Culture

« Si c’était à refaire », nouveau roman de Nicole Elgrissy

Dans ce nouvel ouvrage, qui sort exclusivement en version électronique, Nicole Elgrissy raconte son vécu, des anecdotes et ses vérités sur la société marocaine depuis les années 60.

Elle relate ainsi son parcours avec des mots simples, en évoquant des femmes marocaines juives et musulmanes, victimes de l’injustice des hommes.

«Faisons tous ensemble, des révérences successives face à ces parents qui nous ont permis d’accéder à la scolarité et qui se sont sacrifiés pour financer nos études supérieures. Hélas, certains d’entre eux n’ont jamais imaginé à quel point beaucoup trop d’entre nous finiraient sur le carreau après avoir épousé des hommes sans scrupules, sans intelligence émotionnelle et surtout, sans éducation assez cognitive sur leurs futurs rôles de maris et de pères… », écrit Nicole Elgrissy.

Dans le préambule de son livre, la romancière explique avoir écrit avec son cœur des souvenirs «restés ancrés dans les murs et les zelliges de ces milliers de maisons marocaines qui ont souffert silencieusement d’avoir vu partir autant de Juifs et de musulmans dès le début des années 60… »


Elle ajoute que «dans les pays du Maghreb, l’homme a toujours été formaté pour décider et la femme pour s’exécuter (…) Pendant des siècles, il a été inimaginable, voire impossible, pour la majorité des maris marocains de demander pardon à leur épouse après avoir fauté.  C’était contraire à leurs principes. La seule à laquelle ils demandaient des excuses s’appelait «Mama».»

Toutes les femmes qui ont osé se rebeller contre leurs pères ou leurs maris sont devenues des «légendes…», note Nicole Elgrissy. «On parle encore d’elles dans leur famille, et selon les niveaux culturels, elles sont traitées de putes, de lâches ou de folles…»

Très peu d’entre elles ont réussi à briser les chaînes et les tabous de cette société marocaine spécialisée en diffusion de l’information et surtout du scandale. Encore plus vite que via Facebook ou Twitter…

Nicole Elgrissy espère que ce livre «éveillera ou réveillera les consciences de toutes celles qui se sentaient très seules dans leurs malheurs et qui n’ont jamais osé en parler en mettant de vrais mots devant leurs maux».

si c'était

Voici quelques extraits que nous vous avons sélectionnés :

Un héritage inépuisable

«J’ai eu la chance d’être la fille de Simone Cohen Elgrissy qui fut une conseillère conjugale doublée d’une psychologue exceptionnelle, sans diplômes ni patente. Elle était altruiste à un point inimaginable dans le monde actuel, celui ou tout se monnaye (…)

Si maman avait dû facturer le temps qu’elle accordait aux autres, elle serait sûrement devenue très riche. Lorsque les parents vous lèguent des valeurs humaines avec un sens du devoir pour les transmettre à votre tour, c’est qu’ils vous ont offert un héritage inépuisable.»

La darija et le français

«Au milieu de toutes ces juives marocaines qui ne s’exprimaient majoritairement qu’en arabe dialectal, ma mère et mes tantes jouissaient du privilège de se parler entre elles en français, sans être comprises par les autres qui étaient arabisantes à cent pour cent. Ce dénominateur commun développait davantage leur complicité et je peux vous affirmer que dans les années trente, converser correctement en français au Maroc relevait de l’exceptionnel. Seulement une grosse poignée de Marocains avaient un bon niveau de français à l’oral comme à l’écrit. Tout le reste parlait en arabe dialectal, en berbère ou en judéo-marocain, un savant mélange entre l’arabe et l’hébreu.»

La femme mariée dans les années 70

«Dans la société marocaine, une femme mariée était considérée comme une adulte dès le premier mois qui suivait la cérémonie nuptiale, alors que certaines n’avaient que 16 ans. Si l’on avait exigé des tests de maturité joints à ceux qui confirment la compatibilité des groupes sanguins, il y aurait eu beaucoup moins de malheureux dans ce monde.

