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Non, la moitié des Marocains ne sont pas fous

« Un Marocain sur deux souffre de problèmes psychiatriques ». C’est la statistique-choc d’un article d’Al Ahdath Al Maghribia qui a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux.

L’article qui se base sur un ancien rapport affirme que « 48% des Marocains souffrent de problèmes psychiatriques ». Notons tout d’abord, histoire de nuancer ce rapport, que cette fameuse étude sur la santé mentale au Maroc date de 2007.

Pour le Pr Nadia Kadiri, qui a mené cette étude sous l’égide du ministère de la santé en collaboration avec l’OMS, « l’étude portait sur les troubles anxieux, les addictions, les troubles bipolaires » et « non sur les maladies mentales graves comme la schizophrénie », explique-t-elle à Le Site info.

Selon le Pr Omar Battas, médecin chef de Centre Psychiatrique Universitaire de Casablanca et membre du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme, « il ne faut pas faire dire aux chiffres plus qu’ils ne disent. Il y a certes une prévalence importante des troubles psychiques, mais il faut se garder de conclure que toute souffrance psychique conduit à une désocialisation ».


Autre son de cloche chez le Pr Jamal Eddine Ktiouet, psychiatre qui a roulé sa bosse dans la recherche biomédicale, « cette étude comporte de nombreux biais méthodologiques ».  Il dénonce par ailleurs « les interprétations erronées » et même « abusives ». À titre d’exemple, ce n’est pas parce qu’une personne présente un symptôme comme une anxiété, une dépression qu’elle est malade mentale. « Il est irresponsable de penser ainsi », souligne-t-il dans une déclaration à Le Site info.

Pour le Dr Jalil Bennani, psychanalyste auteur de nombreux ouvrages sur la santé mentale, « lorsqu’on parle de souffrance psychique, on fait référence aussi bien à l’anxiété qui inhibe la pensée et les actes, qu’à certaines dépressions ou à de simples insomnies… autant de souffrances qui peuvent toucher tout un chacun tout au long d’une vie. Les confondre avec les troubles psychiques graves nécessitant des prises en charge au long cours procède d’une dérive dangereuse ».
Et de conclure: « la gravité des interprétations abusives aboutit à stigmatiser non seulement la souffrance psychique, mais une grande partie de la population marocaine ». Alors, un Marocain sur deux souffre de problèmes psychiatriques? Vraiment?
Soufiane Laraki

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