Démission de Sébastien Lecornu: l’impasse politique s’aggrave en France

Moins de 24 heures après avoir annoncé la composition de son gouvernement, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a présenté, lundi matin, sa démission au président de la République, Emmanuel Macron.
Dans un communiqué laconique, l’Élysée a officialisé la nouvelle sans fournir de précisions sur le successeur de Lecornu, ni sur la stratégie à venir.
«Monsieur Sébastien Lecornu a remis la démission de son Gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée », peut-on lire dans ce bref communiqué, qui a provoqué une onde de choc dans un paysage politique déjà profondément fragmenté.
Dimanche soir, l’Élysée avait annoncé la composition du gouvernement Lecornu, comprenant 18 ministres, en grande majorité issus de l’ancien cabinet de centre et de droite dirigé par François Bayrou.
Mais cette continuité a immédiatement suscité de vives critiques, y compris dans les rangs de la majorité présidentielle. Les Républicains (LR), pressentis comme alliés potentiels, ont dénoncé une reconduction sans réelle inflexion politique.
«La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise», a réagi Bruno Retailleau, président des Républicains, sur son compte X, quelques minutes après l’annonce.
«Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque demain matin le comité stratégique des Républicains», a-t-il ajouté.
Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre dernier après la démission de François Bayrou, avait pour mission de rétablir le dialogue avec les forces politiques et de bâtir une majorité susceptible de faire adopter le budget 2026. Mais dès l’annonce de son équipe, les critiques ont fusé, et les soutiens se sont dérobés.
Il devient ainsi le cinquième Premier ministre à quitter ses fonctions depuis le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron en 2022, après Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou — ce dernier ayant démissionné moins d’un mois auparavant, faute d’avoir obtenu l’adhésion de l’Assemblée nationale à son projet budgétaire.
Lors d’une brève déclaration à Matignon, Lecornu a expliqué sa décision : « Les conditions n’étaient plus remplies pour exercer mes fonctions de Premier ministre», a-t-il déclaré, dénonçant « les appétits partisans » responsables, selon lui, de l’enlisement politique.
L’ensemble des partis ont vivement réagi, dénonçant un malaise institutionnel profond. Certains, comme le Rassemblement National (RN) ou La France insoumise (LFI), appellent à la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale. D’autres plaident pour un gouvernement de coalition ou une réforme institutionnelle d’envergure.
Cette situation a également affecté les marchés financiers. L’indice CAC 40 enregistrait une baisse de près de 2 % lundi matin, tiré vers le bas par les valeurs bancaires et industrielles.
Les regards se tournent désormais vers le président de la République qui, selon les observateurs dispose de trois options : Nommer rapidement un nouveau Premier ministre, politique ou technocrate, pour tenter de relancer les consultations parlementaires, constituer un gouvernement de coalition nationale élargie, en s’ouvrant à des partenaires de droite comme de gauche pour bâtir une majorité de projet ou dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections législatives, une option risquée pour la majorité actuelle, mais qui permettrait de redonner la parole aux électeurs.
S.L.