Plus d’un quart des immigrés envisagent de quitter l’Allemagne

Près de 26% des immigrés en Allemagne, soit environ 2,6 millions de personnes, envisagent de quitter le pays, dont 3% ont des projets concrets de départ, selon une étude de l’Institut de recherche sur le marché du travail et les professions (IAB), relevant de l’Agence fédérale pour l’emploi.
Les principaux motifs d’émigration sont l’insatisfaction à l’égard des politiques publiques, la charge fiscale, la bureaucratie, ainsi que des raisons personnelles pour certains, précise l’étude, qui se base sur une enquête en ligne menée auprès de 50.000 immigrés en Allemagne, âgés de 18 à 65 ans.
L’étude ne prend pas en compte les demandeurs d’asile n’ayant pas encore obtenu un statut de séjour reconnu en Allemagne.
Les pays d’origine des immigrés, souhaitant retourner chez eux, sont principalement situés en Europe et au sein de l’Union européenne.
La Pologne est le pays de destination le plus souvent cité par ceux qui souhaitent partir, suivie de la Roumanie. Parmi les pays non membres de l’UE, la Turquie et l’Ukraine figurent également parmi les destinations fréquemment envisagées.
Concernant la rémigration vers un autre pays que celui d’origine, ce sont la Suisse, les États-Unis et l’Espagne qui sont principalement visés, indique l’IAB.
Environ 21% des personnes ayant des projets de départ souhaitent revenir un jour de manière durable en Allemagne, un tiers exclut cette possibilité, et près de la moitié reste indécise. Toutefois, 57% des personnes interrogées prévoient de rester durablement en Allemagne et ne comptent pas quitter le pays.
Selon l’IAB, la majorité de ceux qui envisagent de partir sont des migrants venus en Allemagne pour le travail ou la formation, mieux diplômés, plus économiquement intégrés et ayant une meilleure maîtrise de l’allemand, et ce sont également ceux qui pensent le plus fréquemment à quitter le pays.
Il s’agit précisément de la catégorie d’immigrés dont l’Allemagne a particulièrement besoin en tant que main-d’œuvre qualifiée, souligne l’IAB.
Parmi les personnes souhaitant quitter l’Allemagne, 30% à 39% travaillent dans les secteurs de l’information et de la communication, des services financiers et d’assurances, ainsi que des services aux entreprises.
Dans d’autres secteurs, particulièrement en tension, comme la santé et les services sociaux, l’industrie manufacturière, le commerce, les transports et la logistique, ce taux se situe entre 24% et 28%.
Pour Vanessa Ahuja, membre du directoire de l’Agence fédérale pour l’emploi en charge des affaires internationales, “le marché du travail allemand a besoin de main-d’œuvre qualifiée et de travailleurs issus de pays tiers pour qu’il continue de fonctionner”.
“Pour cela, il faut une réduction conséquente de la bureaucratie, une accélération de la transition numérique, des procédures de reconnaissance plus rapides et une acceptation large et sincère de la société”, a-t-elle souligné.