Maroc

Yassine Tazi : “La région s’engage pleinement dans la dynamique de développement économique”

Yassine Tazi
Directeur général du CRI Fès-Meknès

Pouvez-vous nous présenter un aperçu des mesures prises pour stimuler le développement économique de la région de Fès-Meknès sur le moyen et long terme ?
Sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc connaît une dynamique de transformation significative, mettant en exergue le rôle central des régions dans le développement économique du Royaume. Cette approche stratégique s’illustre dans la région de Fès-Meknès à travers des initiatives majeures déployées pour dynamiser l’économie régionale et renforcer son positionnement stratégique sur le long terme. Ces initiatives, qui englobent l’attraction d’investissements tant privés que publics, visent à instaurer un environnement propice à une croissance économique soutenue et durable. Leur mise en œuvre s’aligne parfaitement avec les ambitions du nouveau pacte national pour l’investissement, prévoyant la mobilisation de 550 MMDH d’investissements privés et la création de 500.000 emplois à l’horizon 2026. Ainsi, ces initiatives ne sont pas isolées, mais s’intègrent dans une vision plus large, démontrant l’engagement du Maroc pour un développement économique régional qui contribue activement à sa souveraineté.

Dans le cadre de ses missions de promotion et d’impulsion économique, le CRI Fès-Meknès a initié trois études stratégiques. Qu’en est-il ?
Ces études s’inscrivent dans la vision de développement économique de la région et visent à booster sa compétitivité économique. Leurs vocations sont complémentaires. La première étude, finalisée en 2022, porte sur la création de nouvelles zones industrielles et d’activité économique dans la région à l’horizon 2030. Il était question de dresser l’état des lieux des zones industrielles et des zones d’activité économique, de prendre connaissance des besoins exprimés par les investisseurs et de faire le rapprochement entre l’offre et la demande en foncier industriel, de services et professionnel. La deuxième étude porte sur la mise en place d’une stratégie de positionnement et de développement de la région à l’horizon 2035.

Grâce à une approche participative regroupant aussi bien les acteurs au niveau national (ministères, fédérations, offices, agences de développement…), que les acteurs de la région (wilaya, Conseil régional, Chambres professionnelles, CGEM, associations…), une vision de développement a pu être tracée. Elle a pour objectif de faire émerger un positionnement stratégique sur des écosystèmes à forte perspective de développement, en déterminant les secteurs et écosystèmes prioritaires à forte valeur ajoutée, en harmonie avec les atouts, les attentes des investisseurs nationaux et internationaux et les potentialités intrinsèques de Fès-Meknès. L’étude a ainsi permis de définir un positionnement de la région sur les écosystèmes présentant des avantages compétitifs, à savoir les branches agroalimentaire & plantes médicinales et aromatiques (PMA), tourisme & artisanat et enfin textile & cuir. Elle a aussi appelé au renforcement du positionnement sur les secteurs en cours de développement dans la région, à l’instar des industries de mobilité (automobile et ferroviaire) ainsi que sur de nouveaux secteurs à fort potentiel comme les industries créatives et digitales.


À la lumière des résultats de ces deux premières études, nous en avons lancé une troisième relative à la constitution d’un portefeuille d’une centaine de fiches-projets qui seront mises à la disposition des investisseurs à la recherche d’opportunités d’affaires. Chaque projet sélectionné, suivant son étude de faisabilité et business model, sera détaillé sous forme de fiche récapitulant les informations clés. Celles-ci intègreront les coûts des facteurs de production, les ratios de rentabilité, l’évolution du marché, ainsi que la complexité du projet et les incitations offertes. Ce projet, qui s’articule autour des secteurs phares prédéfinis au niveau de l’étude de positionnement et de développement économique de la région, prendra également en considération la disponibilité et la programmation de plateformes d’accueil adaptées selon le schéma et l’offre de valeur définis au préalable.

Quels sont les projets phares qui permettront à la région de s’affirmer en tant que hub des investissements, spécialement au niveau des secteurs porteurs que vous avez cités ?
La région de Fès-Meknès, quatrième contributeur à la richesse nationale, s’engage pleinement dans la dynamique de développement économique. Dans cette perspective, plusieurs projets structurants ont été implémentés dans le cadre de divers programmes, tels que le Programme de développement régional (PDR), contribuant à contractualiser les efforts d’investissement public au service de l’investissement privé. Ces projets, qui concernent l’ensemble des secteurs d’activité, contribuent notamment à enrichir l’offre en infrastructures et en plateformes d’accueil, renforçant le dynamisme du secteur productif et créant des emplois durables, stables et pérennes. Parmi ces projets, nous pouvons citer, à titre d’exemple pour le secteur de l’industrie, le lancement du parc industriel d’Aïn Cheggag, à Sefrou, qui s’étale sur 81 ha, et qui intègre un district cuir, la construction de la nouvelle Zone industrielle d’Aïn Bida à Fès sur 70 ha, la nouvelle Zone d’accélération industrielle de Aïn Cheggag sur 379 ha, dont 42 ha pour la première tranche, le projet de construction du parc d’exposition international (4 ha), le projet de construction de la zone industrielle Ouislane à Meknès (65 ha), ainsi que les projets de création de l’Écoparc Fès-Saiss (20 ha) et du Technopark de Fès (2 ha). Par ailleurs, le schéma régional de développement des zones logistiques, qui va de pair avec cette offre industrielle compétitive, complétera l’offre régionale avec sept zones logistiques sur une superficie de 365 ha. La première tranche de la zone logistique multiflux de Ras El Ma, à Moulay Yacoub, dont les travaux seront lancés début 2024, sera étalée sur 32 ha.

