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Ce que propose l’Istiqlal pour l’avenir du Maroc

Le Parti Istiqlal (PI) a rendu publique sa proposition relative au nouveau modèle de développement du Maroc, une vision qui se décline en « six ruptures » qui touchent notamment aux modèles de gestion, aux politiques publiques, au renforcement des capacités humaines et à l’utilisation des ressources naturelles du Royaume.

S’agissant de la première rupture, le PI préconise la transition « d’une société basée sur l’intermédiation, les avantages et les formes de privilèges, à une société de droit garantissant l’équité ». Le modèle de développement actuel du Royaume a atteint ses limites car il y a une crise de confiance liée, notamment, à la nécessité de recourir à des passe-droits, aux réseaux et à la corruption pour accéder à ses propres droits et à l’incapacité de garantir une justice équitable et une concurrence saine, estime le PI. Ce constat fait qu’en dépit des avancées démocratiques enregistrées au Maroc et inscrites dans sa constitution, le citoyen marocain continue à accorder peu de crédit aux institutions élues et à la capacité des acteurs politiques et de l’administration à garantir l’égalité des droits et l’équité de traitement entre tous les citoyens, ajoute cette formation politique.

Voilà pourquoi, poursuit le Parti, il est « plus que nécessaire de passer d’une société basée sur l’intermédiation, les avantages et les privilèges à une société de droit, garantissant l’équité », en vue « de garantir la primauté de la loi, l’élaboration et l’exécution de la loi sur la base de la confiance envers le citoyen, la transparence et la simplification de l’accès aux services publics, ainsi que de rompre avec toutes les manifestations d’injustice dans la relation du citoyen avec l’Administration ».

La deuxième rupture concerne la transition d’une « d’une approche basée sur l’urgence et la réaction pour tenter d’éteindre les foyers de crise à l’anticipation et à la vision stratégique de long-terme ». La dynamique de développement actuelle du Royaume souffre de « la déperdition des efforts et des moyens qui sont de plus en plus mobilisées pour tenter d’apporter des réponses aussi urgentes que provisoires à des foyers de crises en l’absence d’anticipation et de vision stratégique de long-terme », relève le PI. Or, cette approche basée sur l’urgence a un coût social et économique important, note le Parti, qui appelle à adopter une approche basée sur l’anticipation et à la vision stratégique de long-terme qui puisse mobiliser et coordonner les efforts et en optimiser le potentiel.

La troisième rupture concerne le passage de « l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires ». La dynamique de développement de notre pays n’a pas été en mesure de réduire les inégalités sociales et territoriales durant les 20 dernières années malgré l’importance, la multiplicité et la succession des politiques publiques et des programmes économiques et sociaux destinés à cet effet, regrette l’Istiqlal qui fait observer que « la réduction des inégalités sociales et spatiales est non seulement nécessaire au renforcement de la cohésion sociale mais contient intrinsèquement des potentialités importantes d’accélération de la dynamique de développement ». Pour accéder à un nouveau palier de développement, ajoute le PI dans cette vision élaborée par l’Alliance des économistes istiqlaliens, il est impératif de valoriser tout le potentiel social et territorial du pays et d’assurer l’inclusion de tous les Marocains dans cette dynamique.

Il s’agit donc de soutenir une dynamique de développement équilibrée sur l’ensemble du territoire national, d’orienter les politiques sociales vers les ménages avec l’objectif de contribuer à leur propre mobilité sociale et à celle de leurs enfants et de garantir un ciblage précis des bénéficiaires à travers notamment la mise en place du registre unique et l’évaluation régulière de l’impact des politiques publiques sur la vie quotidienne des ménages et sur la réduction des inégalités sociales et territoriales.

La quatrième rupture a trait au passage « d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau des territoires ». La dynamique de développement du Royaume s’appuie sur des stratégies et des plans sectoriels qui, pour certains, ont permis de réaliser des avancées notables, mais pour la plupart, « se sont vite confrontés à des limites liées à l’absence d’une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité entre les services et les projets de développement au niveau des territoires », regrette l’Istiqlal.

