Maroc

Le mouton géniteur Sardi peut coûter jusqu’à 30.000 dirhams!

« Plus de 510.000 têtes d’ovins, dont 15% de brebis, et 3000 têtes de caprins dépourvus de toute maladie, sont destinés à l’abattage pour satisfaire les besoins de plus de 6 millions d’habitants répartis sur les préfectures de Casablanca et de Mohammédia, les provinces de Settat, Berrechid, Sidi Bennour, Nouaceur, Médiouna et El Jadida », atteste le directeur provincial de l’agriculture dans les villes de Settat et Berrechid, Hassan Saâd Zaghloul.

Malgré le déficit en termes de précipitations qu’a connu le pays l’année dernière, l’offre aussi bien en ovins qu’en caprins, qui seront sacrifiés à l’échelle de la région, demeure désormais « stable », précise Zaghloul, dans une déclaration à la MAP, ajoutant que ce cheptel est réparti sur les zones de Chaouia (250.000 têtes ovines et 3000 caprines), de Doukkala (175.000 têtes), de Benslimane (59.000 têtes) et de Casablanca (26.000 têtes).

Si chacune des régions du royaume est réputée pour l’élevage d’une race ovine qui lui est propre et spécifique, la race Sardi, dont le berceau incontestable se situe dans les régions de Casablanca-Settat et de Marrakech-Safi, s’accapare la notoriété d’être la « meilleure » qualité, a estimé Abdelkrim El Bidani, vice-président de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC) et secrétaire général de l’Union marocaine de l’agriculture.

Le « sardi » est talonné par les races de « Timahdite » (région Fès-Meknès), « Bni Guil (région de l’Oriental), particulièrement d’Oujda, « Bejaâd » appelée également « la race jaune » (province de Khouribga), et « D’man » (région Drâa-Tafilalet), outre des races en cours d’amélioration comme celles de « Drâa », « Barcha », « Atlas », « Beni Arouss » et « El Hamra ».

En raison de la qualité et du goût que les Marocains attribuent, à tort ou à raison, à la race Sardi, le prix du mouton géniteur est surréaliste et frôle parfois le déraisonnable, dans la mesure où son acquisition, en bonne et due forme, requiert un budget colossal entre 10.000 et 30.000 dirhams. « Il s’agit d’un produit issu d’une race pure qui, d’autant plus, fait l’objet de soins vétérinaires et de suivi de manière constante », a expliqué à la MAP, Ahmed Dahdouhi, éleveur d’ovins dans la région d’El Borouj et membre de l’ANOC.


« Certains clients préfèrent s’adresser directement à l’éleveur pour s’approvisionner à des prix raisonnables. D’autant qu’ils se fient à leur choix qui émane d’une certaine confiance et assurance quant à la qualité indéniable de la bête destinée au sacrifice. En outre, ils ont la possibilité de s’acquitter d’un acompte qu’il peuvent toujours récupérer aisément en cas de résiliation de la transaction », a-t-il fait savoir.

En face du dilemme et du besoin si pressent qui se fait sentir à l’approche de cette fête « grandiose » pour les ménages qui, traditions et us obligent, tiennent coûte que coûte, à s’approprier et à disposer du mouton de l’Aïd al-Adha à un prix raisonnable, à la portée de leur pouvoir d’achat et de leurs bourses, modestes soient-elles, sans pour autant renoncer d’un iota à la qualité devant caractériser la bête du sacrifice, les « chennaqa » (spéculateurs), comme à l’accoutumée d’ailleurs, ne tardent pas à s’inviter à la « fiesta » et à cette réjouissance pour imposer leur diktat et en tirer profit, à l’instar des pique-assiettes, en renflouant leurs recettes, en dehors de toute considération et respect de la sacralité de cet événement.

Nonobstant leur rapacité à profiter le maximum possible de cette idylle éphémère, ils n’hésitent pas également à recourir à certaines formes de fraude et de tricherie, en vue de faire écouler des bêtes « trafiquées » ou comportant des imperfections qui risquent, parfois, de rendre caduque la pratique saine du sacrifice, conformément aux règles énoncées par la religion musulmane.

Certes, des bêtes gavées et souffrant parfois de cécité et de malformations susceptibles de compromettre le sacrifice, au sens religieux du terme, sont exposées au devant de la scène. Les vendeurs tentent de dissimuler, avec préméditation, ces défauts que les acheteurs sont appelés, désormais, à éviter pour que l’immolation cadre parfaitement avec le devoir religieux, ont fait remarquer El Bidani et Dahdouhi. Ils ont précisé que les « chennaqa » ne manquent guère d’imagination : usage de la levure, pour que le poids de la bête soit plus élevé qu’il ne l’est véritablement, de l’eau salée et du blé tendre. Autant de manigances et de stratagèmes destinés à appâter une clientèle « naïve » qui ne maîtrise point les tenants et aboutissants de la physionomie animale…

Ismaël, l’une des victimes des « chennaqa », a déclaré à la MAP qu’il y a quelques années, il s’était procuré, sur un marché d’ovins, à quelques encablures des abattoirs municipaux de Hay Mohammadi, un mouton coûtant plus de 3000 dirhams. A sa grade surprise et à celle du boucher qui avait immolé la bête, celle-ci « avait un sac en plastique dans l’estomac ».

Plus que jamais s’imposent la nécessité des professionnels du domaine de la consolidation du rôle des associations de protection du consommateur, le renforcement du contrôle dans les marchés, de l’état de santé des ovins et caprins destinés au sacrifice et des sanctions fermes à l’encontre des spéculateurs et tricheurs, ainsi qu’une réorganisation des marchés de vente et l’interdiction sans équivoque des lieux de vente qui ne sont pas en conformité avec les conditions d’hygiène requises.

Fatima Rafouk

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