Quid des secteurs du tourisme et de l’artisanat ?
Dans l’objectif d’ériger le secteur de l’artisanat en un pôle de rayonnement artistique et un centre de production et de commercialisation par excellence, la région s’est engagée dans le renforcement de ses plateformes d’accueil, notamment à travers le projet de réaménagement de la zone d’activités artisanales de Benjellik (16 MDH), l’aménagement de la zone d’activités artisanales d’Aïn Bida (60 MDH), la construction du Centre de promotion et de commercialisation des produits de dinanderie à Aïn Nokbi (10 MDH), ainsi que le projet de réhabilitation et d’extension de l’Institut des arts traditionnels de Fès (60,5 MDH).

Concernant le secteur du tourisme, plusieurs chantiers structurants ont été lancés afin de valoriser les nombreux atouts de la région, notamment le projet d’aménagement touristique de Oued Fès (UAT) avec 4 hôtels et un Golf de 18 trous sur 60 ha, la construction d’un Palais des congrès de 1.500 places à Fès et l’aménagement de sites touristiques emblématiques (aménagement et animation de la Place de Boujloud, aménagement et valorisation de la grotte de Friouato à Taza, aménagement d’une station thermale à Rmila, requalification du parc naturel d’Aïn Vittel à Ifrane, aménagement des alentours de la forêt d’Aïn Chkef à Fès…).

L’objectif de ces projets structurants est d’impulser une dynamique socio-économique inédite dans la Région, ouvrant la voie à des retombées positives majeures dans les années à venir. Les efforts déployés se sont traduits par de premiers résultats remarquables, à travers un développement économique soutenu au sein de la région. En 2022, le Produit intérieur brut (PIB) régional a enregistré une croissance de 4,4%, dépassant la moyenne nationale. Parallèlement, l’emploi a connu une hausse notable, avec la création de 17.200 emplois au cours de la même année.

Sur quels atouts la région mise-t-elle pour porter son tourisme vers de nouvelles cimes ?
Il est important de noter que le tourisme joue un rôle significatif dans l’économie de la région, représentant près de 9% du PIB du secteur au niveau national. La région compte près de 500 établissements d’hébergement touristique, dont plus de 380 classés, offrant une capacité totale de 28.000 lits. En 2019, elle a enregistré 879.000 arrivées touristiques, dont 67% vers la ville de Fès.

La région connaît une dynamique positive du secteur, portée par son positionnement unique, la variété de ses produits touristiques (thermalisme, golf, éco-tourisme…), la richesse de son patrimoine culturel, matériel et immatériel, le développement du trafic aérien, grâce à l’ouverture de nouvelles liaisons internationales et à la mise en œuvre du chantier royal visant la réhabilitation et la mise en valeur des médinas. Vu son positionnement stratégique, au cœur des échanges économiques nationaux, Fès-Meknès fait partie des huit destinations touristiques identifiées dans le cadre de la Stratégie touristique nationale «Territoire Maroc centre». De plus, il est important de souligner que la région abrite à elle seule le tiers des sites classés au patrimoine mondial du Maroc, notamment la Ville historique de Meknès, la Médina de Fès et le Site archéologique de Volubilis.

Quel est l’objectif en termes de positionnement et des initiatives lancées dans ce sens ?
Il est clairement question de se positionner en tant que destination privilégiée des voyageurs en quête de culture, d’histoire et de bien-être, en mettant en avant la complémentarité entre les offres touristiques de Fès, Meknès et Ifrane. Pour atteindre cet objectif, la région a mobilisé plus de 1,3 MMDH d’investissements publics depuis 2015 en vue d’améliorer l’offre touristique. Dans le cadre du contrat-programme État-région 2020-2022, 19 projets structurants représentant une enveloppe totale de près de 950 MDH, ont été lancés. Ils visent à positionner Fès-Meknès en tant que destination touristique de premier plan.

