Maroc

Covid-19: une étudiante franco-marocaine raconte la situation à Taïwan (PHOTOS)

Alors que le virus se propage à grande vitesse en Europe et en Afrique, de nombreux pays en Asie sont parvenus à maîtriser la propagation du Covid-19. Non grâce à un remède, mais grâce à la discipline des citoyens. C’est le cas de Taïwan qui, à ce jour, enregistre 100 cas et un décès causé par le virus. Imane El Ouafi, jeune étudiante franco-marocaine à Tainan, raconte comment la situation à Taïwan a très tôt été prise au sérieux par les autorités qui ont appliqué des mesures de restriction à l’entrée du territoire, le rationnement dans la distribution des masques de protection ainsi que le traçage des personnes contaminées. 

Je suis arrivée à Taïwan en septembre 2019 pour entamer une année d’échange universitaire à la National Cheng Kung University à Tainan, dans le sud du pays. À mon arrivée, j’ai été frappée par le caractère très organisé, respectueux et chaleureux de sa population. Un semestre d’étude est passé et je suis rentrée au Maroc, mon pays natal, pour les vacances. Mais voilà, début janvier, tous les médias ont commencé à parler de ce nouveau virus qui fait peur, qui tue et pour lequel nous n’avons pas encore de remède. Mon entourage m’a déconseillé d’y retourner mais, ayant appris à connaître le pays, ses habitants et son système de santé, c’est en toute confiance que je suis repartie pour entamer le deuxième semestre d’étude.

À mon retour sur le territoire, des fiches nous été distribuées dans l’avion afin de connaître notre identité, notre itinéraire de trajet et notre suspicion d’avoir été exposé au virus. Il est aussi mentionné dans cette fiche que la diffusion de fausses informations expose les voyageurs à une sanction pénale à hauteur de 5 ans d’emprisonnement. Après l’atterrissage de l’avion à Taipei, la capitale du pays, la fiche est récupérée par deux agents qui prennent aussi ma température corporelle. Tous les agents qui travaillent à l’aéroport portent des masques, ainsi que les voyageurs taïwanais. Ce détail est important car, dans les autres pays, les habitants n’ont pas le réflexe de porter un masque. Je décide à ce moment de récupérer un masque dans ma valise et de le porter, jugeant cela nécessaire au vu de la situation et par respect des normes sociales du pays.

Une fois arrivée à Tainan (à 300 km de Taipei), ma ville de résidence, je remarque que de nouveaux dispositifs ont été mis en place. À chaque endroit public, une personne portant un masque contrôle la température à chaque entrée et sortie du lieu et nous écrivons notre identité sur une feuille. Nous recevons un tampon sur la main qui atteste que la température du jour a été prise, ce qui nous évite de réitérer l’opération plusieurs fois par jour. Aussi, des désinfectants pour les mains sont mis à notre disposition dans tous les endroits publics.

Taïwan, qui compte 23 millions d’habitants, a aujourd’hui fermé ses frontières aux pays les plus touchés par le virus, et seuls les résidents à Taïwan provenant de ces pays à risque peuvent y retourner, mais ils sont soumis à une quarantaine de 14 jours. J’ai fait la connaissance de deux Françaises qui avaient décidé de faire un voyage en Corée du Sud avant le début de leur semestre d’échange à Tainan. Elles ont dû revenir plus tôt car elles ont appris qu’une période de quarantaine allait leur être imposée.

Durant cette quarantaine, aucun contact avec une autre personne n’est autorisé: les personnes sont placées dans un dortoir et doivent remplir un tableau Excel s’ils souhaitent sortir pour prendre une douche ou chercher à manger. Ce tableau attribue des créneaux horaires qui permettent à chaque personne de sortir à un horaire où ils seront seuls. Les repas, le transport jusqu’au dortoir ainsi que l’hébergement ont été pris en charge par le gouvernement. 

La discipline, la clé de la lutte contre le virus 

Aujourd’hui, le 17 mars, j’ai appris qu’un premier cas a été enregistré dans mon université. Puisque l’élève concerné fait partie du département d’ingénierie, tous les étudiants –environ 500 personnes- ont reçu l’interdiction de sortir de chez eux: ils sont en «self-quarantaine» avec contrôle par géolocalisation. À ce jour, 100 personnes ont été contaminées et seule une personne est morte du virus. Mais, les gens semblent « zen » face à cette maladie. Les gens sont très disciplinés et appliquent à la lettre les recommandations des autorités. Les Taïwanais ne se ruent pas dans les magasins ou les pharmacies comme on a pu le voir en France, en Italie ou au Maroc. La distribution des masques est contrôlée et rationalisée. Impossible de faire de la spéculation, les sanctions prévues sont lourdes. Par ailleurs, tout le monde ne porte pas de masque, seules les personnes malades (enrhumées, grippées) ou fragiles le font.

En tant que Franco-marocaine, je qualifierai cette expérience d’inédite puisque que je suis tout près de la Chine et je me rends compte que la situation est mieux gérée qu’en France. J’ai l’habitude de vivre loin de ma famille mais le fait d’être à l’autre bout du monde, au sein d’une culture totalement différente, est assez déroutant au départ. Mais après quelques mois, j’ai mes repères et je suis totalement heureuse d’être ici. La vie à Taïwan est simple, je trouve, dans tous les sens du terme. On ne ressent pas autant cette peur du Covid-19 comme on peut la ressentir en France ou au Maroc car les dispositifs mis en place nous rassurent et fonctionnent. Je suis curieuse de découvrir le monde et un continent aussi éloigné, et cela m’a permis de m’enrichir et de voir le monde différemment. Du fait de sa taille, ce pays développé n’est pas très connu en Occident alors qu’il en vaut largement le détour. 

Source : Les Inspirations Eco


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