Marché de l’énergie : la production africaine en appoint…

Les économies commencent à s’habituer aux différents chocs économiques, notamment à la guerre en Ukraine, aux surtaxes américaines, ou encore aux tensions persistantes au Proche et Moyen-Orient. Tout ceci devrait faire l’affaire des pays africains producteurs d’énergies, si elles sont toutefois bien orientées.
C’est bien elles qui tirent encore la croissance africaine. Les ressources naturelles constituent la principale rente sur laquelle reposent les progrès économiques du continent. En 2025, la Banque mondiale prévoit, par exemple, une progression de 3,7% du PIB en Afrique subsaharienne. Une reprise certes en deçà des attentes, mais qui permet de confirmer la relance après le choc de la covid. Et dans cette reprise, on doit beaucoup aux économies qui commercialisent des ressources naturelles.
«La croissance des pays exportateurs de produits de base non pétroliers a bénéficié de la hausse des prix des métaux et des denrées alimentaires», note l’institution de Bretton Woods, qui n’avait toutefois pas anticipé la crise ukrainienne et ses perturbations majeures.
Projets gaziers
Si pour l’heure, la guerre en Ukraine se répercute par une montée de l’inflation, notamment des prix des denrées alimentaires, à terme, les pays africains producteurs et exportateurs d’hydrocarbures pourraient réaliser de bonnes affaires, en raison de l’embargo occidental sur le gaz russe. C’est notamment le cas pour le Nigeria, mais aussi la Tanzanie, l’Algérie, l’Angola ou encore le Sénégal, qui a déjà entamé sa production de gaz et de pétrole.
D’ailleurs, c’est l’occasion, selon de nombreux observateurs, d’accélérer la concrétisation tant attendue du gazoduc ouest-africain, qui reliera le Maroc au Nigeria, avant de déboucher en Europe. Car le contexte actuel de tensions entre la Russie et les pays occidentaux va sûrement obliger ces derniers à se tourner vers de nouvelles sources d’approvisionnement.
Autre ressource dont les prix montent en flèche actuellement, en raison toujours des tensions en Europe, c’est bien les engrais et les phosphates, dont le Maroc est le principal producteur et exportateur mondial.
Transformation
Ce contexte de tensions, favorable à terme aux matières premières africaines, poussent de nombreux analystes à insister sur la transformation locale des ressources du continent. C’est en tout cas l’avis de Paul Francis Nathanaël Tonye, juriste-conseil, expert en Droit des ressources naturelles : «Le continent africain doit résolument changer de cap économique et être plus indépendants vis-à-vis de ces grandes puissances commerciales en transformant elle-même ses richesses. L’Afrique doit créer des usines de transformation des matières premières en vue d’accroître les richesses le développement des pays hôtes».
Au-delà de la lancinante question de la transformation, se pose celle de la maîtrise des chaînes de valeur et surtout des flux maritimes. Sur ce point également, il y a encore d’importants efforts, tant l’activité portuaire et le transport maritime mondial sont concentrés entre les mains d’alliances euro-asiatiques qui dictent leur loi, comme en témoigne la flambée historique du fret maritime en 2021.
Gaz : 2,7 millions de barils à l’horizon 2030
La production africaine de gaz naturel devrait passer de 1,3 million de barils équivalents pétrole par jour à 2,7 millions de barils équivalents pétrole par jour en 2030. Une embellie qui devrait être portée par les vastes ressources inexploitées à travers le continent. C’est ce que révèle une analyse publiée par le cabinet norvégien de données sur les marchés des ressources naturelles Rystad.
Au regard des investissements en cours et de l’intérêt des compagnies du secteur, Rystad estime que le gaz en eaux profondes devrait représenter une grande part de cette amélioration de la production totale. En Afrique, la production gazière en eaux profondes ne représente que 9% de la production gazière totale du continent et devrait représenter 38% à la fin de la décennie.
Le gaz provenant des réserves du plateau continental et des réserves terrestres augmentera d’ici 2035 et contribuera pour environ 46% aux 4 millions de barils équivalents pétrole attendus de la production totale, à cette échéance.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO