Politique

Elections 2021/ Maroc : qui est le mieux placé pour prendre les rênes ?

Ce mercredi 8 septembre 2021, plus de 17,5 millions d’électeurs sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leurs représentants au sein de la Chambre basse ainsi qu’aux Conseils communaux et régionaux. Autant dire qu’il s’agit d’une journée décisive pour les partis politiques en compétition. Quel parti va émerger ? Le PJD va-t-il s’écrouler ? Le RNI est-il le mieux placé pour prendre les rênes ? Décryptage. 

par Younes Bennajah et Sami Nemli 

Conscientes de cet enjeu, les différentes formations n’ont ménagé aucun effort afin de séduire les électeurs durant la campagne électorale qui, comme à l’accoutumée, aura connu son apogée au cours des trois derniers jours, avant sa clôture hier, à minuit. La campagne a, en effet, démarré mollement, avant de s’intensifier vers la fin, au point que les consignes du ministère de l’Intérieur, portant sur la nécessité de respecter les mesures de précaution sanitaires, n’ont pas été respectées à la lettre, loin s’en faut, dans la plupart des meetings et tournées électorales.

Tout en étant contraints de porter un intérêt particulier à la campagne digitale, en raison de la spécificité de la conjoncture actuelle, partis politiques et candidats ont misé, autant que faire se peut, sur la proximité pour convaincre les citoyens. A cet égard, force est de constater que certaines formations ont réussi à se démarquer, tant sur le terrain que sur la Toile. Il s’agit, principalement, des quatre poids lourds, pressentis comme favoris pour remporter cette édition électorale (PJD, PAM, RNI et Istiqlal).


Ces derniers ont été, en effet, les plus visibles durant la campagne, que ce soit dans les régions ou sur les réseaux sociaux. Et sur les quatre partis en question, les bleus du RNI ont été particulièrement présents dans les débats et les meetings électoraux, y compris ceux organisés par leurs concurrents. Inutile de dire que cette forte présence en a irrité plus d’un ! Le Rassemblement national des indépendants, dont le Chef de file a pris son bâton de pèlerin afin de prêcher la bonne parole aux quatre coins du pays, a fait l’objet de vives attaques de la part de ses adversaires.

Pour autant, les ténors indépendants ont gardé la tête froide, privilégiant plutôt, dans leurs discours, des messages portant sur leurs engagements et leur programme électoral. Le président du parti de la colombe, Aziz Akhannouch, a conservé son flegme habituel, même après les accusations acerbes formulées, dimanche dernier, par l’ancien Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane.

Dans une sortie médiatique, lundi dernier, Akhannouch s’est refusé à commenter les propos de l’ancien secrétaire général du parti de la lampe, laissant entendre qu’il s’agit plutôt d’un aveu de faiblesse de sa part et qu’il ne sied guère de répondre à ce genre d’attaques, d’autant plus qu’elles émanent d’un ancien Chef de gouvernement. En fait, le RNI ne s’est vu, qu’une seule fois, contraint de répliquer officiellement aux attaques lancées par ses adversaires. Ainsi, le parti de la colombe a vivement dénoncé, vendredi dernier, «les dérives médiatiques dangereuses du secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, visant à perturber le bon déroulement de la campagne électorale du RNI, laquelle connaît un succès populaire remarquable auprès de larges catégories de citoyennes et de citoyens».

Sur le plan digital, cette campagne s’est aussi jouée entre les principales formations en compétition pour la première marche du podium. Les meetings étaient transmis en direct, via les réseaux sociaux, afin de compenser la non-tenue des grandes messes partisanes. Les partis ont misé aussi sur la publicité digitale en vue d’atteindre le maximum d’électeurs potentiels. À ce titre, le Rassemblement national des indépendants est passé à la vitesse supérieure durant la dernière semaine.

Selon les données officielles de Facebook, le RNI arrive ainsi en tête des dépenses publicitaires (du 29 août au 4 septembre), avec 65.006 dollars américains, suivi de loin par le Parti de l’istiqlal (8.639 dollars), puis du PAM (7.976 dollars), ensuite de l’Union constitutionnelle (2.599 dollars ) et enfin du PJD ( 817 dollars).

À chacun sa com’

Les dirigeants des grands partis politiques, en lice pour le double scrutin législatif et régional, ont affiché des réactions qui mettent en exergue l’impératif de réussir le pari de ces échéances électorales. Surtout que celles-ci interviennent dans un contexte historique pour le pays, en lutte, depuis mars 2020, contre la propagation de la pandémie du Covid19. Le SG du PJD, Saâd Eddine El Otmani, dans sa dernière tournée effectuée à Azrou, a laissé entendre que le PJD parie sur «la nécessité de convaincre les citoyens, qui devront assumer leur rôle à travers le vote et le choix des candidats les plus proches de leurs soucis».

