Economie

ZLECAF : des opportunités sectorielles pour les investisseurs marocains

De l’agroalimentaire à l’automobile, en passant par l’aéronautique, le textile et l’industrie pharmaceutique, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est source d’opportunités pour les entreprises et exportateurs marocains. Tour d’horizon des secteurs les mieux placés pour en tirer profit.

«Tous les secteurs de l’économie marocaine pourront tirer profit de la ZLECAf». Aussi bien chez les officiels que les acteurs du secteur privé marocain, c’est la conviction la mieux partagée à chaque fois que l’on pose la question de savoir quels secteurs sont les mieux placés pour bénéficier des retombées de la zone de libre-échange continentale africaine. Autrement dit, la ZLECAf est jugée par tous, comme «une très bonne affaire» pour l’économie marocaine, mais surtout pour certains secteurs phares. «Pour être plus précis, je citerai les écosystèmes agroalimentaire, automobile, aéronautique, textile et pharmaceutique», répond Ali Zerouali, vice-président de la Commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). En effet, ces secteurs font partie de ceux qui tirent les échanges avec les pays partenaires du Maroc sur le continent.

Secteurs phares
Selon les derniers chiffres de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), la valeur globale des échanges commerciaux du Maroc avec les pays du continent a progressé de 9,5% en moyenne annuelle, pour avoisiner les 40 MMDH en 2019 (année référence avant Covid). Les exportations sont constituées essentiellement de demi-produits (31,5%), de produits alimentaires, boissons et tabacs (28,5%), de produits finis de consommation (16,9%), de produits finis d’équipement industriel (14,1%) et de produits d’énergie et lubrifiants (4,5%). Quant aux importations marocaines, elles sont davantage constituées de produits énergétiques (38,6%), alimentaires, boissons et tabacs (18,2%), des demi-produits (17,6%) et de produits finis de consommation (16,1%). Ce tableau, appliqué à régime de libre-échanges, montre à lui-seul ce à quoi devrait ressembler la structure du commerce une fois les barrières douanières supprimées.

Chaînes de valeur
Au-delà des opportunités sectorielles, «les entreprises marocaines pourront construire des chaînes de valeur industrielles complémentaires», fait-on savoir auprès de la CGEM. L’idée est de construire des écosystèmes industriels complémentaires arrimés aux chaînes de valeur mondiales. Et pour cela, l’idée est de miser sur le co-investissement aussi bien au Maroc qu’à travers les autres pays. De quoi également booster les IDE marocains sur le continent. Des IDE qui se sont établis à 5,4 MMDH en 2019, représentant ainsi 47% du total des IDE marocains à l’étranger. A ce propos, il faut rappeler que l’Afrique subsaharienne est la première destination des IDE marocains sur le continent. Les investisseurs marocains sont surtout présents en Côte d’Ivoire (13% des IDE à destination de l’Afrique), au Tchad (12%), au Sénégal (9%), mais aussi à Madagascar (7%), au Cameroun (4%) et en Ile Maurice (3%).

Macky Sall
Président en exercice de l’Union Africaine

Alors que notre Union célèbre son 20e anniversaire cette année, nous pouvons être fiers des progrès accomplis dans le cadre d’initiatives majeures telles que le NEPAD, (…), la ZLECAf et plus récemment notre riposte coordonnée contre la pandémie de la Covid-19.

Mohamed Arrouchi
Ambassadeur Représentant permanent du Maroc auprès de l’UA

La ZLECAf favorisera le commerce intra-africain de notre continent et une meilleure intégration dans les chaînes de valeur régionales dans des secteurs importants. Pour le Maroc et le reste du continent, la ZLECAf est une opportunité unique pour nos économies, qui permettra à nos opérateurs économiques d’explorer ce vaste continent et d’y accéder progressivement sans droit de douane.

Wamkele Mene
Secrétaire Général de la ZLECAf

Nous avons franchi plusieurs étapes importantes. Nous comptons 39 États parties à l’accord (…) Deuxièmement, nous avons atteint un accord d’environ 87,8% sur les règles d’origine, ce qui constitue un seuil de consensus très élevé. Une autre étape importante est que nous avons rendu opérationnel le protocole sur le règlement des différends.

En attendant la ratification de la ZLECAf par le Maroc

Plus d’un an après son entrée en vigueur, le Maroc, certes signataire de la ZLECAf, tarde encore à la ratifier. Selon plusieurs sources, le processus ne saurait tarder, car il pourrait considérablement contribuer à renforcer les échanges avec le reste du continent. Un exemple suffit à mieux mesurer l’impact positif attendu de la ZLECAf sur les interactions commerciales entre le Royaume et ses partenaires du continent. Si le Maroc ratifiait la ZLECAf, on oublierait sur le champ la taxe extérieure commune (TEC) de 35% appliquée dans l’espace CEDEAO. Les produits marocains pourraient ainsi entrer dans les pays membres de la CEDEAO ayant ratifié la ZLECAf sans droits de douane ! Et au vu de l’importance de la sous-région ouest-africaine, principale destination des exportations et des investissements marocains, il va sans dire que la ZLECAf est source de compétitivité pour les exportateurs marocains sur place.

Abdellah Ben Ahmed / Les Inspirations ÉCO


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