Politique

Abou Hafs persiste, signe et accorde une interview à une chaîne d’athées marocains

Le théologien Abdelawahhab Rafiqi, alias Abou Hafs a encore franchi une nouvelle étape dans sa quête d’émancipation idéologique. Il vient d’accorder une interview à une chaîne sur Youtube d’athées marocains intitulée « Kafir Laghribi ».

Rien que le fait de discuter avec des personnes non croyantes en dit long sur son esprit d’ouverture et de tolérance. Ce qui n’est pas le cas de bon nombre de Salafistes qui n’ont pas cessé de l’attaquer et d’essayer de le discréditer, allant même jusqu’à le menacer de mort. Tout cela parce que Abou Hafs a préféré donner la primauté à la raison et a exprimé des positions qui sont à contre-courant du conservatisme ambiant et du dogmatisme.

Abou Hafs se défend d’avoir entrepris ses révisions idéologiques pendant son long passage par la prison. « J’ai commencé à réfléchir à ces questions bien avant ma détention. Celle-ci m’a donné l’occasion d’approfondir mes recherches et de diversifier mes lectures », dit-il.

Pour lui, les salafistes ont fait un véritable hold-up sur la religion et contribuent de manière systématique à détruire l’Islam, qui doit être perçu comme une somme de valeurs spirituelles et morales et non pas un ensemble de textes figés ayant trait uniquement à des contextes bien particuliers. Ainsi l’ouverture de l’Islam sur les valeurs universelles n’est pas forcément une référence occidentale, puisqu’elle est avant tout un effort de civilisation auquel a contribué l’humanité entière. C’est pourquoi, il faut distinguer, dit-il, entre l’islam pur et l’islam historique et entre l’islam politique et l’islam révélé. Aussi, toutes les législations se rapportant aux transactions commerciales, aux affaires pénales et à la gestion ne peuvent se référer à la religion, puisque celle-ci se contente d’indiquer les orientations générales et la méthodologie pour faire évoluer les lois en interdépendance avec les réalités sociales du moment.

Et pour étayer ses thèses, Abou Hafs prend l’exemple de la question de l’héritage pour dire que les dispositions ont été puisées de ce qui se présentait comme le meilleur à l’époque. Les femmes étaient considérées comme des objets qu’on héritait dans des endroits et dans d’autres on leur attribuaient la moitié. Donc, l’islam a pris ce qui est plus en avance en vue de le développer ultérieurement.

C’est aussi le cas de l’esclavage qui n’était pas à l’époque pointé du doigt et contesté. Or, l’islam a présenté des dispositions qui étaient plus évoluées notamment pour l’affranchissement des esclaves.

Ces positions buteront encore sur le roc du dogmatisme et provoqueront certainement des réactions virulentes de la part de milieux salafistes radicaux. Mais, Abou Hafs préfère réfléchir et faire évoluer la pensée islamique.

T.J.


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