ChroniquesEn Continu

Retour imminent des « 3abaddine Ramdane »

Par Larbi Alaoui

Ce dimanche 7 avril coïncide, dans nos murs, avec le 1er du mois de Chaâbane 1440 de l’an de l’Hégire. Le mois sacré de Ramadan est donc bientôt à nos portes et il est prévu, selon le cycle lunaire, que le premier jour de jeûne sera le lundi 6 mai prochain ou le mardi 7.

Les préparatifs vont bon train pour accueillir, dans les conditions les meilleures, ce mois de piété, de recueillement, d’introspection et de pardon. Et comme d’habitude, deux franges de la société marocaines vont, pour quelques semaines, chambouler complètement le train-train du reste de l’année. C’est vous dire que le mois sacré de Ramadan est également un sacré mois!

Il s’agit d’abord de ceux que l’on appelle ironiquement « les adorateurs de Ramadan » (3abaddine Ramdane). Ce sont ces Marocain(e)s qui, pendant onze mois de l’année que Dieu fait, omettent pour une raison ou une autre le cinquième pilier de l’islam, à savoir la prière. Ces messieurs dames s’y mettent, comme par enchantement et repentance, à corps et coeurs perdus. Certains dès le mois de Chaâbane, d’autres pendant les 29 ou 30 jours du moins sacré de Ramadan, dont le jeûne constitue le quatrième pilier de la religion musulmane, après la Chahada, la Zakat et le pélèrinage à la Mecque.


Chez eux ou, pour les prières nocturnes des Tarawih, à la mosquée, ces « adorateurs de Ramadan » deviennent de fervents musulmans, pieux et d’une religiosité à fleur de peau. Sitôt, l’Aid Al-fitr et le naturel, chassé pendant le mois sacré, revient au grand galop et… « Halima revient à ses anciennes habitudes ».

La deuxième frange des Marocains, surtout la gent masculine, divorce avec les boissons alcoolisées. Et si certains se contentent de ne pas lever le coude pendant Ramadan, d’autres poussent le zèle jusqu’à oublier bières, vins et autres liqueurs fortes dix jours avant le premier Chaâbane. Ces 40 jours d’abstinence, pratique qui n’est expliquée par aucun texte religieux, est une exclusivité nationale, faut-il le rappeler. « Le Roux » par exemple, personnage très connu au quartier Al Mouhit (l’Océan) de Rabat, ivre onze mois sur douze, est rasé de près pendant le mois de jeûne, proprement vêtu et vendant des pommes au marché de Londres. La veille même de l’Aid Al-fitr, fini les pommes, fini le rasage de près, et rebelotte pour les prochains onze mois!

Ces repentis occasionnels font parfois, voire souvent, partie des deux franges précitées, et « adoration de Ramadan » et sobriété de 70 jours ou de 30. Et puis, comme « le Roux », reprennent leurs habitudes. Oubliés le tapis de prière, la mosquée et la jellaba blanche immaculée! Rebonjour la levée du coude au bar du coin, au resto ou chez soi!Pour « ces gens-là » (pour plagier le grand Jacques), le tiercé gagnant est « Chaàbane, Ramdane, Marjane »! Le dernier mot qui rime est devenu « sakrane » (saoul) depuis que le super-marché ne vend plus de boissons alcoolisées.

Mais n’oublions pas que celui qui n’a jamais péché, ou failli le faire, leur jette la première pierre! Il s’agit ici d’une simple constatation ramadanesque, d’un secret de Polichinelle pour tous les Marocains. Et terminons par rappeler que si l’adage hexagonal prétend que « l’enfer est pavé de bonnes intentions », le début du Hadith du Prophète, lui, assure: « Innama l-amalou bi niyyat » (Les actes ne valent que par les intentions et chacun a la sienne).

L.A.

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