Chroniques

Elle court, elle court, la rumeur…

Par Jalil Bennani, psychiatre et psychanalyste 

Nous sommes coutumiers des rumeurs. Elles ont souvent pour objet des personnes connues ou des faits sociaux importants. On rit, comme pour le mot d’esprit, lorsqu’il s’agit de faits divers, d’anecdotes, de promesses, mais la chose devient sérieuse si on nous annonce un décès ou une naissance n’ayant pas eu lieu. Il convient alors de se poser sérieusement des questions. Essayons de comprendre le phénomène et de nous pencher sur son utilité.

Et tout d’abord, qui lance la rumeur ? On ne sait pas justement. C’est le « on » tout court. « On » qui n’ose pas dire la source. « On » se cache derrière l’autre et derrière cet autre il y a toujours un autre. Celui qui a lancé la rumeur n’ose pas se montrer. Il ne peut pas prononcer un « je » et se contente d’un « on » impersonnel. Il se situe entre une individualité qui ne peut pas s’exposer et un collectif dans lequel il se noie. Des mobiles divers, plus ou moins avouables, plus ou moins utiles, peuvent inciter à propager une rumeur. Censure et autocensure se trouvent confondues.

La rumeur peut avoir une fonction, un usage, un but. Elle est alors sciemment créée dans l’objectif de connaître un avis, une opinion. Elle s’avance masquée. Mais elle peut aussi être colportée, avec plus ou moins d’ignorance, plus ou moins inconsciemment, pour véhiculer l’avis ou la pensée d’un groupe.


Elle possède dans ce cas un rôle et un pouvoir intégratifs visant à entretenir un lien social. Elle nourrit un imaginaire, pour le meilleur comme pour le pire : pour entretenir un espoir et aider à se construire ou pour détruire une personne, déconstruire une situation, et en tirer satisfaction.

Certes, tout un chacun nourrit ses fantasmes avec ce qu’il trouve, glanant les rumeurs qui le confortent, le sécurisent ou nourrissent ses peurs. Nous avons dans notre héritage culturel la tradition des contes ou khourafa, des histoires qu’on raconte mais qu’il ne faut pas croire.

Mais qu’en est-il aujourd’hui quand les personnes censées éclairer l’opinion publique lui annoncent de fausses informations, données pour vraies, l’induisent en erreur et entretiennent ses doutes, sans recul et sans éthique. Elles gagnent en audience, mais perdent vite en crédibilité. Rien ne sert de courir, dit-on…

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