Cette dynamique a également été portée par le secteur privé, qui contribue sur les volets du renforcement de la capacité d’hébergement et d’animation. Ainsi, sur la période 2022-2023, plus de 90 projets ont été examinés par la Commission régionale unifiée d’investissement (CRUI), et sont en cours de mise en œuvre. Ils permettront d’augmenter la capacité d’hébergement de la région de 4.300 lits, soit près du tiers de l’objectif à l’horizon 2030. Cette dynamique confirme ainsi la position de la région au 2e rang national en termes d’investissements dans les destinations culturelles.

Qu’est-ce qui est prévu pour renforcer les investissements touristiques privés ?
Une convention de partenariat, portant sur le programme d’impulsion de l’investissement touristique, a été signée en 2022 entre le ministère du Tourisme, la wilaya de la région, le CRI et la SMIT. Un plan d’action stratégique et opérationnel pour la relance de l’investissement touristique sur le moyen (2030) et le long terme (2035) sera ainsi élaboré. Il constituera un véritable plan Marshall, s’appuyant sur trois piliers : la densification de l’offre d’animation et de services, la mise à niveau et le renforcement de la compétitivité et le développement accéléré du produit d’hébergement touristique.

Par ailleurs, la nouvelle feuille de route de la Vision nationale 2026-2030 ambitionne de positionner le duopole de Fès-Meknès en tant que destination phare pour les filières de circuits culturels, city break et tourisme d’affaires. Parallèlement, Ifrane et ses environs, connus pour leur biodiversité, développeront la filière nature, trekking et randonnée. Dans ce cadre, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé en septembre dernier, dans l’objectif de faire concourir les investisseurs en vue de la réalisation d’hébergements en pleine nature, de projets d’animation et de restauration au niveau des clusters prioritaires identifiés, et de valoriser, in fine, les potentialités écotouristiques du Parc national d’Ifrane. L’ambition affichée est de tripler le nombre d’arrivées des touristes étrangers à fin 2030, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs de développement touristique à l’échelle nationale.

Plus globalement, quelles sont les principales incitations mises en place pour attirer encore plus d’investisseurs ?
La région de Fès-Meknès œuvre, via les pouvoirs publics et les acteurs du secteur privé, à atteindre les objectifs fixés, conformément à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour le développement de l’investissement privé, à travers la mise en place des prérequis, notamment en termes d’infrastructures, de plateformes d’accueil, de cadre incitatif, de capital humain et de cadre de vie, offrant ainsi les conditions propices et un environnement favorable pour drainer des investissements à fort impact socio-économique. Outre l’offre foncière attractive et multisectorielle au profit des investisseurs, la région a mis en place un éventail d’incitations, s’inscrivant en complémentarité avec les dispositifs nationaux, permettant de répondre aux besoins exprimés par les investisseurs.

Ainsi, trois dispositifs majeurs ont été instaurés, visant la différenciation et l’amélioration de la compétitivité de l’offre régionale. Afin d’encourager la souveraineté industrielle nationale, et en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, la wilaya de la région, le Conseil régional, la Chambre de commerce, d’industrie et de services (CCIS) et le CRI Fès-Meknès, un fonds régional de soutien aux investissements industriels a été créé. Il est doté d’une enveloppe de 55 MDH. Les projets sélectionnés bénéficieront d’un financement à hauteur de 10% du prix d’acquisition des machines et équipements industriels neufs, d’un financement des frais d’études et des expertises techniques, ainsi que d’une participation aux frais de formation du personnel recruté (emplois permanents) dans le cadre des projets.

La région a su par ailleurs mettre en place un régime incitatif attractif afin d’encourager la création d’emplois dans le secteur de l’offshoring, en complément des incitations existantes, telles que l’exonération de l’impôt sur les sociétés et des cotisations sociales, ainsi que les aides pour la formation. Les sociétés établies au parc Fès Shore bénéficient ainsi de deux dispositifs incitatifs, à savoir la prime à l’installation, à travers le fonds qui a été créé d’une enveloppe de 10 MDH. Il permet de financer les aménagements et les équipements des locaux des investisseurs dans le parc de Fès Shore. Le deuxième dispositif est la prime à l’emploi, à travers un fonds d’une enveloppe de 12 MDH. Il prévoit une subvention de 6.000 DH par emploi pérenne créé dans le secteur, avec un minimum de 100 emplois à atteindre.

Croissance à plusieurs vitesses

La note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP), relative aux comptes régionaux de l’année 2021, relève des disparités de taux de croissance du PIB entre les régions en volume. La nouvelle publication indique que quatre régions ont pu enregistrer des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale (8%). Il s’agit des régions de Fès-Meknès (12,7%), Béni Mellal-Khénifra (10,4%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (8,7%) et Marrakech-Safi (8,5%).

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

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