Années de plomb: Youssoufi sort de son silence 25 ans après
C’est jeudi 8 mars, jour de son 94ème anniversaire, que Abderrahman Youssoufi a décidé la parution de ses mémoires. L’ouvrage retrace les différentes étapes de la vie de l’ancien Premier ministre du gouvernement dit d’Alternance. Un nouvel éclairage concerne particulièrement sa détention pendant les années 90, connues sous le nom qui en dit long sur cette triste période: les années de plomb.
Les mémoires réservent des surprises, et de taille, dont « le mensonge »du Dr.Adelkrim El Khatib à propos du « complot du 16 juillet 1963 » à l’issue duquel Youssoufi a été arrêté, ainsi que 5000 autres personnes dans différentes villes du Royaume. Ceci, pour un soi-disant complot envers Feu le roi Hassan II. Et le fondateur du PJD avait prétendu être intervenu auprès des autorités afin que Youssoufi ne subisse pas de torture. El Khatibi avait même dit que le détenu avait pu obtenir une résidence personnelle en attendant le procès. Youssoufi s’inscrit en faux contre ces propos et écrit: « Que Dieu pardonne au Dr. Abdelkrim El Khatib! J’avais été interpellé comme les autres. Mon premier interrogatoire s’était déroulé au poste de police du quartier Maârif de Casablanca et le second au sinistre centre de détention de Derb Moulay Chérif ».
Les autres interrogatoires avaient eu lieu à Dar Mokri de sinistre mémoire, puis à la prison centrale de Kénitra et, au début du procès, à la prison de Laalou. « Feu Moumen Diouri était dans la même cellule que moi, ainsi qu’un autre détenu devenu fou des suites des tortures qu’il avait subies. Le procureur avait requis 15 ans de prison à mon encontre et le verdict final avait été de 2 ans avec sursis », raconte Youssoufi.
A rappeler que les mémoires de l’ancien Premier ministre du gouvernement de l’Alternance, en trois volumes, ont été rédigées par son ami et compagnon M’Barek Bouderqa, dit « Abbes ».
Larbi Alaoui
