Economie

Interdiction du bitcoin: le Maroc fera-t-il machine arrière ?

Le succès de la cryptomonnaie ne peut plus être ignoré. Après le Brésil, la France, le Japon ou encore la Suède, le Maroc étudie à son tour le déploiement de sa propre monnaie numérique.

Bank-Al-Maghrib vient en effet de créer un comité dédié afin d’identifier et d’analyser les avantages et risques du lancement de sa CBDC.

Les cryptomonnaies focalisent l’attention depuis que le bitcoin, monnaie virtuelle la plus populaire, enchaîne les records. Depuis le début de l’année, le prix du bitcoin a grimpé de 89% et a franchi la barre symbolique des 55.000 dollars pour la première fois. En 2020, il a affiché une hausse de près de 200% et devient ainsi l’actif ayant le plus progressé durant cette période marquée par une crise sanitaire, économique et sociale d’une ampleur sans précédent. Il est ainsi parvenu à dépasser l’or et pourrait même s’apparenter à une valeur refuge. La popularité de cette «nouvelle monnaie» qui s’affranchit des politiques monétaires ne peut plus être ignorée par les banques centrales qui ont choisi de contrecarrer ce mouvement en lançant leur propre monnaie digitale baptisée Central Bank Digital Currency (CBDC).

Aujourd’hui, plusieurs banques centrales étudient le déploiement de leur propre monnaie numérique afin d’accompagner la dématérialisation des échanges économiques et de mieux tirer parti des nouvelles technologies pour assurer leurs missions traditionnelles.


Cependant, l’objet du projet diffère, selon que le marché en question soit développé ou émergent. «Alors que les marchés développés voient cette monnaie numérique comme une alternative à l’argent liquide, les marchés émergents espèrent réduire leurs coûts et rendre les services financiers plus accessibles à leurs citoyens «non bancarisés» grâce à cette solution», estiment les analystes du cabinet de conseil Deloitte. Si la plupart des banques centrales mènent encore des recherches (France, Suède, Indonésie, Brésil, Israël, Singapour, Royaume-Uni et Japon), certaines sont déjà passées de la conceptualisation à l’expérimentation avec des débuts de concept (Chine). Des coopérations entre plusieurs banques centrales ont également été observées (Canada, Singapour et Royaume-Uni). Bank Al-Maghrib (BAM) rejoint à son tour ce mouvement.

En effet, selon la MAP, un comité institutionnel dédié à la thématique de la CBDC vient de voir le jour. Créé au niveau de la Banque centrale, ce comité a pour rôle d’identifier et analyser les avantages, mais aussi les risques d’une CBDC pour l’économie marocaine. Il examinera en profondeur les diverses conséquences d’une telle monnaie digitale sur la politique monétaire, la structure de l’intermédiation bancaire, la stabilité financière et le cadre juridique. Pour rappel, le Maroc avait décidé en 2017 d’interdire officiellement l’utilisation du bitcoin et d’autres cryptomonnaies.

L’Office de change exhortait le grand public à se conformer aux dispositions de la réglementation des changes, qui stipule que les transactions financières internationales doivent être effectuées par des intermédiaires autorisés et uniquement avec les devises étrangères listées par Bank Al-Maghrib. L’office affirmait que les transactions effectuées à l’aide de cryptomonnaies au Maroc constituent une «infraction à la réglementation des changes» passible des sanctions prévues par les lois en vigueur. L’institution précise dans sa note qu’il s’agit d’un «système de paiement occulte et non adossé à un organisme financier», et souligne que «le recours aux monnaies virtuelles comporte d’importants risques pour leurs utilisateurs».

De son côté, la Banque centrale énumérait plusieurs risques, qu’il s’agisse de celui de liquidité, lié à leur faible convertibilité vers différentes monnaies ayant cours légal, celui financier, inhérent à la volatilité de leur cours de change ou encore celui opérationnel, relatif notamment à l’absence de sécurité des coffres-forts permettant le stockage des unités de monnaie virtuelle et de garantie financière en cas de fraude. Rappelons qu’à l’époque, le bitcoin s’échangeait à un peu plus de 8.000 dollars.

Après avoir constaté la valeur croissante de la cryptomonnaie, le Maroc ne peut lui non plus ignorer l’importance des monnaies numériques et envisage d’apporter sa contribution à cette «pas si» nouvelle industrie. Pour l’heure, la prudence reste toujours de mise ; en témoigne la mise en place de ce dernier comité. Selon nos confrères de la MAP, la réponse de la Banque centrale est claire : «Dans le contexte actuel, et compte tenu des différentes réformes engagées par Bank Al-Maghrib pour la promotion des moyens de paiement électroniques et la réduction du cash, dont les retombées ne peuvent être évaluées qu’à moyen terme, il serait prématuré d’envisager à court terme l’émission d’une monnaie digitale».

Les progrès de la monnaie numérique chinoise, dont le lancement avant les Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022 est presque certain, auraient poussé à la fois la Banque centrale du Japon (BoJ) et la Banque de Corée du Sud à accélérer leurs propres projets de CBDC. En réponse, la BoJ prévoit le lancement de son projet pilote de yen numérique dès ce printemps. Cette «première phase de test», qui durera environ une année, consiste en la mise en place d’un jeton qui remplira les fonctions de base d’une CBDC. Le pilote se concentrera également sur les questions liées à la distribution et à l’émission. La banque souhaite expérimenter la technologie des grands livres, les innovations en matière d’historique des transactions et les solutions d’interopérabilité avec les entreprises privées. Si les résultats de la première étape se révèlent suffisamment prometteurs, le projet pilote passera à une «deuxième étape» axée sur la faisabilité.

Aida Lo / Source : Les Inspirations Éco

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