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Exclusif. Mohammed Sadiki livre les détails de sa stratégie (VIDEO)

Génération Green, Agriculture 4.0, digitalisation des process… le ministre livre les détails de sa stratégie pour mener à bien les chantiers de transformation digitale du secteur agricole.

Quel bilan pouvez-vous faire des actions du gouvernement depuis  son investiture ?
Le gouvernement s’est, en effet, mis au travail dès son investiture par le Parlement. Il s’est penché sur des questions urgentes, ainsi que sur toute une série de textes de lois, de décisions et d’arrêtés extrêmement importants, représentant la base pour la déclinaison de grands chantiers.

Aujourd’hui, nous avons bouclé toute la série des textes relatifs à la généralisation de la couverture sociale, chantier lancé par Sa Majesté le Roi, pour lequel nombre de textes accusaient un retard, lequel a été rattrapé en fin d’année 2021.

Par ailleurs, chaque secteur s’est mis au travail en urgence, pour tracer les visions, mettre en place les plans d’action et, évidemment, prendre en considération deux composantes essentielles, notamment la crise sanitaire, mais aussi l’alignement des choix d’action des différents départements par rapport au Nouveau modèle de développement du Maroc.

Quels sont les principaux axes de votre feuille de route pour le développement du secteur agricole national ?
Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, a lancé la stratégie Génération green de développement du secteur agricole pour la prochaine décennie.

Cette dernière a été développée sur la base des hautes orientations royales et sur les acquis de la Stratégie Plan Maroc Vert qui a cadré la politique agricole entre 2008 et 2020.

Donc, la feuille de route relative au développement du secteur, pour la prochaine décennie, découle de la déclinaison de la Génération green et de sa mise en œuvre. La stratégie repose sur deux fondements : le premier donne la priorité à l’élément humain en le mettant au cœur de l’équation de développement.

Il s’agit, dans ce cadre, de faire émerger une classe moyenne agricole. Le deuxième fondement consiste à pérenniser le développement agricole et à assurer les bases d’une agriculture résiliente et éco-efficiente.

Comment le ministère va-t-il accompagner le déploiement de la Stratégie Génération green ?
Une gouvernance dédiée a été mise en place pour la déclinaison de la SGG sur la base de trois dimensions, territoriale, filière et chantiers transverses.

Ainsi, la SGG a été déclinée en 12 plans agricoles régionaux prenant chacun en considération les potentialités et les caractéristique agro-climatiques locales. Ces plans constituent des feuilles de route pour la mise en œuvre de la Stratégie dans les 12 régions.

La déclinaison de la SGG, pour la dimension filière, a permis d’élaborer des plans de développement filière (PDF) pour les principales chaînes de valeur de production.

Ces PDF feront l’objet de contractualisation avec les fédérations interprofessionnelles pour assurer l’implication de la profession dans la mise en œuvre des objectifs de développement des chaînes de valeur, selon un Partenariat public-privé.

Les chantiers transverses concernent, quant à eux, des sujets tels que l’eau, le sol, la modernisation des circuits de commercialisation, la transformation digitale et la traçabilité… Chaque chantier dispose d’un plan de mise en œuvre précis.

La vision de la transformation digitale du secteur agricole représente un des leviers importants pour le développement de l’Agriculture 4.0, quelle est votre stratégie dans ce sens ?
Qu’il s’agisse de s’adapter aux changements pour rester compétitif ou de faire évoluer une activité, la transformation digitale des secteurs économiques est devenu incontournable.

Elle se réfère aux changements liés à la mise en œuvre des technologies digitales dans toutes les stratégies des composantes et des entités du secteur.

L’agriculture n’est pas en reste puisque les avancés spectaculaires de la digitalisation y produisent déjà des effets positifs.

En effet, l’agriculture connectée est une réalité bien ancrée. Cette modernisation est portée par la génération green qui aspire à une agriculture 4.0 attractive pour l’investissement, les jeunes et où l’utilisation de la technologie est vaste, allant des technologies à large utilisation à des techniques de pointe, jetant les bases de l’agriculture de précision.

Il s’agit de poursuivre la dynamique de modernisation de l’agriculture nationale, portée par la Génération Green -particulièrement les efforts de renforcement des capacités des agriculteurs- et de préparation de l’agriculture du futur en dotant les opérateurs et les intervenants du secteur des outils nécessaires, en termes de technologies de pointe.

L’objectif étant d’accompagner l’évolution du secteur dans les modes de travail et de production, et de faire face aux différents enjeux. Ainsi les partenariats seront encouragés avec le secteur privé, notamment les startups technologiques, en vue de vulgariser les outils et les instruments auprès des agriculteurs et des opérateurs. À ce titre, la Génération green prévoit de connecter deux millions d’agriculteurs à des E-Services.

Le ministère mène un chantier de transformation digitale en interne, parlez-nous de la finalité et du bilan de ce chantier ?
Le ministère a entamé le chantier de la digitalisation très tôt pour accompagner la dynamique créée par le Plan Maroc Vert.

À cet égard, la priorité a été donnée à la mise à niveau technologique de l’exécutif du ministère et à la transformation numérique des processus de gestion.

Dans ce cadre, un processus d’octroi des aides et des incitations a été conçu, visant à améliorer les conditions d’investissement, via la mise en place d’un système digitalisé de gestion des demandes de subvention, de suivi du traitement des dossiers et de paiement des aides (SABA).

