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Kamal Oudrhiri, ce génie marocain qui est à la NASA

Kamal Oudrhiri, responsable du département des études planétaires à la NASA, se trouve au cœur d’un projet révolutionnaire de l’agence spatiale américaine, qui s’apprête à installer sur la Station spatiale internationale (ISS), un instrument doté de capacités inédites, jusque-là, lui permettant de créer l’environnement le plus froid de l’univers.

Conçu par le Jet Propulsion Laboratory de Pasadena (Californie) pour réaliser des expériences à basse température, cet instrument, baptisé « Laboratoire des atomes refroidis » (Cold Atom Lab, CAL), sera envoyé sur la station spatiale internationale dès le mois d’août prochain, précise la NASA sur son site internet officiel.

Dans une déclaration à la MAP, Kamal Oudrhiri, qui est aussi manager-adjoint de ce projet de haute portée scientifique pour le compte du Jet Propulsion Laboratory, explique que cette expérimentation « risque de reformuler notre perception de la matière et des lois fondamentales de la physique en général et celles de la gravité en particulier ».

Mettant à profit l’absence ou plutôt la cessation d’existence des lois régissant la physique classique pour être supplantées par la physique quantique, l’expérimentation prévoit de créer les conditions qui devraient donner lieu à un environnement dans lequel les atomes généreront une forme nouvelle de matière dotée des propriétés des particules et des ondes.

Pour ce faire, ledit instrument de la taille d’une glacière où se déroulera l’expérimentation consiste en plusieurs rayons lasers, une chambre vide et des « lames » électromagnétiques qui, ensemble, ralentiront les particules de gaz jusqu’à l’immobilité, sachant que la température n’est que la mesure de la vitesse de mouvement des atomes rapides et des molécules. En cas de succès, le CAL aura aidé à percer l’un des mystères les plus profonds de l’univers.

Trois prix Nobel participent à cette expérimentation, l’une des plus ardues d’un point de vue technique et scientifique, dont les résultats mèneront potentiellement à des améliorations technologiques liées notamment aux capteurs, aux ordinateurs cantiques, aux horloges atomiques et à la navigation spatiale, entre autres applications.

« Les atomes à température froide se transformeront ainsi en ondes, qui peuvent être utilisées pour une communication encore plus précise et plus rapide, ainsi qu’à l’amélioration substantielle des systèmes de navigation », fait observer M. Oudrhiri.

Pour lui, « c’est l’un des challenges scientifiques les plus exaltants, ne serait-ce que parce qu’il s’agira de recréer sur l’ISS les conditions d’une expérimentation déjà entreprise sur terre dans un espace de la taille d’une salle de dix mètres carrés, mais cette fois dans un instrument hyper-condensé à une échelle telle qu’on pourra le transporter dans une valise ».

Les scientifiques prenant part à ce projet comptent ainsi geler un gaz jusqu’à plus d’un milliard de degrés en dessous du zéro absolu. Cette valeur est 100 millions de fois plus froide que la température de l’espace. L’idée essentielle est d’examiner les phénomènes quantiques. Selon les modèles cosmologiques connus à l’homme jusqu’à nos jours, l’univers se compose à 27% de matière sombre et à 68% d’énergie sombre: la part de la matière « ordinaire » que la science est à même de trouver et d’étudier ne représente que 5%, précise Kamal Oudrhiri.

« Cela veut aussi dire qu’avec toutes les capacités qu’offrent les technologies actuelles, nous demeurons ignorants de quelque 95 pc de notre univers », explique encore Kamal Oudrhiri. « Tout comme la lentille du premier télescope de Galilée, les atomes ultra-sensibles du CAL présentent la potentiel de divulguer bien des mystères au-delà des frontières de la physique telle que nous la connaissons aujourd’hui », souligne encore le savant marocain.

Kamal Oudrhiri, qui travaille à la NASA depuis une vingtaine d’années, a joué un rôle clé dans de multiples missions de la NASA, notamment celles liées à l’engin d’exploration de Mars « Rovers », à la mission internationale « Cassini » pour la planète Saturne, à la mission lunaire « Grail », ainsi qu’au Laboratoire scientifique pour la planète Mars avec le robot « Curiosity » et la mission « Juno » concernant la planète Jupiter.

Fouad Arif


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