Chroniques

J’écris pour m’indigner

par Bahaa Trabelsi, journaliste et écrivaine

J’écris pour m’indigner contre les abus des islamistes, contre l’importation du wahhabisme, les marques qui lancent la mode pour les femmes voilées, les définitions erronées du vivre ensemble, le racisme, l’homophobie, le fanatisme et la sauvagerie.

Et en citant un à un les objets de mon indignation, je me dévoile enfin ! Je ne l’ai pas fait avant parce que je suis démocrate, laïque, pour la liberté de conscience et pour toutes les libertés de penser, de s’exprimer, de s’habiller comme on veut, de se couvrir ou de se découvrir, d’exister pleinement en somme.

Vous l’avez compris, je suis adepte de ce fameux « vivre ensemble », concept que je serai dorénavant disposée à redéfinir. Vous me direz que je suis sous influence occidentale. Et bien oui, pourquoi pas ? Dieu merci, partout dans le monde, les valeurs universelles continuent d’exister. Nous sommes tous sous influence. La mondialisation est aussi culturelle. Et ce sont aussi ces influences qui nous font réfléchir et avancer, nous donnent les libertés de choisir, en harmonie avec nos identités plurielles. Mais je suis aussi marocaine et fière de mon identité. Fière de notre diversité et de notre richesse culturelle d’antan, de nos mythes et de nos légendes, de ce que nous avons été et de ce dont nous avons hérité. Occidentale, orientale, marocaine « différente », femme libre, auteure subversive, je suis tout ce dont vous m’accuserez et je l’assume avec bonheur.


Et parce que je respecte les libertés des autres et leurs choix, je ne me suis pas autorisée à remettre en question ce qui me dérange, je me suis interdit de sombrer dans les clichés et les idées reçues. J’ai passé mon temps à m’embarquer sur les rails du politiquement correct et cela m’a minée, parce que j’ai brimé ma parole et que je devenais victime de la nature galvaudée de ce vivre ensemble que je me suis imposée. Là où je vais, dans la rue, dans les administrations, dans les restaurants, les femmes en foulards, de plus en plus nombreuses ne ressemblent plus en rien à nos mères et à nos grands-mères. Elles sont sous influence moyen-orientale, voire wahhabite, qui opprime, dévalorise, abrutit.

Oui, je crois qu’aujourd’hui, je n’ai plus envie de me taire. Minoritaire, voire marginale, je subis à longueur de journée l’absurde. Je subis la transformation de notre société, son homophobie, ses chasses aux sorcières, son racisme, l’agonie de l’islam de nos ancêtres, la mort de nos valeurs inscrites dans la tolérance et l’ouverture d’esprit, les lynchages, le projet de code pénal liberticide, la délation, la « culture propre » et les vœux pieux. Je ne peux plus me reconnaître ou m’identifier à ça. J’ai suffisamment subi, dans le mutisme et la désolation. Je ne veux plus taire.

Je veux dénoncer l’analphabétisme et l’ignorance, le système éducatif défaillant qui « forme » des ignares, la barbarie, les femmes voilées, la descente aux enfers. Ailleurs, et comme le dit Elisabeth Badinter : « La collusion du relativisme culturel et du différentialisme fut dramatique et contribua à la remise en cause de l’universalité des droits de l’homme ». L’obscurantisme gagne du terrain. Aujourd’hui, les grandes marques pour des raisons mercantiles, lancent une nouvelle mode pour les femmes voilées. Il est temps de dire NON, de boycotter, de dénoncer, de se remettre en question. Parce que c’est une guerre aujourd’hui que nous vivons, une guerre entre les valeurs universelles et les fanatismes en tout genre. Et que j’ai choisi mon camp définitivement.

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