OPINION DU WEB

Récit d’un harcèlement de rue… se terminant au poste de police!

Voici le témoignage d’une jeune citoyenne marocaine qui raconte, ce qu’elle a vécu à Rabat. Une histoire qui est loin d’être un cas isolé.

Hier, je sortais d’un rendez-vous au centre-ville de Rabat et je marchais sur l’avenue Mohammed V, en direction de Bab El Had… Comme à chaque fois, un monsieur, la cinquantaine ou plus, décide de me talonner. Mes tentatives de le semer (oui nous sommes en guerre) ne marchent pas et il finit par m’aborder au moment où je m’apprête à traverser l’avenue Hassan II vers Bab El Had :

«- Bonjour !
– Bonjour !
– … Bonjour… Je vous connais a Sidi ?
– Non, mais on va se connaître…
– Allah ikhellik a Sidi, passez votre chemin (beddel sa3a b oukhra), je ne vous connais pas et je n’ai pas envie de vous connaître…»Je traverse la rue en pleine circulation… Il me suit… : «Stp khti aji, je t’invite à un café… 3afak a zine, aji m3aya…Makayen mouchkil net3arfou…»

Tout ça pendant que moi je faisais non de la tête en tirant une gueule que mes amis connaissent et redoutent…


L’animal me suit (voyez le culot !) jusque devant le poste de police de Bab El Had, sans se soucier une seconde des policiers devant… J’ai trouvé cela tellement culotté que je me suis arrêtée au niveau des policiers et j’ai dit : «allah ikhellikoum ila ma choufou m3a had siyeed, rah kaytherrech bia men 9bayla» (svp, faites quelques chose, ce monsieur me harcèle depuis tout à l’heure).

L’animal a essayé de fuir, mais les policiers l’ont rattrapé et l’ont traîné au poste…
Ils lui ont demandé sa carte d’identité et m’ont demandé (incrédules) si je voulais porter plainte. Le gars a osé sortir une carte professionnelle… C’était un caïd… Ils l’ont engueulé et lui ont demandé sa carte d’identité.
Je vous épargne les détails, mais pendant plus d’une heure lui a tout essayé pour que je lui«pardonne» et les policiers ont essayé de me dissuader de porter plainte, sous prétexte que c’était contraignant pour moi et que j’allais devoir aller au commissariat et ensuite devant un juge… qu’il avait des enfants (really ?)…

J’ai dit que j’insistais pour aller jusqu’au bout. Je leur ai dit plusieurs fois de faire leur boulot, d’arrêter d’essayer de m’amadouer et qu’ils étaient là pour me protéger et non pour le protéger lui. Quant au «statut» de l’animal en rut, j’ai expliqué que quel qu’il soit, rang ou tout autre chose, il n’avait absolument aucun droit d’aborder une femme dans la rue comme il a fait.. Que la rue n’appartenait pas aux seuls hommes et qu’il était temps que ce harcèlement de toute femme qui «ose» marcher dans la rue cesse. Bref, chaque fois que les policiers ont essayé de me faire changer d’avis, j’ai opposé des arguments légaux ou de bon sens.

Plus d’une heure après, j’ai insisté pour que tout soit consigné, y compris le nom et la CIN de l’animal, dans le registre du poste et je leur ai fait écrire que je renonçais à le poursuivre pour le moment (non sans regret).

J’ai dit (à très haute voix) à l’animal que je renonçais pour l’instant à le poursuivre, que j’aurais pu aller loin, devant un juge, au ministère de l’Intérieur, non pas parce que j’en avais la possibilité, ou que je connaissais des gens «haut placés», mais parce que je suis une citoyenne qui peut faire valoir son droit de marcher librement dans la rue sans être harcelée. Je lui ai dit qu’il devait se faire soigner parce que c’était un pervers et que sa mère, ses sœurs, ses filles et sa ou ses femmes ont subi et subissent au quotidien ce qu’il m’a fait.

J’ai quitté le poste en disant que j’allais en parler sur les réseaux sociaux… Les flics m’ont supplié de ne pas le faire :

– bla chouha a Madame…
– ina chouha? c’est mon droit», leur ai-je dit.. nous sommes dans un    pays de droit, non ? … Pas de réponse…

Cela dit, à aucun moment ils ne m’ont manqué de respect ou ont eu un mot mal placé à mon égard… Au contraire, jusqu’au bout, ils ont été de mon côté… Mais ils n’étaient quand même pas très à l’aise avec l’idée que je puisse aller jusqu’au bout. C’est pour ça que…

Leçons à retenir:
– Ne jamais hésiter à faire valoir son droit de marcher sans être harcelée dans la rue.
– Les flics ne prennent pas le harcèlement au sérieux… Il faut insister…
– Ce que j’ai fait n’est pas un exploit. Toutes les femmes doivent faire pareil.
– Il n’y a pas de mal à être une femme.
– Plus jamais je ne me laisserai abattre par ce sentiment d’impuissance à devoir marcher dans la rue et être à la merci des animaux en rut.

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