Economie

Carburant informel : les stations-service face à de nouveaux défis

Le marché parallèle du carburant gagne du terrain au Maroc. Les stations-service agréées subissent une concurrence jugée déloyale. Les circuits informels vendent moins cher, sans taxes ni contrôles. Les gérants voient leurs marges s’effondrer et leur clientèle fuir. Les écarts de prix accentuent les inégalités entre acteurs légaux et clandestins. En parallèle, la sécurité devient une préoccupation majeure. Les dépôts illégaux se multiplient, souvent proches des habitations. Les risques d’incendie et d’explosion sont bien réels. Les professionnels appellent à une action urgente et coordonnée des autorités.

Le secteur des stations-service au Maroc traverse une période difficile. En cause, la montée du marché parallèle des hydrocarbures qui bouleverse l’équilibre économique du secteur. Les gérants de stations agréées s’inquiètent et dénoncent une concurrence jugée déloyale.

Le phénomène prend de l’ampleur et fragilise le réseau. Mais pourquoi ce marché informel se développe-t-il si vite ? La réponse tient à la différence de prix. Les circuits illégaux vendent moins cher, attirant une clientèle soucieuse de réduire ses dépenses. Ces vendeurs échappent aux règles, ne paient ni taxes ni contrôles. Résultat : les stations-service légales voient leur chiffre d’affaires chuter.

Selon Jamal Zrikem, président de l’Association des propriétaires et gérants de stations-service, «l’urgence est la lutte contre l’expansion d’un marché parallèle qui échappe à toute règle. Il s’agit de structures illégales qui fragilisent le réseau agréé». Les différences de tarifs creusent l’écart entre les acteurs légaux et informels.

«Les ventes BtoB bénéficient d’un rabais de près de deux dirhams par litre, quand les stations n’obtiennent qu’une réduction de 40 centimes», explique Zrikem.

Ce désavantage incite certains intermédiaires à revendre du carburant à bas prix, sans investissement ni réglementation. Cette situation place les gérants agréés dans une position intenable. Comment rivaliser avec des revendeurs qui n’ont ni charges ni contrôles ? Cette concurrence fausse le marché et menace la survie de nombreuses stations. Au-delà de la question économique, c’est la confiance du consommateur qui s’effrite. L’absence de traçabilité et la qualité douteuse des carburants informels peuvent endommager les véhicules. De nombreux automobilistes ignorent les risques encourus.

Un danger pour la sécurité publique
Le carburant informel ne menace pas seulement l’économie du secteur. Il représente aussi un risque grave pour la sécurité. Les dépôts clandestins et stations mobiles se multiplient, souvent installés près de zones habitées. Ces installations échappent à tout contrôle et ne respectent aucune norme de sécurité.

«Ces structures illégales exposent riverains et salariés à des risques majeurs», avertit encore Zrikem.

Les risques d’incendie, d’explosion ou de fuite sont réels. Peut-on imaginer le danger qu’une citerne illégale représente dans un quartier résidentiel ? Ces situations ne sont pas rares et soulignent l’urgence d’une action coordonnée. La sécurité des citoyens et des travailleurs doit primer sur la logique du profit rapide.

Traçabilité, la réponse à développer davantage
Pour tenter de freiner cette dérive, un système de traçabilité des carburants a été introduit. L’usage de traceurs chimiques vise à identifier les produits et à limiter la fraude. Mais la mise en œuvre reste partielle. Et le manque d’infrastructures d’analyse réduit l’efficacité de cette mesure. Les professionnels espèrent un dispositif plus rigoureux et des contrôles plus fréquents.

«L’urgence est d’arrêter l’expansion de ce marché parallèle», insiste Zrikem. Selon lui, seule une politique ferme et cohérente pourra restaurer la confiance et protéger les acteurs respectueux de la loi. La question qui reste : comment rétablir l’équilibre ? La réponse passe sans doute par une meilleure coordination entre autorités, distributeurs et associations professionnelles.

Le marché des carburants se trouve à la croisée des chemins. Entre sécurité, équité et survie économique, les stations-service marocaines jouent leur avenir. Reste à savoir si la régulation saura rattraper la vitesse du marché informel avant qu’il ne prenne définitivement le volant.

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO


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