Culture

Entretien avec Nader Adem, un génie de la photo qui soutient le handicap

 

Nader Adem est un jeune photographe saoudien, vivant à Addis Abeba, en Ethiopie. La série qu’il consacre au handicap, « Life as a disabled person », a été soutenue et présentée, lors des Rencontres de la photographie d’Arles, par Aida Muluneh, photographe éthiopienne.

par Olivier Rachet

Pouvez-vous commencer par vous présenter au public marocain? Vous êtes originaire d’Arabie Saoudite et vivez, actuellement, à Addis Abeba, en Ethiopie. Pouvez-vous revenir sur le parcours professionnel qui a été le vôtre?


Je m’appelle Nader Adem. Je suis un photographe éthiopien. Je suis né et j’ai grandi en Arabie Saoudite et vis actuellement à Addis Abeba, en Ethiopie. Je suis diplômé des Beaux Arts de l’Université de l’éducation et de la formation technique et professionnelle Entoto d’Addis Abeba. Ma rencontre décisive avec le monde de la photographie a eu lieu lors de l’exposition de la photo de presse internationale à Addis Abeba, en 2003.

Ce fut pour moi une véritable révélation d’expérimenter la puissance évocatoire de la photographie, son pouvoir absolu de refléter les innombrables réalités du monde qui nous entoure. Cette expérience a suscité un véritable intérêt pour la photographie. J’étais tout autant passionné par d’autres champs artistiques tels que la peinture. Mon penchant pour la photographie s’est renforcé lorsque j’ai pu acquérir mon premier appareil semi-professionnel, en 2012, comme j’étais persuadé que la photographie ne serait pas qu’une passion mais que j’en ferais ma carrière professionnelle.

J’ai commencé par étudier seul la photographie. Puis, j’ai suivi des cours de photographie dans une école d’arts et assisté à de nombreux ateliers de photographie à DESTA for Africa (organisation culturelle à but non lucratif fondée par Aida Muluneh), toutes deux basées à Addis Abeba.

Ma première exposition personnelle intitulée « Addis Beautyscapes » a eu lieu à Addis Abeba, en mars 2016. Cette collection de photographies de paysages urbains et naturels montrait d’infimes détails de la vie quotidienne de la capitale.

Vous avez poursuivi vos études dans une école pour malentendants. En quoi cela a-t-il eu un impact sur votre pratique artistique?

J’ai suivi ma scolarité primaire dans des écoles spéciales pour malentendants en Arabie Saoudite et en Ethiopie, mais j’ai fait mes études secondaires et supérieures avec des personnes entendantes. Je pense que les études dans ces deux environnements (malentendants seulement / malentendants avec entendants) ont largement influencé ma manière de voir les choses et ont élargi, en particulier, ma compréhension, des relations sociales au sein des deux communautés et entre elles.

Vous avez été mis à l’honneur des Rencontres d’Arles grâce à la photographe Aida Muluneh qui a soutenu votre série de photos pour le Prix Découverte. Dans quelles circonstances l’avez-vous rencontrée?

J’ai rencontré pour la première fois Aida en juillet 2015, alors que j’assistais à un atelier sur la photographie organisée par DESTA for Africa. A la fin de l’atelier, j’ai soumis mes premiers travaux sur le problème du handicap, qu’elle a appréciés. Elle m’a vivement encouragé à les développer et à travailler davantage sur ce sujet; et une année plus tard, nous étions à Arles. Je lui suis donc très reconnaissant d’avoir cru en moi et de m’avoir proposé pour le Prix Découverte.

Vous prenez des photos de différentes sortes de handicap. Certaines personnes sont handicapées de naissance, d’autres sont des victimes de guerre (notamment du conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée voisin). Pensez-vous qu’il existe différents degrés de la souffrance?

Dans la série consacrée au handicap, j’ai essayé de montrer les épreuves que ces personnes affrontent. Que ce soit de naissance ou à cause de la guerre, je pense qu’ils font face aux mêmes épreuves et aux mêmes défis, ainsi qu’aux mêmes stéréotypes sociaux.

Pourquoi avoir privilégié pour votre travail le noir et blanc?

En règle générale, j’aime la photographie en noir et blanc parce que celle-ci permet de se focaliser davantage sur les sujets. Je pense que les autres couleurs sont parfois gênantes et peuvent éloigner l’attention des sujets. J’aime aussi les émotions qu’elle représente et la puissance qu’elle véhicule.

Dans la série « Life as a disabled person » (La vie en tant qu’handicapé), il était important pour moi de se focaliser sur les sujets, sur leur passé, leur lutte et leur détermination. Je pensais que le noir et blanc était le plus approprié.

Travaillez-vous, en ce moment, sur un nouveau projet? Pouvez-vous nous en dire plus?

Je termine une série qui sera exposée au quatrième festival international de la photo d’Addis Abeba, qui se déroulera en décembre 2016. Cette biennale de la photographie est la plus importante en Afrique de l’Est, elle est dirigée par Aida Muluneh et regroupe des photographes du monde entier.

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