OPINION DU WEB

Liquidation de la Samir: «un événement très important pour le Maroc»

La décision de la liquidation de la Samir prise par le tribunal de commerce de Casablanca lundi 21 mars, son impact sur l’économie du pays et les alternatives possibles entre les mains des pouvoirs publics, sont décryptés en exclusivité pour Le Site info par Francis Perrin, analyste pétrolier international et Directeur de la rédaction du magazine Pétrole et Gaz Arabes (PGA).

Le Site info: comment analysez-vous le verdict de la liquidation de la Samir?

Francis Perrin: si la liquidation de la Samir était confirmée définitivement, ce serait un événement très important pour le Maroc, car cette société est le seul raffineur au Maroc. Dans le cas où la raffinerie de Mohammedia serait fermée suite à la liquidation judiciaire, cela signifierait que le Maroc, qui importe la quasi-totalité du pétrole brut qu’il consomme, devrait également importer tous les produits pétroliers dont il a besoin pour assurer la satisfaction des besoins de son marché domestique, ce qui poserait de sérieux problèmes. De plus, la consommation pétrolière du pays est en croissance. À l’inverse, si la raffinerie était fermée, le pays aurait moins besoin d’importer du pétrole brut.

Quelles solutions pour le Maroc concernant l’approvisionnement?


Dans tous les cas, le pays restera longtemps très dépendant de l’extérieur pour ses approvisionnements pétroliers. La question stratégique est de savoir s’il vaut mieux importer beaucoup de brut ou beaucoup de produits raffinés. L’expérience montre que pour la plupart des pays consommateurs et importateurs à travers le monde, il est important de disposer d’un appareil de raffinage, même si celui-ci ne couvre pas forcément toute la demande nationale. Les besoins en produits raffinés sont stratégiques et beaucoup de gouvernements ne veulent pas dépendre totalement de l’étranger dans ce domaine. Il y a aussi une valeur ajoutée nationale liée au raffinage et des impacts positifs sur l’emploi et l’activité dans le bassin industriel dans lequel une raffinerie s’inscrit.

D’après vous, comment les pouvoirs publics doivent s’y prendre pour gérer cette affaire?

Le gouvernement n’a pas été pris au dépourvu car les difficultés de la Samir sont connues depuis longtemps et l’hypothèse de sa disparition a été envisagée depuis quelque temps. Si la liquidation est confirmée, le point clé sera de savoir si le Maroc veut conserver ou pas une industrie du raffinage. Le ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, Abdelkader Amara, a publiquement indiqué que le raffinage resterait au Maroc et le gouverneur de la Banque centrale est allé dans le même sens.

Que devra faire l’Etat compte tenu de la situation actuelle?

L’Etat devra contribuer à la recherche d’un repreneur pour la raffinerie de Mohammedia, ce qui ne va pas de soi, car le raffinage est une industrie difficile avec des cycles économiques assez prononcés et des marges très fluctuantes. Ou en prendre lui-même le contrôle… Par contre, la période actuelle est bonne pour le raffinage puisque le prix du pétrole brut que les raffineurs achètent est bas. L’Etat aura également un rôle à jouer envers les employés de la Samir et le tissu industriel lié à la raffinerie. L’intensification de l’exploration est aussi un point important, même si le ministre de l’Energie estime que le Maroc a plutôt un profil gazier. La question des pétroles non conventionnels est importante également, ainsi que la diversification énergétique entamée par le pays depuis plusieurs années. Il s’agit évidemment ici de politiques ayant des impacts à moyen et à long terme et non pas à court terme. Mais, dans le secteur énergétique, les crises et les problèmes de court terme ne doivent jamais nous faire oublier les impératifs de bonnes stratégies pour le moyen et le long terme.

Propos recueillis par Noureddine Boughanmi

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