Ce projet a joué un rôle clé dans la mobilisation de l’investissement privé. Avec la crise Covid-19, le département a renforcé le système en mettant en place le guichet électronique pour maintenir la dynamique de l’investissement. Par ailleurs, l’automatisation du processus de gestion budgétaire, depuis la programmation jusqu’à l’exécution, a été mis en place (MISAGRI). Ceci a permis d’impacter très favorablement l’exécution des projets et de délivrer les résultats à temps.

D’un autre côté, la maîtrise de collecte de l’information et sa remontée rapide, grâce à ces solutions digitales, a permis d’améliorer la performance des statistiques agricoles, la gestion de leurs bases de données, le calcul des paramètres et des indicateurs de prise de décisions en temps opportun, ainsi que le partage des données.

À cet égard, le suivi de la campagne agricole a été nettement appuyé et la perspective de mise en place du Registre national agricole sera facilitée.

Le système PRDTS est, au passage, un cas d’école pour la mutualisation de Systèmes d’information entre plusieurs départements, au même titre que le système GID ou le parapheur électronique. Je citerais, également, le chantier de la digitalisation du parcours de l’exportateur, mené par Morocco Foodex, en partenariat avec Tanger MED et l’ONSSA.

Les initiatives privées, pour la transformation digitale, sont encouragées par notre département et ce, que ce soit à travers les actions entreprises par les différentes filières d’interprofessions ou des partenariats avec les établissements de formation et de recherche et certaines filières.

Je citerai l’exemple de l’usage des drones pour le traitement phytosanitaire par la filière rizicole dans la région du Gharb, ou l’imagerie satellitaire par l’interprofession Maroc Citrus et la filière céréalière.

Quid des autres départements qui œuvrent au côté du ministère pour l’implémentation de cette vision ?
Aucune organisation ne peut prétendre réussir sa transformation digitale indépendamment de son écosystème. La collaboration avec les autres départements est essentielle.

Ainsi, notre partenariat avec le ministère de la Transition numérique permettra de nous accompagner dans ce chantier.

Quelles sont les synergies possibles avec, notamment, la Digital Factory, l’ADD mais aussi les acteurs privés ?
Les synergies sont essentielles pour tirer profit de la digitalisation. Concernant le parapheur électronique, la collaboration avec l’Agence de développement du digital (ADD) est un succès, la connexion des bases de données avec le Registre social unifié (RSU) est aussi un exemple où l’ADD joue son rôle de catalyseur de l’interopérabilité, essentielle à la réussite de la transformation digitale.

Qu’en est-il des retombées de cette vision sur l’agriculteur marocain ?
La digitalisation est, avant tout, au service de l’agriculteur. Elle va permettre l’amélioration de la performance des chaînes de valeur à travers l’utilisation de différents maillons.

L’impact est certain sur la rentabilité, l’économie d’utilisation des ressources, la compétitivité, la traçabilité et la préservation de la santé des consommateurs.

Par ailleurs, l’accès aux marchés est plus aisé, pour les producteurs disposant de moyens digitaux qui assurent la traçabilité requise en matière de sécurité sanitaire.

Quels seraient les freins au déploiement de la transformation digitale du secteur agricole national ? Comment le ministère œuvre-t-il pour les réduire ?
Parmi les facteurs pouvant constituer des contraintes à la transformation digitale, on peut citer le taux élevé d’analphabétisme en milieu rural parmi les agriculteurs  l’infrastructure d’accès à l’Internet et des objets connectés dans le monde rural, ainsi que des contraintes réglementaires liées à l’usage des drones et des objets connectés.

Conscient de ces freins et ces challenges, notre département travaille en étroite collaboration avec les différentes parties prenantes pour en réduire l’impact et atteindre les objectifs de la SGG, en mobilisant tous les moyens humains et matériels ainsi que ses propres mécanismes de coordination et de gouvernance.

Parmi ses fondements, la SGG prône l’élément humain, dont notamment le volet social. Quelles sont les actions prévues dans ce sens ?
Sur le volet social, tout le gouvernement est mobilisé pour traduire la Vision Royale en bénéfices effectifs pour la population.

Dans le secteur agricole, un potentiel de couverture de 1,6 million de familles est escompté. Nous avons passé en Conseil de gouvernement la loi sur le RNA, un jalon essentiel pour l’identification des agriculteurs, et le décret d’application de la loi 15-98 et de la loi 15-99.

Ceci permettra d’ouvrir la voie à la CNSS pour procéder à l’immatriculation des agriculteurs, lesquels pourront cotiser et bénéficier des prestations, à partir du 1er mai 2022. De plus, le département de l’Agriculture a élaboré une première liste de 1 million d’agriculteurs, qui a été transmise à la CNSS.

Le Registre national agricole permettra à notre département de moderniser ses approches d’intervention en matière de services rendus aux agriculteurs, avec la mise en place d’une base de données exhaustive des exploitants et de leurs exploitations géo-localisées.

Nos services travaillent pour perfectionner un système de mise à jour de l’ensemble des données et informations concernant les agriculteurs. L’objectif étant de jouer ainsi, pleinement, leur rôle d’organes de liaison entre les agriculteurs et les services de la CNSS.

Sanae Raqui / (en partenariat avec Les Inspirations ÉCO)


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