Pour remédier à cette situation, ajoute le Parti, il faut adopter une approche systémique intégrée basée sur la contractualisation dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Il s’agit d’insérer, dans le cadre d’une stratégie industrielle globale de manière complémentaire et intégrée avec les métiers mondiaux du Maroc, le développement du potentiel de valorisation des ressources naturelles et des territoires du pays ainsi que le développement d’une infrastructure matérielle et immatérielle d’appui à l’accès aux marchés internationaux pour les produits nationaux.

L’accélération de la grande réforme de l’Etat, représentée par la régionalisation avancée, permettra aux régions d’avoir plus de poids et de ressources pour activer la dynamique d’un développement basé sur les spécificités et les atouts des territoires tout en prenant en compte leurs contraintes, précise le Parti, soulignant que le Royaume doit assurer une intégration territoriale des politiques publiques dans le cadre de la régionalisation intégrée notamment à travers les contrats programmes Etat-Régions.

La cinquième rupture concerne le passage « d’un modèle d’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée ». Une part importante des ressources mobilisées par le Maroc sont dédiées à l’édification d’infrastructures qui, par ce qu’elles ne sont pas valorisées à leurs pleins potentiels, ne contribuent pas suffisamment à la création de richesse et d’emploi, signale le Parti, appelant à « orienter les investissements vers le renforcement des capacités humaines, des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée ».

Pour ce faire, ajoute la même source, le Royaume doit « élaborer une stratégie nationale, déclinée au niveau régionale et locale, pour un renforcement substantiel de capacités du capital humain », qui ne devra pas se limiter aux compétences techniques mais aussi se focaliser sur les valeurs de citoyenneté, du mérite, du travail, du respect des normes et des engagements, du savoir-être, du savoir-apprendre et du savoir-communiquer.

Il s’agit également de « consacrer une part de plus en plus importante de l’investissement public à l’accompagnement effectif du renforcement de l’appareil productif et des entreprises à travers notamment le renforcement de l’appui à l’investissement, au recrutement, à la formation des compétences, à l’innovation et à la conquête de marché », relève l’Istiqlal qui insiste sur l’importance d’allouer un part des investissements au développement des technologies et de l’innovation qui permettraient au Maroc de passer du stade de consommateur à celui de producteur de technologie et d’innovations.

La sixième rupture est relative au passage « d’une consommation abusive des ressources rares, notamment en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité ». Cette transition devra s’opérer à travers la mise en œuvre « d’une stratégie intégrée de développement par le climat s’appuyant sur les opportunités offertes par la finance climatique pour renforcer la résilience du pays, nous accompagner dans l’atteinte des objectifs nationaux en la matière et contribuer au développement des secteurs de l’économie verte et bleue dans notre pays et sur le continent africain », ainsi que sur l’accélération de la mise en œuvre « de la stratégie énergétique et notamment du développement des capacités de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables ».

Il s’agit également de l’élaboration « d’une stratégie intégrée d’efficacité hydrique intégrant des objectifs précis en matière de durabilité, de distribution équitable et de valorisation responsable de la ressource hydrique à l’aide notamment de contrats de nappe, de la valorisation des bassins versants et des eaux usées et l’adoption d’un juste prix de la ressource hydrique », de « l’orientation progressive du recours à l’endettement des institutions publiques vers l’investissement productif avec un rééquilibrage des maturités de la dette avec les capacités de remboursement directement liées aux investissements concernés », outre la mise en place « des mécanismes efficients pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et notamment des classes moyennes, prévenir le surendettement et soutenir les ménages en situation de surendettement », relève la même source.

Afin d' »accélérer notre évolution vers un nouveau palier de développement et en garantir la durabilité, il est nécessaire de passer d’une consommation abusive des ressources rares en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens », conclut la source du PI.


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