeurs.

«L’enjeu pour les universités marocaines n’est plus d’adopter ces technologies, mais de les encadrer, en instaurant des guides pratiques et des cadres de régulation pour éviter les dérives », souligne Radouane Mrabet, professeur émérite de l’Université Mohammed V de Rabat, ancien président de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès et de l’Université Mohammed V Rabat Souissi.

L’autre force motrice, selon le professionnel, est la ruée vers l’internationalisation du secteur de l’enseignement supérieur, des campus et des filières. De nombreux efforts sont déployés pour attirer les universités internationales au Maroc et encourager la mobilité des étudiants comme des enseignants.

Toutefois, les résultats restent mitigés. Un point de blocage persiste au niveau de la diaspora marocaine. Hautement qualifiés, nombre d’expatriés hésitent à rentrer faute d’incitations suffisantes. Les garanties en matière de sécurité professionnelle et de perspectives de carrière demeurent limitées. L’attractivité du pays reste ainsi en deçà de ses ambitions, affaiblissant sa capacité à tirer parti de ses propres talents.

L’employabilité, défi majeur des universités
La massification de l’enseignement supérieur marocain contraste avec la faiblesse du tissu économique national. De nouvelles filières professionnalisantes ont vu le jour, mais leur portée reste restreinte par leur spécialisation et leurs coûts élevés. La récente décision ministérielle d’imposer un projet de fin d’études en entreprise pour les masters illustre cette tension.

Louable dans son principe, la mesure risque de se heurter à un obstacle de taille, celle de la pénurie chronique de stages. Faute de places disponibles, sa mise en œuvre pourrait se révéler problématique, accentuant les frustrations étudiantes. Pour le professionnel, la digitalisation, l’internationalisation et l’employabilité sont désormais reconnues comme des priorités stratégiques et que les responsables en sont pleinement conscients.

Gouvernance, un chantier inachevé
Au-delà de ces trois forces motrices, le Maroc doit affronter une question structurelle, la gouvernance de ses universités. La centralisation excessive empêche les universités d’innover et de réagir rapidement aux besoins du marché. Un modèle hybride d’autonomie responsabilisante est désormais prôné par Redouane Mrabet. Il reposerait sur des indicateurs de performance (qualité de l’enseignement, insertion professionnelle, gouvernance), une meilleure implication des acteurs internes (enseignants, étudiants, personnel administratif), et une supervision externe associant État, entreprises et société civile.

Par ailleurs, le financement de la recherche peut représenter un véritable levier. La création d’un fonds de recherche et d’innovation doté de cinq milliards de dirhams sur cinq ans est préconisé. Ce fonds ciblerait des domaines stratégiques tels que la gestion durable de l’eau, l’agriculture high-tech, les énergies renouvelables, la biotechnologie, ou encore l’intelligence artificielle, où le Maroc peut se démarquer et devenir un laboratoire d’innovations pour les pays du Sud.

En misant sur la digitalisation, l’ouverture internationale et l’employabilité, le Maroc pourrait non seulement combler ses failles persistantes, mais aussi transformer son système d’enseignement supérieur et de recherche en un modèle capable de rivaliser avec les meilleurs systèmes universitaires à l’échelle régionale et continentale africaine.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO


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