Culture

Everyday Casa: Instagram s’invite à la Galerie 121 de l’Institut Français

A l’occasion de l’exposition organisée par un collectif de neuf photographes casablancais, la curatrice Armelle Dakouo s’entretient avec Le Site info. Retour sur un évènement novateur.

Propos recueillis par Olivier Rachet

Le Site info: A l’origine de cette exposition, on trouve un collectif de photographes ayant créé, en 2012, un compte Instagram intitulé « Everyday Africa ». Il s’agissait de donner à voir une image du continent africain, loin des stéréotypes véhiculés par les médias. Comment cette initiative a-t-elle été relayée au Maroc ?

AD : Everyday Africa est en effet le fondateur du concept. Le phénomène a rapidement pris de l’ampleur pour s’étendre à plusieurs régions du globe, pays voire villes. Le réseau social Instagram est simple, facile à utiliser. C’est à la portée de tout le monde, il suffit de se lancer, les photos se font à partir d’un smartphone et le post sur Instagram se fait dans la spontanéité du moment. Mais il n’est pas si facile de se distinguer sur la toile, car l’un des objectifs de ce réseau social est de partager ses photos et d’être suivi par le plus grand nombre « d’abonnés ». Ce qui définit le concept d’un collectif Everyday est de poster une photo du quotidien tous les jours. Nos photographes casaouis se sont lancé(e)s dans l’aventure et ont créé leur profil Instagram Everyday Casablanca il y a plus d’un an. Aujourd’hui tous les photographes amateurs ou professionnels ont un compte Instagram, c’est un canal de diffusion incontournable.

Le Site info: Comment s’est organisé ce collectif de jeunes photographes parmi lesquels figurent des noms déjà bien connus des passionnés de photo ?

AD : Ce sont des photographes qui sont ami(e)s dans le quotidien ou qui s’apprécient pour leur pratique artistique, ils se connaissent tous d’une manière ou d’une autre. Ils sont plus ou moins de la même génération mais ont tous des parcours différents. Toute la difficulté d’un collectif est de pouvoir travailler ensemble. L’un d’entre eux est l’administrateur du profil et poste les photographies que leur font parvenir les membres du collectif. Il faut être régulier et organisé dans les posts, « entretenir » son profil tous les jours, susciter l’intérêt car sinon le collectif n’a plus vocation d’être.

L’enjeu de cette première exposition du collectif était de faire connaître Everyday Casablanca au public et de les encourager dans leur démarche. Everyday est un investissement personnel pour une volonté commune. C’est du temps et beaucoup d’énergie, ce sont des professionnels de la photographie mais ce sont avant tout des passionné(e)s.

Le Site info: Le Maroc est un pays phare en matière de culture populaire urbaine. On ne compte plus le nombre de graffeurs, de photographes de rues, de jeunes cinéastes privilégiant le genre du documentaire. Comment expliquez-vous cette effervescence artistique ?

AD : Je l’ai constaté à mon arrivée à Casablanca il y a plus de trois ans maintenant, je ne me l’explique pas, j’en profite !

Le Site info: Les tirages effectués pour cette exposition, qui se tiendra jusqu’à la fin du mois de février 2017, sont-ils, selon vous, à la hauteur du support numérique ? Ne perd-on pas la spontanéité d’une démarche conçue à la base pour une diffusion plus directe ?

AD : L’organisation de cette exposition était aussi dans l’idée de donner une visibilité au collectif. Tout le monde n’a pas un compte Instagram pour les suivre. Tout le monde ne connaît pas le principe d’Everyday. Il est vrai que nous ne sommes plus dans la spontanéité du cliché mais cela participe aussi à l’évolution, à la notoriété du collectif et à l’émulsion qu’il peut y avoir autour. Everyday Africa a un site internet, plus de 300 000 abonnés, plusieurs expositions à leur actif, un nombre incalculable d’interviews et un livre en préparation qui devrait sortir en 2017. Le numérique c’est bien mais si le réel peut prendre le dessus sur le virtuel de temps en temps c’est mieux.

Le Site info: Les photographies exposées nous montrent le visage d’une métropole métissée dans laquelle l’incongruité semble être la règle. Comment s’est opéré le choix des photos ? Avez-vous privilégié les effets de surprise au détriment d’un aspect plus documentaire ?

AD : Je souhaitais que les casaouis se reconnaissent, qu’ils reconnaissent leur ville. Qu’ils prennent le temps de redécouvrir des aspects du quotidien qu’ils côtoient sans plus vraiment y faire attention. J’avais envie que cette exposition fasse sourire par les incongruités qui règnent dans cette ville mais aussi que cela suscite de la fierté, une idée d’appartenance à cette ville. C’est une ville bouillonnante qu’il n’est pas facile d’appréhender au début. Une fois domptée, on s’attache à cette ville et j’étais sûre que les casaouis comprendraient chaque message que véhiculent ces photographies. On en rigole en regardant les photographies mais on en râle aussi au quotidien.

Pour la série « Le rouge vous va si bien », j’ai tout simplement remarqué que la couleur rouge revenait beaucoup dans les photos de chacun d’entre eux. Cela m’a fait sourire et je m’en suis amusée en me disant qu’il devait y avoir un sens caché avec le drapeau national. J’ai essayé d’en faire une petite histoire.

Mais dans l’ensemble j’ai essayé d’avoir une représentation de l’espace public, un  peu de l’espace privé et des différentes facettes de la vie à Casablanca par ses habitants.

Le Site info: D’autres projets sont-ils à l’œuvre ? Envisagez-vous de pérenniser cette expérience, en organisant par exemple des projections vidéo comme ce fut le cas lors des premières Nuits Photographiques d’Essaouira ?

AD : Il y a toujours d’autres projets en cours, pérenniser l’expérience appartient aux photographes, je ne suis malheureusement que de passage dans cette ville.

Nous avions prévu une vidéo pour le vernissage que nous n’avons malheureusement pas pu diffuser pour diverses raisons, j’espère que la prochaine fois, ce sera le cas. J’aime beaucoup associer la photo et la vidéo dans une exposition, cela donne une autre dimension et une lecture plus variée encore.

Exposition « Everyday Casablanca », Galerie 121, Institut Français de Casablanca, du 13 janvier au 26 février 2017. Photographes : Zakaria Ait Wakrim, Walid Bendra, Salmane Dahioui El Idrissi, Abderrahmane Doukkane, Yasmine Hatimi, Mehdy Mariouch, Imane Sifeddine, Yassine Toumi, Fayssal Zaoui.

disparite yassine Toumi
Yassine Toumi
Mehdy Mariouch
Mehdy Mariouch

 

 


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