Les belles-familles souvent très moches sur le plan comportemental, considéraient souvent que la nouvelle belle-fille ne pouvait être qu’une intrigante dans leurs univers quelquefois bourrés de secrets. Les brus n’avaient d’autre choix que celui de devenir des épouses constamment consentantes face à toutes les exigences de leurs maris et de certaines belles-mères aussi abusives qu’invasives. Elles devaient devenir des cordons bleus dans des délais records pour pouvoir régaler les nombreux invités qui lui étaient imposés.»

Les femmes et les mouchoirs

«Dès que je recevais une femme en souffrance et que je la regardais tirer dix mouchoirs à la fois d’une des boîtes de Kleenex posées sur différents endroits de mon salon, je me demandais souvent où j’allais puiser l’énergie nécessaire pour la subir jusqu’à la fin de son récit. Certaines savaient se raconter clairement, d’autres étaient confuses et il fallait des heures avant de reconstituer le puzzle et bien situer le problème…

Les plaintes de ces femmes allongées sur l’un des canapés qui formaient mon salon marocain, se formulaient par de longues phrases sans points ni virgules.»

La vie privée des Marocaines

«Il était très difficile d’avoir une vie vraiment privée au Maroc, puisqu’il suffisait qu’une seule personne vous rencontre en situation douteuse pour que tout le reste du pays soit tenu au courant. Le mot courant prenait tout son sens dans ces cas-là parce que les spécialistes marocains en matière de diffusion de ragots atteignaient le score de 300.000 kilomètres par seconde… Beaucoup de ces Marocaines, qui m’ouvraient leur cœur, ne savaient pas toujours ce qu’elles voulaient vraiment au fond d’elles. C’est le pire qui puisse arriver à un être humain. Ne pas savoir prendre une décision, patiner des années pour rien, et la prendre quand même dix ou vingt ans plus tard… Elles voulaient maigrir en mangeant des chocolats, faire des omelettes sans casser d’œufs, nager sans se mouiller, glisser sans tomber. C’est hélas du domaine de l’impossible, tout le monde le sait.»

Samy et le business

«Au tout début de sa carrière, alors qu’il n’avait que dix huit ans, Samy fut recruté par un célèbre orchestre de Casablanca, dénommé « les frères Botbol ». Après avoir quitté ce groupe à cause d’un gros clash, il travailla pour d’autres chanteurs juifs pendant de longues années, sans jamais arriver à trouver avec eux des accords financiers définitifs.  Difficile de s’entendre entre juifs en matière de business, lorsque l’un s’est juré de marger maximum sur le dos de l’autre. C’est connu…  Il est vrai que Samy avait la fâcheuse manie de toujours revenir sur des accords pris des semaines, voire des mois avant, entre l’organisateur de la fête et le représentant légal de l’orchestre.

Comme beaucoup d’artistes nombrilistes, Samy était intimement convaincu que c’était sa façon très particulière de jouer de la derbouka qui provoquait l’accélération de la vitesse de déhanchement des danseuses orientales et donc la liesse des hommes face à de si beaux popotins en mouvance… »

Samy et la derbouka

«Samy était pour l’orchestre du père Karoutchi, ce que Nick Mason était aux Pink Floyd… Quand il jouait de la derbouka, Samy était en transes. Son visage devenait congestionné, son front ruisselait de sueur et ses mains vibraient aux rythmes qui se dégageaient de cet instrument magique dont les sons ont le don de faire bouger les corps et d’égayer nos âmes de Marocains génétiquement fêtards…

Il en avait fracassé plusieurs lorsque l’ambiance était à son comble et qu’on lui faisait signe qu’il avait la vedette pendant quelques minutes de la soirée. Dans ces moments-là, son égo flatté lui donnait une énergie presque diabolique. Il tapait tellement fort que la membrane de la derbouka finissait par se déchirer. »

Le flic marocain

« Le Marocain est un flic né sans jamais avoir été formé aux techniques policières. Celui que vous interrogerez vous donnera naturellement les renseignements, plus pour vous aider à ne pas vous faire avoir que par esprit de délation. Cet esprit d’entraide a toujours fait partie de notre naturel et de nos habitudes de vie. C’était une façon implicite de nous protéger mutuellement contre l’inconnu, et ce sans aucune contrepartie en retour. Ces habitudes de vie ont hélas disparu de nos villes et de nos vies de citadins en déconfiture totale face aux mensonges d’une société de consommation de produits souvent inutiles… »

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