Rendre le pouvoir aux citoyens, le rêve fou d’Anouar Zyne
Anouar Zyne a récemment claqué la porte de l’Union Constitutionnelle. Ex-secrétaire général de la Jeunesse, c’est avant tout un expert en communication qui vient de lancer un projet fou: rendre le pouvoir aux citoyens. Explications.
Vous avez lancé un nouveau concept, en quoi cela consiste ?
Changer est une initiative d’action et de résistance citoyenne. La résistance se matérialise par la participation aux débats publics. L’action par la promotion de ce qui se fait sur le terrain, par des milliers de citoyens, associations, organismes, entreprises, acteurs divers, pour provoquer le changement. L’objectif est de rassembler au maximum la communauté des acteurs du changement. Cela va du groupe d’étudiants qui fait changer le service de la bibliothèque à la faculté aux mobilisations citoyennes les plus larges pour amender une loi ou faire barrage à une autre, en passant par l’assemblée de résidents qui change leur quartier à Tanger ou qui lutte pour la préservation de leur jardin au quartier Ghautier à Casablanca. Les exemples des actes de changement au quotidien au Maroc sont multiples. Ils sont réalisés par des gens ordinaires, qui font un métier extraordinaire: le métier de citoyen.
Quelles sont les réactions de manière globale ?
De tout, de l’adhésion spontanée à la méfiance absolue, mais cela ne laisse pas indifférent. Mon combat a été toujours contre l’indifférence, autrefois comme acteur partisan et aujourd’hui comme promoteur d’un mouvement. Changer est d’abord un état d’esprit, une culture, une forme de partage et de solidarité intellectuelle. Il ne faudra pas que les citoyens qui se mobilisent se sentent seuls. Changer soi-même, en devenant meilleur citoyen, changer les autres, ses proches et ses amis, puis faire changer les choses, dans le quartier comme pour la nation, c’est cela ce qui alimente ce mouvement.
Est-ce que ce nouveau projet est une réaction logique à votre dernière décision politique ?
J’ai posté il y a quelques mois de cela un message pour chercher 100 personnes pour changer le monde. La date exacte est sur ma page facebook. Les réactions des gens m’ont interpellé. Le soir même, j’ai acheté le nom de domaine changer.ma, j’invite les geeks les plus sceptiques pour cette initiative à le vérifier. J’ai hésité à lancer immédiatement pour deux raisons: mon ancienne casquette partisane et l’agenda électoral. Libre de tout cela, j’ai donc décidé de lancer ce mouvement.
Quel est l’objectif de ce projet et pensez-vous sincèrement que cela aura un impact ?
Si l’initiative fonctionne correctement, elle devra s’éteindre aussitôt son objectif atteint: rendre le pouvoir aux citoyens et mieux faire fonctionner nos institutions élues. C’est un état d’esprit, une culture, un message, qui dit à chaque citoyen qu’il peut changer les choses, qu’il n’a pas à subir les choix de ceux qu’un Marocain sur quatre en âge de voter envoient aux responsabilités, que ceux qui sont élus le sont pour être des serviteurs et non des maîtres, que le contrat social stipule autre chose que ce qui est pratiqué et que la loi aujourd’hui lui permet de faire entendre sa voix chaque jour et non pas une fois tous les cinq ans. Sans la vigilance publique citoyenne, il n’y a pas de vie commune paisible qui soit possible. Avec déjà plusieurs personnes, j’y crois. Le code pénal marocain a changé grâce à Feue Amina Filali: plus aucune victime de viol n’est poussée à épouser son violeur. L’histoire des USA a changé grâce à une dame qui n’a pas cédé sa place au bus. J’ai confiance en l’Homme, citoyen. Il peut à lui seul changer les choses.
H.B.