Le chef du gouvernement sortant a aussi appelé les électeurs à voter massivement pour son parti tout en insistant sur l’importance de participer au scrutin. Pour sa part, le leader du parti de la colombe, Aziz Akhannouch, a déclaré, durant le dernier meeting électoral, tenu dans la région de l’Oriental, que le RNI «a présenté un programme réaliste et exhaustif qui répond aux attentes des citoyens».

Durant ses interventions dans plusieurs villes de la région de l’Oriental, le n°1 du RNI a insisté sur l’offre de son parti, basée sur «les conclusions tirées des chiffres relatifs aux attentes de près de 300.000 citoyens, et qui sera réalisable quand le parti aura eu la confiance des électeurs pour la gestion des affaires publiques». Si la réaction des deux leaders, au sein du gouvernement sortant, a été marquée par la retenue, celle du chef du PAM a été, quant à elle, plus catégorique.

«Le PAM remportera les élections », a indiqué Abdellatif Ouahbi lors de sa dernière rencontre électorale à Sidi-Kacem, avant d’ajouter que «la compétition sera rude, mais le travail accompli au sein de l’ensemble des circonscriptions devra donner l’avantage au PAM», a-t-il ajouté. La confiance, affichée par le leader du parti du tracteur, a été émise avec la remarque qu’«aucune ligne rouge, en matière d’alliances électorales, ne sera tracée, de même que les alliances locales seront gérées de manière séparée».

De son côté, le leader de l’Istiqlal a été optimiste, quant au changement à opérer durant le prochain mandat. Pour le SG du parti de la balance, «les prémices du changement ont commencé avec les élections des chambres professionnelles, et la forte participation aux opérations d’inscription aux listes électorales marquera une coupure avec le mandat précédent », a-t-il précisé durant sa dernière sortie à Rabat. Les scénarios probables, sauf grande surprise, donnent le PJD, le RNI, le PAM et l’Istiqlal comme grands favoris. Si les deux premiers partis partagent l’expérience d’avoir mené conjointement la majorité gouvernementale, les deux autres, à savoir le PAM et l’Istiqlal, abordent le scrutin avec un objectif bien précis, celui de réaliser une «alternance politique».

Pour plusieurs observateurs, le profil du prochain Chef du gouvernement reste incertain, même après la proclamation des résultats, du fait que son mandat «n’est pas uniquement à vocation interne, mais internationale également », précise un analyste, sous couvert d’anonymat. Pour lui, l’essentiel est que «la formation du nouveau gouvernement devra se faire de manière rapide pour être au rendez-vous de l’ouverture de la session parlementaire, prévue le 8 octobre prochain».

Le taux de participation reste, quant à lui, un enjeu majeur, qui devrait tirer profit de «l’amélioration du seuil de la confiance des citoyens dans la gestion publique durant la crise sanitaire», a-t-il tenu à préciser. Il faut dire aussi que la mobilisation nationale, engendrée par la crise sanitaire, pourrait être un élément à même de conforter le taux de participation durant le scrutin. Et ce, sans oublier que le prochain mandat «sera marqué par la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement dont le gouvernement aura la charge », dixit le même analyste. Enfin, le seuil électoral, qui a été révisé, devra avoir un impact direct sur le nombre total des sièges qui pourraient être remportés, et qui ne devront certainement pas dépasser 90, selon les prévisions établies dans ce sens.

Le RNI bien huilé  

La bataille autour des programmes électoraux a atteint son paroxysme durant la campagne électorale, dans le but de définir devant les électeurs des objectifs bien précis pour le prochain mandat. L’évaluation des programmes des 4 grands partis favoris pour le scrutin montre que le RNI a capitalisé sur son expérience au gouvernement en vue de tracer plusieurs feuilles de route portant sur le pôle social et les stratégies sectorielles, mais aussi sur le parachèvement du plan exécutif pour la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement. Ainsi, pour le RNI, «la destruction de centaines de milliers d’emplois causée par la crise sanitaire a renforcé l’urgence de mettre en œuvre une politique budgétaire favorable à la croissance et à l’emploi».

Pour atténuer l’impact de la crise, le parti de la colombe compte mettre «immédiatement en œuvre un plan de relance de l’activité, incluant notamment un vaste programme de travaux publics. Cette réponse conjoncturelle sera accompagnée d’une nouvelle génération de plans sectoriels dans l’agriculture, la pêche, l’industrie, le tourisme et l’artisanat», selon l’engagement qui a été donné par le parti. C’est pour dire que le programme électoral du parti de la colombe se base sur l’hypothèse d’une éventuelle participation au prochain gouvernement dans l’objectif de parachever les chantiers en cours, essentiellement dans les pôles ministériels que le parti a géré durant le mandat qui s’achève, en attendant de voir l’apport de la nouvelle ingénierie gouvernementale qui sera adoptée après le verdict des urnes.

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