Un marché en effervescence entre innovation et durabilité

Le marché marocain des boissons non alcoolisées traverse une phase de transformation accélérée. Tirée par la demande pour des produits à faible teneur en sucre et un souci croissant de durabilité, la filière doit concilier innovation, maîtrise des coûts et adaptation. Une mutation qui redéfinit les règles du jeu pour l’ensemble des acteurs.
Dans les rayons, les bouteilles et canettes ne se ressemblent plus. Au Maroc, la manière de consommer les boissons non alcoolisées change à grande vitesse. Le consommateur d’aujourd’hui scrute la teneur en sucre, cherche des alternatives plus naturelles et se montre attentif à l’impact écologique de ses choix.
Cette évolution, portée par une nouvelle génération plus consciente, bouscule les équilibres d’un secteur longtemps dominé par les sodas traditionnels. Les industriels doivent donc s’adapter à une équation complexe où se croisent saisonnalité, hausse des coûts et impératif de durabilité.
Des habitudes de consommation en pleine mutation
Le Maroc suit une tendance mondiale où les boissons allégées et sans sucre gagnent du terrain. le marché marocain connaît une évolution notable autour de la teneur en sucre, avec une demande croissante pour des boissons allégées, sans sucre ou inspirées d’ingrédients plus naturels.
Les chiffres confirment cette tendance. Le segment des boissons énergisantes a progressé de 18% en 2024, illustrant l’appétit du marché pour des produits plus spécifiques et fonctionnels.
De son côté, le segment des eaux conditionnées reste leader parmi les boissons, représentant la catégorie la plus consommée dans le Royaume. Cette recomposition des préférences témoigne d’une nouvelle donne pour les industriels qui ne peuvent plus se contenter de capitaliser sur les produits stars d’hier.
La saison estivale, moment de vérité
Au Maroc, l’été est bien plus qu’une saison. Il constitue une véritable épreuve pour l’industrie des boissons. Les températures élevées, qui s’étendent désormais sur une longue période de mai à septembre, provoquent un pic de consommation décisif.
Cette saisonnalité impose deux leviers majeurs, d’abord la résilience logistique pour garantir la disponibilité des produits sur tout le territoire et puis l’investissement dans les capacités industrielles pour anticiper la demande. Cette combinaison devient indispensable dans un marché où les volumes explosent en été.
Selon les estimations, le marché marocain des boissons non alcoolisées représentait environ 1,51 milliard de dollars en 2024, avec une projection de 2,33 milliards d’ici 2030. Le volume total du marché s’est établi à 2,49 milliards de litres au troisième trimestre 2024. Ces chiffres soulignent le poids de la saison estivale comme levier de croissance mais aussi comme source de vulnérabilité pour les chaînes de production et de distribution.
Inflation et contraintes environnementales
La croissance du marché ne doit pas masquer une réalité difficile. La hausse des coûts de production, alimentée par l’inflation, pèse sur les marges. Le sucre, l’énergie et les emballages représentent des postes particulièrement sensibles.
Selon le HCP, l’indice des prix à la consommation des produits alimentaires et boissons non alcoolisées a enregistré une baisse de 0,7% en avril 2025, mais reste en hausse de 0,5% sur un an. Cette volatilité illustre la complexité à laquelle les industriels doivent faire face. Pour certains industriels, la compétitivité durable repose sur un équilibre entre efficacité industrielle et engagement environnemental.
De plus en plus d’entreprises investissent dans l’optimisation des processus de production, d’approvisionnement et de distribution afin de réduire les coûts et de gagner en agilité. Parallèlement, elles mettent en place des solutions responsables visant la réduction du plastique, l’amélioration de l’efficacité énergétique et une consommation d’eau mieux maîtrisée.
Ces efforts s’inscrivent dans une tendance mondiale où les marques ne peuvent plus ignorer l’exigence écologique et où des initiatives nationales ou internationales cherchent à renforcer la collecte et le recyclage.
Un marché à fort potentiel mais très concurrentiel
Au Maroc, le marché des boissons rafraîchissantes se distingue par la présence d’acteurs internationaux de premier plan, véritables locomotives du secteur. Fortes d’un savoir-faire mondialement reconnu, ces multinationales imposent leur maîtrise du marketing, de l’innovation et de la communication, tout en adaptant leurs stratégies aux spécificités locales.
Leur présence a largement contribué à dynamiser le marché, en imposant de nouveaux standards en matière de marketing, d’innovation et de distribution. Mais face à ces géants internationaux, quelques marques locales s’accrochent, jouant la carte de la proximité et de l’ancrage culturel pour séduire un public en quête d’authenticité. La concurrence se fait désormais sur plusieurs fronts : capacité à innover, stratégie tarifaire, image de marque et engagement sociétal.
Dans un paysage en pleine expansion, où le e-commerce gagne du terrain et où les boissons fonctionnelles s’imposent comme la nouvelle tendance, la transparence et la durabilité s’affirment plus que jamais comme les clés de la différenciation.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO
 
				









