Culture

Forte mobilisation d’artistes marocains pour sauver le Ryad Piri Piri d’El Jadida

La Fondation Alliances de Casablanca accueille, du 30 mars au 10 avril une centaine d’œuvres d’artistes majeurs pour soutenir le Ryad Piri Piri, résidence d’artistes et siège de l’Association culturelle Limiditi-Temporary Arts Projects, menacée de fermeture. Rencontre avec son président Younes Baba-Ali.

Par Olivier Rachet

Fondée en 2016 par l’artiste Younes Baba-Ali, qui partage sa vie entre Casablanca et Bruxelles, et Nabil Bahraoui, citoyen engagé dans la préservation de sa ville natale d’El Jadida, l’Association Limitidi-Temporary Arts Projects s’est développée autour d’un ryad situé en plein cœur de la cité portugaise. A la fois maison d’hôtes et résidence d’artistes, l’espace est constitué d’une riche collection d’œuvres d’art et d’une bibliothèque évolutive consacrée à l’art contemporain. A travers un système émergent de dépôt-vente, le président de l’association se propose de «créer une intimité entre un public composé de touristes, d’amateurs ou d’artistes et des œuvres d’art». Défendre les jeunes artistes, tels que Simohammed Fettaka, Randa Maroufi, M’Hammed Kilito ou Mariam Abouzid Souali, est l’une des préoccupations majeures de l’association.

C’est une véritable passion que Younes Baba-Ali voue à la ville d’El Jadida dont la cité portugaise est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le cinéphile se souviendra qu’Orson Welles y tourna parmi les plus belles séquences de son film adapté de la pièce de Shakespeare, Othello. L’amateur d’art n’oubliera pas qu’y naquirent des artistes et intellectuels marocains aussi réputés que Chaïbia Talal, Driss Chraïbi ou le dramaturge Mohamed Saïf Afifi. La cité, que Younes décrit comme un «port culturel», a toujours été ouverte sur le monde extérieur: «C’est une ville ayant toujours eu une connexion avec l’ailleurs». Celui-ci se plaît à rêver, au gré de la conversation, de partenariats avec des villes telles que Lisbonne ou un pays émergent tel que le Brésil. Des liens ont commencé à être tissés avec des collectifs d’artistes, notamment en République démocratique du Congo, mais aussi avec des plateformes de recherche telles que l’Atelier de la Source du Lion, à Casablanca, dirigé par l’un des plus fidèles soutiens de l’association, Hassan Darsi.

« Génération Flash »

Trente-huit artistes, parmi lesquels figurent les grands noms de l’art contemporain: Mahi Binebine, Najia Mehadji, Hicham Benohoud, Faouzi Laatiris, Amina Benbouchta, Deborah Benzaken ou Khalil Nemmaoui, ont répondu avec enthousiasme à l’initiative de LIMIDITI, vivement soutenue par la Fondation Alliances pour l’organisation d’une exposition «flash» destinée à faire connaître et à pérenniser un projet indépendant ouvert sur le monde et l’art contemporain. Ces artistes, précise Younes, n’ont pas été choisis par hasard : « Ce sont des gens qui sont dans la même philosophie du partage que nous. » Quatre générations de créateurs seront exposées dans ce qui s’annonce d’ores et déjà comme un rendez-vous incontournable du printemps. Younes Baba-Ali en profite pour rappeler que les œuvres proposées à la vente resteront relativement accessibles. Le marché de l’art au Maroc est, on le sait, en pleine effervescence. Devenir collectionneur n’est sans doute pas à la portée de toutes les bourses, mais reste encore possible, avant que la cote de nombreux artistes ne se mette à flamber.

Exposition « Génération Flash » du 30 mars au 10 avril, Fondation Alliances, rue des Tamaris, Casablanca.

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