Politique

Benkirane déballe tout devant les étudiants de l’ESJC

Invité à Casablanca, au sein de l’ESJC (Ecole supérieure de journalisme et de communication), le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a participé à un débat sur le bilan du gouvernement. Récit.

La salle de conférences est comble. Tous les élèves attendent avec impatience Benkirane qui doit arriver aux environs de 10h30. Il a 45 minutes de retard. On l’excuse en mettant ce retard sur le compte des embouteillages casablancais…
A son arrivée, tout le monde est impressionné par cet homme qui fait des signes de mains aux curieux. Il est vêtu d’un costume bleu et d’une cravate rouge. Il donnerait l’impression d’être un quidam humble et simple, s’il n’était pas accompagné de sa horde de gardes du corps qui paraissent suspecter tout le monde.

Avec nostalgie, Benkirane raconte que la liberté lui manque. Morceaux choisis: « Je ne peux plus voir ma famille et mes amis librement…à la belle époque, je venais avec ma famille à Casa pour manger de la glace ».

Après ces brèves présentations, il explique les étapes cruciales par lesquelles est passé son parti, le PJD (Parti de la justice et du développement), de ses débuts jusqu’à son succès actuel dans la majorité du royaume.


Le parti de El Himma

Un étudiant lui pose une question sur l’ennemi du PJD, autrement dit le PAM (Parti de l’authenticité et de la modernité). Le chef du gouvernement ne manque pas de rappeler les débuts du PAM et son importance au sein du champ médiatique marocain. Selon lui, à l’époque de sa création, le PAM représentait un parfait mélange de modernisme et de conservatisme modéré, pour le plus grand bonheur des citoyens qui ne se retrouvaient pas dans les élans conservateurs du PJD et des autres partis. D’autant plus que ce parti a été fondé par Fouad Ali El Himma qui est proche du souverain Mohammed VI.

A en croire Abdelilah Benkirane, les relations qu’entretenaient les membres du parti de la lampe avec le PAM étaient pacifiques. Ce n’est qu’après une déclaration «dégradante» de Fouad Ali El Himma, lors d’une émission de la chaîne de télévision marocaine 2M, que la guerre médiatique et politique entre les deux partis a officiellement commencé. D’après le secrétaire général du PJD, Fouad Ali El Himma a annoncé publiquement que les membres et les affiliés du PJD n’étaient que des «marginaux de la société».

Abdelilah Benkirane n’y va pas de main morte à propos du parti concurrent. D’après lui, le PAM n’a pas été «patient». Et il ajoute: « Seulement un an après sa création en 2008, le parti de l’ami et du conseiller du roi a pu regrouper plus de 16.000 candidats aux élections, un chiffre fort que même le parti de l’Istiqlal, connu pour être un parti historique, n’a pas pu réaliser depuis l’indépendance du Maroc ».

Toujours à propos du PAM, Benkirane déclare: «Le PAM est un parti dangereux qui a préféré utiliser la force et est devenu en peu de temps l’ennemi principal des autres partis marocains». Selon lui, le PAM n’a pas été suffisamment présent durant le printemps arabe en 2011, voire «isolé» et il a prouvé «sa mauvaise foi et sa tricherie» durant les élections communales de 2011 où il n’a pas eu la première position tant attendue, contrairement au succès soudain des élections régionales de 2009.

Le chef du gouvernement ne manque pas de vanter les mérites de son parti qui s’est approprié la presque majorité de tout le royaume, entre 19 des 35 principales villes marocaines, plus de 1.080.000 votes, 5.000 députés et plus de 200 communes. C’est alors que le rire, désormais connu de Benkirane, illustre sa fierté d’être le secrétaire général du PJD.

El Omari, un dictateur

Qui dit PAM dit Ilyas El Omari, secrétaire général du parti, qui semble s’amuser à mettre des bâtons dans les roues du parti islamiste marocain. Pour Benkirane, Ilyas El Omari est un « dictateur » dans son parti, il manque de netteté autant lors de ses déclarations publiques qu’au sein de son parti.

Toujours selon le chef du PJD, le PAM, son principal ennemi politique, est«incompréhensible dans ses propos», surtout depuis les déclarations «dangereuses, polémiques et gauches» d’Ilyas El Omari, notamment les plus connues dont : « Le danger que représentent les islamistes au Maroc (ndlr : les membres du PJD), la légalisation de la vente du cannabis au Maroc et l’extrémisme dangereux que représente la radio Mohammed VI ».

Selon lui, Ilyas El Omari et le parti qu’il représente sont dangereux puisque, même sans avoir ni la majorité, ni d’alliances avec les autres partis, le PAM a réussi à s’emparer de la ville de Tanger, ce que Benkirane qualifie d’«illogique».  Et de ce pas, il conclut que «le PAM utilise des méthodes de pression sur les personnes qui votent et achètent leurs votes».

A la fin de son long discours à propos du PAM, Abdelilah Benkirane déclare que les méthodes scandaleuses et répressives de ce parti devraient changer, qu’il doit se démocratiser et qu’hormis ses grands défauts, il reste crédible. Il ajoute que s’il change, une certaine paix règnera à nouveau dans le champ politique marocain.

Renault et Peugeot ont choisi le Maroc

Parce qu’il faut tôt ou tard changer de sujet, Benkirane répond ensuite à une question posée sur l’ensemble de l’économie marocaine et sur l’instabilité qui règne dans le royaume, en rappelant les faits marquants du printemps arabe qui a «détruit» plusieurs pays, notamment la Tunisie, la Syrie, la Libye et le Yemen. D’après lui, il est important de souligner l’état stable du Maroc en comparaison avec les autres pays cités: « Si nous n’étions pas stables, jamais nous n’aurions accueillis des grandes entreprises comme Renault, Peugeot et d’autres futures entreprises qui s’installeront dans le territoire marocain ».

Afin de prouver la bonne organisation de l’économie nationale, le chef du gouvernement précise que malgré quelques difficultés qui ont touché les caisses publiques, notamment lors d’une crise relative aux salaires des fonctionnaires de l’Etat, le pays n’a jamais bénéficié de l’aide du Fonds monétaire international (FMI) qui est estimé à 6,2 milliards de dollars. D’ailleurs, il rappelle que c’est le FMI qui a proposé la hausse des prix des hydrocarbures, afin de compenser les difficultés rencontrées à cette époque, ce qui a entraîné une totale libéralisation de ce secteur et la fin de la subvention sur l’essence.

Benkirane déclare enfin qu’il a pour projet d’augmenter l’aide directe aux personnes qui vivent dans des conditions précaires. Après la réforme de l’aide directe aux veuves nécessiteuses, il projette de créer un nouveau décret aidant cette fois-ci les femmes divorcées en charge d’enfants ainsi que les personnes handicapées. Mais il avoue la difficulté de réalisation d’un tel projet, rappelant que le décret de l’aide directe aux veuves a été difficilement approuvé par la majorité des représentants du champ politique marocain.

Dernier point: Benkirane n’a pas souhaité répondre à la question des enseignants stagiaires. Aussi, il n’a pas voulu dire du mal de son « ami » Chabat et préfère oublier les guéguerres qu’il a eu avec lui. Même constat pour Aziz Akhannouch et Salaheddine Mezouar. Au final, c’est donc Ilyas El Omari qui en aura pris pour son grade ce mercredi à l’ESJC.

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