OPINION DU WEB

Bouleversant témoignage d’un homosexuel français au Maroc

Je suis Français et je réside au Maroc. Depuis une dizaine d’années. Je vis mon homosexualité, dans l’intimité qui est la mienne et dans une discrétion respectueuse des mœurs de mon pays d’accueil. Les récentes agressions homophobes m’incitent à prendre la plume pour témoigner et répondre aux accusations proférées à l’encontre d’homosexuels marocains desquels je me sens solidaire.

L’homosexualité, une perversion venue d’Occident ?

L’idée reçue selon laquelle l’homosexualité serait une pratique importée d’un Occident paré de tous les vices m’étonne grandement. Je rappellerai, qu’aussi bien en France qu’au Maroc, l’homosexualité reste une pratique minoritaire. N’est-ce pas faire injure aux homosexuels d’ici que de les exclure de la communauté humaine, en raison d’une vision essentialiste et caricaturale, aussi bien de l’Occident que de la sexualité ? Je rencontre des hommes qui vivent leur homosexualité sans aucun sentiment de culpabilité et sans être dans l’obligation de se prostituer. Car il en va de la prostitution comme de l’homosexualité. Il s’agirait d’une pratique venue elle aussi de l’étranger dont les causes sociologiques ne sont jamais analysées. Je connais aussi des homosexuels marocains ayant fait le choix de s’exiler de leur pays pour s’épanouir pleinement et vivre heureux, sans être ostracisés ou sous la menace d’une agression éventuelle.

Un non-dit plutôt qu’un tabou

Oui, l’homosexualité est une réalité au Maroc. Une réalité qui prend des visages divers et se vit moins dans l’effroi de la révélation que dans une forme de refus de la voir en face.


Le développement incroyable des réseaux sociaux et des applications de rencontres semble avoir facilité les contacts. Les liens que j’ai pu tisser, aussi bien sur le plan amical qu’amoureux, avec des homosexuels marocains ont toujours débuté dans une clandestinité, certes contrainte mais aussi jubilatoire. Beaucoup de jeunes garçons, entre 20 et 30 ans, qui fréquentent les sites de rencontre sont en quête de plaisir. Rares sont ceux qui recherchent l’âme sœur, puisqu’une telle possibilité leur apparaît comme un mirage. Il n’est pas rare de dialoguer aussi avec des hommes mariés ou qui se disent bisexuels.

J’ai vécu, il y a quelques années, une relation amoureuse avec un ingénieur marocain que je voyais régulièrement. Pendant trois ans, il a réussi à trouver un équilibre entre sa vie sentimentale et les impératifs d’une vie familiale qu’il m’arrivait de trouver envahissante. Mais je n’ai jamais exprimé un tel point de vue en sa présence. Notre histoire prit fin brutalement, sans aucune raison apparente, si ce n’est qu’il me dit, à mots couverts, que vu la société dans laquelle il vivait, il était contraint de se marier. Je n’ai jamais pensé que l’homosexualité était un tabou au Maroc. Son existence est connue de tous, le plus souvent acceptée et tolérée, mais comme s’il s’agissait d’une parenthèse avant le mariage. Ce non-dit à l’égard de l’homosexualité n’est-il pas le pendant du tabou de la virginité chez les filles ? La sexualité se vit cachée, mais sous un contrôle qui ne dit pas son nom. En un sens, les agressions homophobes me semblent prolonger cette volonté de surveillance dont les racines sont à essayer de comprendre.

Bruno R.

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